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Le dernier Jack Ryan revient dimanche soir sur France 2.

Juste avant la sortie de The Ryan Initiative, Première avait rencontré son réalisateur Kenneth Branagh, qui sortait de la super-production Thor et a depuis filmé pour Disney la version live de Cendrillon. Changenat de genre à chaque projet, il est actuellement en train de réadapter le classique d'Agatha Christie Le Crime de l'Orient Express. Son film d'espionnage sorti début 2014 sera diffusé demain soir sur France 2

Comment pensez-vous que The Ryan Initiative va être accueilli en Russie ? On s’est posé la question, mais je n’en sais rien, à vrai dire… J’ai essayé au maximum d’éviter les clichés inhérents à ce genre de film, de ne pas faire de généralités sur la Russie. Mon point d’entrée, c’est Victor Cherevin et cette haine qu’il a développée envers les Etats-Unis, dont il condamne la cupidité, les actions en Afghanistan… Tout commence à un niveau individuel, personnel, sans chercher de quelconque polémique. Les autorités russes ont eu l’amabilité de nous laisser tourner dans leur pays, alors qu’ils avaient lu le scénario. J’espère que le film leur plaira, car je compte bien retourner à Moscou un jour… L’avantage, c’est que j’ai les cheveux teints dans le film, donc je pourrai y aller incognito, au pire.

Vous avez toujours quelqu’un qui vous conseille sur le plateau pour les scènes que vous devez à la fois interpréter et diriger ? Oui. La personne qui a longtemps fait ça sur mes films était d’ailleurs l’ancien principal de l’école où j’avais étudié la comédie. Un homme incroyablement direct, qui m’avait auditionné lorsque j’avais 17 ans. Il était d’une franchise parfois brutale, n’hésitait pas à me dire à l’issue d’une prise : « Je ne crois pas un mot de ce que tu viens de dire. C’est pathétique, recommence sinon tu auras honte plus tard. » Jimmy Yuill, un ami acteur de longue date, a pris la relève. Il n’est pas aussi dur, mais ses remarques sont toujours pertinentes.

Vous devez quand même le sentir vous-même lorsque vous tenez la bonne prise d’une scène, non ? La plupart du temps, oui. Mais vous savez ce qu’on dit : on ne termine jamais un film, on l’abandonne. C’est un peu pareil quand vous interprétez une scène. Du coup, j’arrête lorsque j’estime avoir quelque chose de « vrai », car ce sera toujours perfectible. C’est aussi pour ça que j’aime tourner très tôt, dès 8h du matin, quand tout le monde est sur le pied de guerre. Je commençais par les gros plans, qu’on filme habituellement en fin de journée. Mais comme il s’agit d’un thriller, je voulais profiter au maximum de ce moment où les acteurs sont le plus sous tension. Chris, Keira… Ils ont tous joué le jeu sans hésiter.

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C’est vous qui êtes allé chercher Keira Knightley pour incarner la fiancée de Jack Ryan. Vous l’avez convaincue sans problème ? Je ne pense pas qu’on puisse « persuader » un acteur de faire un film. Personne ne tournera un long métrage pour vous faire plaisir. C’est un investissement beaucoup trop important, quelque chose auquel votre nom sera ensuite associé à tout jamais… Si vous ne croyez pas au projet, vous n’allez pas accepter parce qu’un ami vous l’a demandé gentiment. Quand les gens verront le résultat, il n’y aura pas écrit en bas de l’écran : « Je suis désolé, Kenneth m’a supplié de faire ce film auquel je ne croyais pas, c’est pour ça que je suis nul dedans. » (Rires.)

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N’empêche : les comédiens se bousculent pour tourner avec vous. Natalie Portman avait notamment confié qu’elle avait accepté Thor en grande partie pour jouer sous votre direction… J’ai énormément d’admiration pour les acteurs, et je pense qu’ils le sentent. C’est un métier qui requiert un grand courage – même si, évidemment, il n’est pas question d’éteindre des incendies ou de sauver des vies… Mais, à sa modeste échelle, il exige une bravoure peu commune. Natalie en est l’exemple parfait. Je me rappelle qu’elle venait aux répétitions pour Thor alors qu’elle entamait le tournage de Black Swan deux jours plus tard. Je voyais bien qu’elle était stressée par l’ampleur de la tâche qui l’attendait sur le film d’Aronofsky, mais ça ne l’empêchait pas d’être hyper concentrée. Et dès qu’elle avait une minute entre deux répètes, je tournais la tête et la découvrais avec la jambe levée contre le mur, ou en train de faire le grand écart au sol… Ce n’était pas toujours évident pour moi de lui donner des indications dans ces moments-là, mais j’étais au moins convaincu d’une chose : elle allait être formidable dans Black Swan. (Rires.) Je savais aussi qu’au moment de tourner Thor, elle serait d’une souplesse à toute épreuve dans les scènes d’action… Vous l’aurez compris : j’aime mes acteurs. Je suis extrêmement fier de leur travail.
Interview Mathieu Carratier

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Extrait de The Ryan Initiative de Kenneth Branagh, avec Chris PineKeira Knightley et Kevin Costner.