La muse de Claude Chabrol vient de s’éteindre, à l’âge de 85 ans.
Elle s’est éteinte paisiblement dans son sommeil, a annoncé son fils Thomas Chabrol à l’AFP. Stéphane Audran aura survécu huit ans à Claude Chabrol, son ex-mari, son mentor auquel son nom (un pseudonyme, elle s’appelait en réalité Colette Dacheville) est indubitablement lié pour l’éternité. Avec lui, elle tourna une vingtaine de films parmi lesquels une poignée de chefs d’œuvre : Les bonnes femmes, La femme infidèle, Le Boucher, Les noces rouges, Violette Nozière… Le menton arrogant et les yeux clairs perçants, la voix traînante et le ton cassant, elle incarna avec une rare efficacité l’archétype chabrolien de la bourgeoise froide et cynique.
Il serait cependant injuste de réduire sa carrière à ses rôles chez Chabrol. De Luis Buñuel (Le charme discret de la bourgeoisie) à Gabriel Axel (Le festin de Babette), en passant par Samuel Fuller (Au-delà de la gloire), Claude Sautet (Vincent, François Paul… et les autres), Bertrand Tavernier (Coup de torchon) et Claude Miller (Mortelle randonnée), nombreux sont les grands cinéastes qui ont su tirer parti de sa silhouette éminemment graphique et de son jeu tranchant. Avec Bernadette Laffont, dont elle était l’amie, Stéphane Audran imposa à l’écran une présence singulière, un cachet. On espère le vérifier bientôt sur Netflix dans la version inachevée de The Other Side of the Wind, film mythique invisible d’Orson Welles dans lequel elle fait une apparition.
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