Choix n°1 : Pride de Matthew Warchus, avec Bill Nighy, Dominic West...Synopsis : Été 1984 - Alors que Margaret Thatcher est au pouvoir, le Syndicat National des Mineurs vote la grève. Lors de la Gay Pride à Londres, un groupe d’activistes gays et lesbiens décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs en grève. Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide. Le groupe d’activistes ne se décourage pas. Après avoir repéré un village minier au fin fond du Pays de Galles, ils embarquent à bord d’un minibus pour aller remettre l’argent aux ouvriers en mains propres.Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés que tout oppose qui s’unissent pour défendre la même cause.L'avis de Première : Durant la grève des mineurs de 1984 en Grande-Bretagne, un groupe d'homosexuels décide de collecter des fonds. Ostracisés par le puissant syndicat, ils décident d’offrir l’argent à une petit patelin du Pays de Galles. Pour le meilleur et pour le rire. De cette histoire vraie, Stephen Beresford a fait son miel avec des personnages hauts en couleur dont le rapprochement improbable donne lieu à de grands moments de comédie. Parfois, "Pride" joue la facilité de la fiction (la scène disco de Jonathan au milieu des mineurs ébahis, la rupture de Joe avec sa famille), mais il ne perd jamais de vue le fond social et sociétal de son propos, le tout saupoudré d’un humour salvateur. Plutôt classique dans sa forme, le deuxième long métrage de Matthew Warchus (Simpatico, 1999), théâtreux et nouveau directeur de l’Old Vic Theatre, est un feel-good movie très réussi, dans la lignée de "The Full Monty" et des "Virtuoses". Composé de vétérans (Bill Nighy, Imelda Staunton, Paddy Considine) et de nouveaux venus (George Mackay, Ben Schnetzer), l’épatant casting fait toute la force de cette galerie de personnages qui ne cèdent ni au pouvoir de Margaret Thatcher ni à la caricature.Bande-annonce : Choix n°2 : 3 Coeurs, de Benoît Jacquot, avec Charlotte Gainsbourg, Benoît Poelvoorde, Chiara Mastroianni...Synopsis : Dans une ville de province, une nuit, Marc rencontre Sylvie alors qu’il a raté le train pour retourner à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, parlant de tout sauf d’eux-mêmes, dans un accord rare. Quand Marc prend le premier train, il donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, quelques jours après. Ils ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, par malheur, non. Il la cherchera et trouvera une autre, Sophie, sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie.L'avis de Première : Retenu en province après avoir manqué son train, un inspecteur des impôts tombe amoureux d’une inconnue. Le destin contrarie leur second rendez-vous et l’homme finit par épouser une autre femme, qui s’avère être la sœur de la première. Transposez l’argument à New York, choisissez d’en rire et vous aurez un bon Woody Allen. Mais "3 Cœurs" porte en lui le sceau de la psychanalyse – c’est l’histoire d’un acte manqué. Benoît Jacquot ayant l’esprit de sérieux, la passion est ici une force tragique qui brûle tout sur son passage. On connaît la chanson... Sauf qu’encombré d’un script semé de cailloux blancs, le cinéaste en livre cette fois une version assez peu inventive. L’intérêt n’est donc pas dans le déroulement de ce destin dévastateur, encore moins dans la chronique de la bourgeoisie provinciale vue de Paris. Ni même chez les actrices, habituellement muses de Jacquot, qui écopent du coup d’une partition particulièrement ingrate. Non, ce qui sauve le film, c’est lui. Poelvoorde. Ou plutôt son personnage et la manière dont il l’incarne. Un type banal, au charme puissant et à la psyché mystérieuse, qui inspire au réalisateur ses meilleures idées de mise en scène, d’un face-à-face dans un miroir de bistrot à une session sur Skype nocturne et bouleversante.Bande-annonce : Choix n°3 : Sin City J'ai tué pour elle de Robert Rodriguez et Frank MillerSynopsis : Dans une ville où la justice est impuissante, les plus désespérés réclament vengeance, et les criminels les plus impitoyables sont poursuivis par des milices. Marv se demande comment il a fait pour échouer au milieu d'un tas de cadavres. Johnny, jeune joueur sûr de lui, débarque à Sin City et ose affronter la plus redoutable crapule de la ville, le sénateur Roark. Dwight McCarthy vit son ultime face-à-face avec Ava Lord, la femme de ses rêves, mais aussi de ses cauchemars. De son côté, Nancy Callahan est dévastée par le suicide de John Hartigan qui, par son geste, a cherché à la protéger. Enragée et brisée par le chagrin, elle n'aspire plus qu'à assouvir sa soif de vengeance. Elle pourra compter sur Marv...Tous vont se retrouver au célèbre Kadie's Club Pecos de Sin City.Suite du film Sin CityL'avis de Première : Dans "Sin City" la bien nommée, Marv tente de rassembler ses esprits ; un jeune flambeur défie Roark, le sénateur véreux, au poker ; Dwight McCarthy retrouve la perfide Ava Lord ; Nancy Callahan cherche à venger la mort de son protecteur... Il y a neuf ans, Robert Rodriguez était l'un des premiers à expérimenter en indépendant la prise de vues numérique sur fonds verts pour adapter la bande dessinée de Frank Miller. L’expérience a été un succès, même si le bilan artistique a divisé. Aujourd’hui, dotés d’outils encore plus performants, Rodriguez et Miller remettent le couvert avec un résultat similaire, à la fois spectaculaire et discutable. Les familiers de la BD et du film retrouveront sans surprise la plupart des personnages. Seul Johnny, joué avec conviction par Joseph Gordon-Levitt, a été inventé pour l’occasion. Sachant qu’ils travaillaient seuls sur un plateau vide la plupart du temps, les acteurs sont pourtant bien mis en valeur et insufflent par ailleurs une belle vitalité à un film potentiellement confus en raison de sa structure épisodique et morcelée dans le temps. Certains chapitres sont des prequels, comme celui où Eva Green (fracassante) martyrise Josh Brolin, qui reprend le rôle de Clive Owen. D’autres sont des suites, comme celui où Jessica Alba cherche à se venger. Seul Marv (Mickey Rourke), apparemment inaltérable, fait le lien entre le passé et le présent. Faute de liant, le film donne trop souvent l’impression d’aligner les vignettes, laissant au spectateur le soin de reconstituer le tableau dans son ensemble. Graphiquement, c’est très fort, mais en termes de rythme, de mouvement et de continuité, il y a encore des progrès à faire. Autrement dit : trop de BD, pas assez de ciné.Bande-annonce : Les autres sorties de la semaine sont ici