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(...) avec son scénario super affûté qui distribue quinze vannes à la minute, Fatal n’a rien d’un coup marketing. C’est l’oeuvre d’un type inspiré qui a digéré plusieurs décennies de comédie américaine, regardé la télé se griller les neurones de l’intérieur, vu l’industrie du disque sous son profil le moins flatteur et décidé de tout jeter – ses
admirations, ses ricanements, ses dégoûts – dans un énorme shaker pop. Avec un humour épatant de régularité, Youn n’épargne personne, à commencer par lui-même. Rappeurs, chaînes de télé, labels, tout le monde y passe, y compris ceux qui n’avaient rien demandé (Les Enfoirés, devenus « Les Enculés » dans le film). On pense beaucoup à Zoolander, dont Fatal est un peule jumeau bling-bling. S’il n’est pas encore Ben Stiller, Michaël Youn, qui a occupé à peu près tous les postes sur le projet à part la cantine, impose une déconne extrêmement recommandable.
Toutes les critiques de Fatal
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Grandeur et décadence d'un chanteur de rap. Une comédie, drôle et grinçante. Humour idiot, scato et poil à gratter. L'excellente surprise du mois.
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Le trublion canarde tous azimuts le star-system, et c'est plutôt réjouissant malgré quelques lourdeurs.
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Un autre que Michaël Youn se serait probablement empêtré dans cette fable assez mastoc sur les ravages de la notoriété.
Lui en a fait un premier film plutôt bien envoyé. Après avoir gagné sa crédibilité dans le hip-hop en chantant d’excellentes parodies, il signe une comédie satirique sur le rap bling-bling et le show-biz aussi drôle que grinçante. -
Bref, c’est sûrement très con, mais pas forcément idiot, comme quoi, avec un minimum de travail dans l’écriture et en laissant son égo de côté, Michaël Youn démontre un vrai talent de réalisateur et de scénariste. Et dans son double rôle de rappeur et d’enfant de berger (et oui, Fatal est en fait issu de la Savoie !), il se débrouille également très bien comme comédien.
Sans aucun doute la comédie du mois de juin. -
Et Fatal débite des gags sur un rythme effréné. Du gras et du moins gras, l'essentiel étant de tenir une heure et demie à fond. (Bon) morceau choisi : le héros est marié à une cruche blonde du nom d'Athena Novotel, clone franchouillard de Paris Hilton. Satire dans tous les sens : le gangsta rap, la télé trash, l'humanitaire people, voire Michaël « Fous ta cagoule » Youn lui-même (et ses 500 000 exemplaires vendus)... Masochiste comme ces enfants qui cassent leurs propres jouets en riant, Youn accepte même de se faire voler la vedette (dans le scénario et sur l'écran) par un minet de « l'électro-bio », interprété avec un vrai talent burlesque par Stéphane Rousseau. Pas si con, donc...
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On l’avoue : on a ri, beaucoup et souvent, de la nouvelle déconnade de Michaël Youn. Sa satire saignante et pertinente du monde de la musique et des médias prouve que derrière l’as de la provoc’ se cache un auteur inspiré. Ses personnages sont des caricatures hilarantes, il dégaine les vannes plus vite que son ombre, flirte avec le trash sans jamais tomber dans la vulgarité. Peut-être parce que, sur ce coup-là, Michaël a été seul maître à bord : à la fois acteur, réalisateur, scénariste et producteur.
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La première partie est drôle car Youn tape juste : animatrices de télé plus hystériques que nature, entourage prompt à folâtrer avec des mineures (l’ombre de dérives footballistiques récentes passe en piqué), vacheries adressées aux chorales caritatives type Les Enfoirés. La deuxième, plus convenue, se traîne. Il n’empêche : on s’est amusés.
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Quand on va voir Fatal de et avec Michaël Youn, on sait ce qu'on va avoir sur l'écran. Les aventures du rappeur Fatal Bazooka, sujet de nombreux sketchs et clips du comique, correspondent parfaitement à ce qu'on peut imaginer: un exercice entre introspection narcissique et opération marketing luxueuse, parsemé de blagues de potaches souvent navrantes.
Michaël Youn n'hésite pas à mettre les mains dans le cambouis. Un peu trop même car il est de tous les plans et laisse peu exister ses partenaires, Stéphane Rousseau et Isabelle Funaro. Son appétit pour le cinéma tourne à la boulimie pour qui estime que son humour fast-food pèse sur l'estomac. -
Ce mince argument pourrait être prétexte à une comédie amusante si quelqu'un se souciait ici un tant soit peu de ce qui donne au cinéma son existence : des plans, des personnages, de la croyance.
C'est loin d'être le cas, et sous couvert de dénonciation des fausses valeurs, cette parodie au bazooka ne fait que tirer de douteux profits du spectacle vulgaire et désolant qu'elle feint in extremis de dénoncer.
Cela n'est ni moralement ni artistiquement très digne, d'autant que l'inspiration de Michaël Youn, ici comme ailleurs, pille en le tirant vers le bas l'univers déjanté de l'humoriste anglais Sasha Baron Cohen, qui à défaut d'être un modèle de bon goût a du moins le bon goût d'être un modèle dans son genre.
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On voit bien où Youn a voulu en venir, - dézinguer le show-bizz, les modes médiatiques, devenir le Will Ferrell ou le Ben Stiller français -, on voit surtout comment il se crashe, loin, très loin de ses modèles et de ses objectifs. Comme Fatal finissant par admettre qu'il n'est qu'un rappeur imposteur, la mise en scène semble se décomposer dès le premier mouvement d'appareil, subitement consciente de ses limites et de son indigence, trop paniquée et lucide pour oser se réfugier dans l'autosatisfaction. Tout le film est assimilable à une crise d'angoisse géante, passant de la crispation à l'hystérie : humour dosé à la truelle, élan kamikaze des acteurs, à commencer par Youn lui-même, souffreteux comme jamais, dont le visage n'a sans doute jamais été aussi engourdi par la trouille. Signe ultime de ce détraquement généralisé, l'affreux monde parallèle qui sert d'écrin au film (tourné à Montréal), dont le cinéaste lui-même ne semble pas avoir tranché s'il s'agissait d'un Paris de science fiction ou d'une ville américaine qui parle Français (les paris sont ouverts). Le film de la maturité, lui, n'est pas pour tout de suite.
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Entre déluge de marques, triomphe d'un matérialisme baroque, constellation lobotomisée de l'écrin cathodique, avec ses starlettes à baffer, le film tente de tutoyer une espèce de situationnisme. Fonçant tête baissée dans la reproduction radicale d'un espace médiatique qui irait de MTV à NRJ12, Fatal veut faire rire en pastichant à l'extrême l'univers lobotomisé dont il s'inspire. Problème, on le répète, Youn finit par se confondre avec. Devant Fatal, on se marre non par distance vis-à-vis de ce qui est montré, avec la dose de cynisme adéquate qui tente pourtant de percer, mais parce que c'est con et gras. Drôle de médecine, prolongeant la méthode younienne, que cette cure du mal par un plus grand mal, renvoyant son public (et son auteur) à des tendances régressives fières d'elles-mêmes. Rien de scandaleux (pas même cette chorale anti pédophiles façon We are the world) qui dérange ou met son spectateur face à sa propre aberration (tendance Bruno, pourtant pas le top). Juste Michaël Youn tentant lourdement de faire passer son humour de sale gosse. Gonflant, complaisant, contradictoire, mauvais voire limite flippant.