Toutes les critiques de L'art de la guerre

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Le générique commence comme celui de Casino. Une accumulation de points forment les pixels d'une image télé, et on ne peut s'empêcher d'y voir la métaphore de l'agent secret, individu caché dans un milieu où l'action est à son comble.
    Le soir du nouvel an et de la rétrocession d'Hong-Kong, l'agent Shaw travaille une nouvelle fois pour le Secrétaire Général des Nations Unies. Grâce à deux tours de passe-passe technologique et quatre cabrioles de Kung-Fu, notre James Bond noir parviendra à raisonner sa cible qui reviendra le lendemain à la table des négociations. Peu importe de quelle table il s'agit, peu importe de quel pays, L'Art de la Guerre ne fait pas dans l'humanitaire mais dans l'action. Il s'agit ici de grand spectacle et tout l'attirail du thriller d'espionnage est là pour vous en mettre plein les yeux. Des lunettes caméra aux puces informatiques cachées, des codes informatiques à craquer aux vengeances fraternelles manichéennes, toute la panoplie du genre est là pour notre plus grande jubilation.Wesley Snipes avec sa froideur habituelle et son visage poupon, interprète avec beaucoup de classe l'agent pris dans l'engrenage de la vendetta. Sa camarade de jeu est une chinoise très jolie qui se dévêtira dans le temps réglementaire pour les besoins du scénario - non, pas d'histoire de coucherie explicite avant le mariage chez Sam le puritain.
    Ce grand spectacle cinématographique empruntant à De Palma et à Scorsese assimile tant bien que mal ses références évidentes. La mise en place des dispositifs, des engrenages, la compréhension de ceux-ci, la façon dont les pièges sont déjoués et dont l'homme triomphe en trois coups de boule et deux coups de pied, sont les ingrédients sine qua non de tout thriller d'espionnage. Mais les abus d'effets de style, de cut, de montage des scènes d'action gâchent parfois le plaisir. Il y a un manque d'épure évident qui plongent pendant quelques instants le film dans un irréalisme racoleur et attendu.Pourtant il est toujours intéressant à travers les films du genre, de regarder où en est l'Amérique avec ses peurs profondes. Si à l'époque de Sean Connery, on nous livrait presque de la propagande anti-russes, nombreux sont ceux qui ont constaté que cette évolution suivait les changements de paysage politique. Répondre à ces deux simples questions " Qui sont les méchants ? Quels sont ses adjuvants ? " et " Comment gagne le gentil ? " renseigne alors sur les grandes peurs et grandes certitudes de l'Oncle Sam.Ici encore une fois - comme dans Ennemi d'État, Les Pleins Pouvoirs ou même dans le genre SF Matrix - le méchant c'est l'Etat. La mère patrie a des ratés, comme s'il n'existait plus d'opposants à abattre qui seraient en mesure de relever le défi américain si ce n'est l'Etat américain lui-même, qui se fait sans cesse peur et se trouve toujours la figure d'un citoyen moyen pour se rassurer et se dire que l'homme du peuple, s'il est américain, saura bien sauver le monde de la barbarie.L'Art de la guerre
    Réal. : Christian Duguay
    Avec : Wesley Snipes (Shaw), Donald Sutherland (Douglas Thomas), Anne Archer (Eleanor Hooks), Maury Chaykin (Cappella)
    Date de sortie : 15 Novembre 2000