Les frères Boukherma imaginent un film de requin dans les Landes. Malheureusement entre respect du genre et parodie, tout s’annule.
Après le loup-garou des Pyrénées (le très sympathique Teddy, 2020), voici le requin des Landes. Les frères Boukherma poursuivent leur démarche régionaliste se réappropriant des figures identifiées du cinéma de genre nord-américain. Cette délocalisation passe par l’absurde avec le P’tit Quinquin de Bruno Dumont dans le viseur. La province française est envisagée comme un territoire inédit, peuplé d’individus en décalage avec toute norme supposée, dont l’apparent ahurissement distille une poésie comique. Les signaux renvoyés par les premières minutes de L’Année du requin sont ainsi reçus cinq sur cinq. L’intrigue voit une « gendarmette » d’une petite station balnéaire (Marina Foïs) profiter de l’attaque d’un squale pour repousser son départ à la retraite. Seule - ou presque - face à l’incrédulité des concitoyens, Maja se lance à corps perdu dans la gueule du monstre. Ceci posé les cinéastes se retrouvent pris au piège et ne savent plus très bien où mettre les pieds, entre parodie, respect du genre et drame psychologique. A tout prendre, tout s’annule. Les séquences sont ainsi condamnées à se répéter à l’envi. Un passage en force qui dévitalise de l’intérieur un objet devenu carcasse vide. Le requin, animal-prétexte, ne semble donc promis qu’à une mort atroce, victime collatérale de ce film-joujou inconséquent. Quant à Kad Merad, unplugged, il n’essaie même pas de ramer. Un pitch, on le sait, n’a d’intérêt que s’il est converti en scénario.
De Ludovic et Zoran Boukherma. Avec : Marina Foïs, Kad Merad, Jean-Pascal Zadi... Durée : 1h30. Sortie le 3 août 2022
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