Les meilleures bandes originales de 2013
Inside Llewyn Davis
La musique d'Inside Llewyn Davis est produite par T Bone Burnett, qui déclarait au micro de <em>Première</em> que les frères Coen avaient <strong>"un contrôle total du matériau"</strong> de la musique d'<em>Inside Llewyn Davis</em>. Ainsi Joel et Ethan ont demandé à Burnett d'utiliser des chansons de Dave Van Ronk, le chanteur folk bien réel qui a inspiré le personnage de Llewyn (Oscar Isaac). Et les acteurs jouent eux-mêmes les titres, utilisés dans le film de façon complète, sans aucune coupure - Justin Timberlake et Carey Mulligan chantent notamment un joli <em>Five Hundred Miles</em> (reprise en France par Richard Anthony, <em>J'entends siffler le train</em>). Au-delà de son look hivernal, la BO d'<em>Inside Lewyn Davis</em> est incroyablement belle, avec ses guitares sèches et ses arrangements chaleureux. Un concert a été organisé à New York fin septembre avec les acteurs, plus des gens comme Joan Baez, Patti Smith ou Elvis Costello. Rien que ça.<strong>Le titre :</strong> Hang Me, Oh Hang Me, joué par Oscar Isaac, qui révèle tout le spleen du personnage.Hang Me, Oh Hang Me by Oscar Isaac on Grooveshark
Jack le chasseur de géants
Le film de fantasy de Bryan Singer est passé complètement inaperçu en salles, malgré toutes ses qualités : mal vendu, trop old school - à l'image de sa bande originale magnifiquement rétro signée John Ottman. Egalement monteur du film, Ottman est un fidèle collaborateur de Singer : la reprise du <em>Requiem</em> de Mozart sur l'ouverture démente de X-Men 2, c'est lui. Avec Jack le chasseur de géants, Ottman se fait plaisir avec un score hyper généreux, héroïque et lumineux, charpenté de superbes leitmotivs, et plein d'entrain (Chase to Cloister, The Battle?). Ce n'est pas pour rien qu'on pense très fort à l'écoute au score de La Rose et la flèche de John Barry.<strong>Le titre :</strong> Jack & Isabelle (Theme from Jack the Giant Slayer). Si cette ouverture triomphante ne vous donne pas une furieuse envie de galoper à l'aventure, consultez.
Lone Ranger : Wanted
Lone Ranger, blockbuster punk maudit de Gore Verbinski, double sa bande originale composée par Hans Zimmer d'un album, intitulé Wanted et enregistré spécialement pour le film et dont les titres - reprises et compos originales - ne figurent pas dans le film. Si le score de Zimmer est extrêmement efficace dans un esprit très très proche de son boulot sur Sherlock Holmes (le Finale qui fait exploser le <em>Guillaume Tell</em> de Rossini), Wanted est, de son côté, suffisamment foutraque et délirant pour se faire remarquer. Mêlant country (Central And Union de Sara Watkins, Lonesome Whistle, reprise par Dave Alvin d'un titre de la légende de la country Dave Williams Sr.), folk (Shane McGowan des Pogues reprend le traditionnel Poor Paddy On The Railway), rock bourrin (Holy Water par Ben Kweller), Wanted est une sorte de cousin bourgeois de la bande originale de Des hommes dans loi, mais tout aussi dégénéré. Plutôt très cool, donc.<strong>Le titre :</strong> La ballade traditionnelle Sweet Betsy From Pike, produite par Johnny Depp et interprété par Iggy Pop. Rien que ça.
Man of Steel
Face à la réputation écrasante de la musique géniale de John Williams pour les <em>Superman</em> avec Christopher Reeve, Hans Zimmer disait qu'il fallait "se réinventer" face à la "difficulté" de la tâche. Certains n'ont pas aimé le résultat, trop zimmerien (on entend ici les chauve-souris de <em>Batman</em>, là les cors d'<em>Inception</em>), pas assez Superman. Pourtant, le résultat est là. Le score est épique à crever (Look to the Stars, Flight?), d'une puissance de feu phénoménale (quinze batteurs, dont Pharrell Williams) et parfois épuisante - comme si la musique, à l'image de Superman, partait de la terre pour s'élancer dans le ciel. On ne saura trop conseiller de se procurer la version Deluxe de la BO, qui contient six titres supplémentaires dont l'indispensable Man of Steel (Hans' Original Sketchbook), qui dure 21 minutes et déploie toute la force du film de destruction massive de Zack Snyder. Le titre : If You Love These People. Notamment parce qu'on aime bien l'apparition des guitares électriques un peu 90's/americana.
No Pain No Gain
Disciple de Zimmer diversement inspiré (son score de Steamboy est génial, celui de <em>Gangster Squad</em> était très bof), Steve Jablonsky livre une belle et curieuse BO <em>ambient</em> pour le No Pain No Gain de Michael Bay (pour lequel il a déjà signé la musique des <em>Transformers</em> et une de ses plus belles réussites, la BO de The Island) : Jablonsky joue la subtilité et la nuance en contrepoint de l'énorme délire visuellement agressif de Bay avec une musique lente, hypnotique, ensoleillée, aux guitares électriques très 90's. Bien joué.<strong>Le titre :</strong> I'm Big, thème principal et ouverture du film (qui illustre la traque de Mark Wahlberg par le SWAT avec force ralentis).
