Première
par Christophe Narbonne
Flaubert écrivait : « Madame Bovary, c’est moi. » Frédéric Beigbeder pourrait sûrement en dire autant de Marc Marronnier, antihéros touchant, irritant, mondain, cabot, maso, séducteur, dont il a couché les mésaventures amoureuses dans le livre éponyme, sans en nier la nature autobiographique. Le principal défi, on l’imagine, consistait donc pour lui à dénicher l’acteur idoine. Le comique Gaspard Proust, même menton en galoche et même dandysme désinvolte, remplit les conditions, et bien davantage. C’est une révélation, face à une Louise Bourgoin qui confirme ses prédispositions pour les rôles de délicieuses effrontées. Directeur d’acteurs compétent, Beigbeder signe, en bon écrivain qui se respecte, un premier film copieusement « littéraire » : les personnages s’expriment par des aphorismes dignes de Guitry (« Les époux dînent, les amants déjeunent »), les références pleuvent (Soljenitsyne, Bukowski), les séquences sont chapitrées... Tout cet héritage, plus drôle qu’encombrant, n’empêche pas Beigbeder de penser en images.En témoignent le brillant prologue (montage accéléré d’une histoire d’amour) ou l’utilisation judicieuse des mémos en incrustation (idée empruntée, entre autres, à Jan Kounen). L’influence de Woody Allen, idole absolue du néo-cinéaste, est, elle, clairement revendiquée dans cette romcom française atypique qui assume les clichés pour mieux les passer à la moulinette de l’absurde. À l’instar d’Alvy Singer (le héros d’Annie Hall), Marc Marronnier personnifie la condition masculine dans sa médiocrité comme dans sa grandeur. Marc Marronnier, c’est nous !
Première
par Damien Leblanc
Pour son passage derrière la caméra, Frédéric Beigbeder met en abyme son propre roman, L'Amour dure trois ans, pensant réaliser là une comédie romantique iconoclaste. Las, le film cède à toutes sortes de tentations qui finissent par ne plus raconter grand-chose.