Les Rencontres d'après minuit
2013 marque les débuts au cinéma du frenchy M83, et ça commence assez fort puisqu'il a déjà signé avec Joseph Trapanese la BO efficace du blockbuster de SF <em>Oblivion</em> de Joseph Kosinski (le réal avait déjà embauché Daft Punk pour Tron L'Héritage) avec Tom Cruise. De son vrai nom Anthony Gonzalez, M83 a aussi composé le score des Rencontres d'après minuit (beau délire onirique arty à la Jean Rollin), et premier film de son frangin Yann Gonzalez. Le score psyché rappelle la cohérence du Virgin Suicides de Air tout en évitant le côté pastiche 70's ou 80's. Avec ses ch?urs enfantins, son ambiance lumineuse et cristalline, la musique des <em>Rencontres d'après minuit </em>brille de mille éclats particuliers. Pourtant, pendant l'écriture du film, "j?ai assez peu écouté de musique et c?est plutôt le plaisir des dialogues, leur propre musicalité, qui a donné naissance au scénario", affirme le réalisateur. Mais cela ne doit pas faire oublier le lien puissant entre la musique et les images du film - qui a d'ailleurs failli s'appeler <em>Juke-Box</em>.<strong>Le titre :</strong> Un nouveau soleil, titre lumineux et glorieux au nom bien trouvé, qui contient tout le bien que l'on pense du score.
Thor : Le Monde des ténèbres
Bonne année pour Brian Tyler, qui a signé la BO trépidante d'Insaisissables et celle d'Iron Man 3. Ayant rappelé à Marvel l'efficacité du leitmotiv sur cette dernière, Brian fut appelé pour remplacer le compositeur initial de Thor : Le Monde des ténèbres Carter Burwell - qui a quitté le job avec pertes et fracas, invoquant des "divergences créatives". Pour l'instant, on ne sait pas à quoi aurait ressemblé le score de <em>Thor 2</em> version Burwell (si tant est que des recording sessions existent), mais Tyler signe là une de ses meilleures oeuvres, qui rappelle aussi bien l'excellente BO des deux premiers jeux vidéo <em>God of War</em> que son score impressionnant sur la série télé <em>Les Enfants de Dune</em> (reprise comme générique de <em>Pékin Express</em> - c'est ça la culture pop). Très classique, mais épique jusqu'à l'orgasme, le score est construit sur une surenchère permanente (l'ouverture Thor : The Dark World, Escaping The Realm?). De très loin, il s'agit de la meilleure BO des super-films Marvel, en tous cas de la plus cohérente.<strong>Le titre :</strong> The Trial of Loki, qui fournit un beau thème pour Loki, sombre et mélancolique.
Le best of des BO 2013
Des guitares sèches de Inside LLewyn Davis à l'héroïsme de Man of Steel, des pulsations obsédantes de Zero Dark Thirty à l'élégie pop des Rencontres d'après minuit, petit tour de platine des meilleures bandes originales de l'année 2013.
Zero Dark Thirty
Poids lourd de la bande originale aussi bien en France qu'aux USA, cinq fois nommé aux Oscars et auteur de la BO de Tree of Life de Terrence Malick, Alexandre Desplat aurait pu la jouer plan-plan pour composer la BO de <em>Zero Dark Thirty</em>. Raté : la musique de film génial de Kathryn Bigelow sur la traque de Ben Laden est démente. Alors que sa musique pour Argo était construite sur le son d'un souffle, le score de <em>ZDT</em> évoque, lui, le compte à rebours funèbre d'un battement de coeur. En s'inspirant du travail du grand Toru Takemitsu sur Ran d'Akira Kurosawa, la partition, faussement simple et minimaliste (l'orchestre comprend douze violoncelles, neuf contrebasses, une vingtaine de cors?), est en réalité complexe et musclée.<strong>Le titre :</strong> Seals Take Off, et sa montée en puissance impressionnante.
The Hit Girls
Carton surprise aux USA et excellente comédie teenage, <em>The Hit Girls</em> est malheureusement passé inaperçu en France. L'histoire, hyper classique, est celle d'un groupe de chant a capella féminin étudiant. Et le soundtrack, composé de reprises interprétées par les actrices du film, est dément - on n'aurait jamais cru pouvoir adorer Party In The USA de Miley Cyrus avant d'entendre la version Hit Girls. Jusqu'à la chanson finale, qui mélange Price Tag, (Don't You) Forget About Me (tiens, tiens), et Give Me Everything de Pitbull, qui est une véritable bombe.<strong>Le titre :</strong> Une battle de chant entre deux groupes - l'un féminin, l'un masculin - autour des thèmes "chanteuses des années 80" et "sexe". Bluffant.Pitch Perfect - Riff Off par class_freak
Cloud Atlas
Composée à six mains par Tom Tykwer et ses compères Johnny Klimek et Reinhold Heil (le trio a également contribué à la musique de <em>Matrix Revolutions</em>), la bande originale de Cloud Atlas a pour mission d'unifier l'énorme construction du film de science-fiction polymorphe et ambitieux des Wachowski et de Tykwer, qui se déroule sur six époques différentes, de 1849 à 2321. Refusant la facilité (pas de leitmotiv associé à chacune des époques distinctes du film, par exemple), la BO est d'une fluidité polyphonique exemplaire et excitante (le morceau épique Won't Let Go, impressionnant). Le piano reste l'élément fondateur de l'album, l'instrument ayant servi à l'élaboration du Cloud Atlas Sextet, mystérieuse partition et personnage à part entière du récit. Soulignant que pour le roman comme pour le film, c'est "la musique avant toute chose". <strong>Le titre :</strong> Difficile d'isoler un titre de ce magnifique ensemble qui mérite d'être écouté d'un bloc, alors va pour l'Opening Title. Intrigant et exotique, le morceau lance le motif de la ligne de cordes frémissante que percuteront de grands moments épiques tout au long du score.
Des guitares sèches de Inside LLewyn Davis à l'héroïsme de Man of Steel, des pulsations obsédantes de Zero Dark Thirty à l'élégie pop des Rencontres d'après minuit, petit tour de platine des meilleures bandes originales de l'année 2013.
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