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Plus romancé [que Persépolis], Poulet aux prunes n’en reste pas moins ancré dans le réel puisque Nasser Ali Khan est inspiré d’un grand-oncle musicien, mort dans des circonstances obscures. Satrapi projette dans le film ses obsessions de la perte des illusions et du sens de la vie, sur lesquelles elle greffe une histoire d’amour poignante. C’est sans doute cet aspect qui a conditionné le choix de tourner un long métrage live plutôt qu’animé, le sentiment amoureux ayant, plus qu’un autre, besoin d’être incarné. Aucune image ne peut en effet sérieusement rivaliser avec la présence décalée de Mathieu Amalric ou la beauté grave de Golshifteh Farahani (révélation iranienne de Mensonges d’État et d’À propos d’Elly)... À la fois grotesque et bouleversant, poétique et littéraire, Poulet aux prunes, avec son récit à tiroirs qui mélange les temporalités et refuse l’analyse psychologique, évoque irrésistiblement le cinéma de Jean-Pierre Jeunet.
Toutes les critiques de Poulet aux prunes
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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C’est l’infinie beauté des choses perdues. Terrifiante, débordante, grotesque et sublime à la fois.
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L'histoire a la simplicité d'un conte et la forme d'un mille-feuille, qui troquerait son rectangle contre un cœur.
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Ce mélo passionnant, assumé tel quel par le tandem Satrapi-Paronnaud, se laisse regarder avec beaucoup de plaisir. Tragique par moments, teinté d’humour et d’exotisme oriental, ce Poulet Aux Prunes est absolument délicieux. Régalez-vous!
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Pour raconter l'histoire de Nacer Ali, violoniste fameux dans l'Iran des années 1930 à 1950, Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud font mille détours capricieux, traversent les genres et les styles cinématographiques avec une liberté d'invention exubérante et d'une constante élégance.
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Grand mélodrame hollywoodien à la Minnelli et burlesque façon Chaplin (...) Satrapi et Paronnaud osent beaucoup, réussissent souvent, se plantent parfois.
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La réalisation est inventive, rythmée et rafraîchissante mais, paradoxalement, aussi trop audacieuse et ambitieuse. Elle fait oublier l'histoire, paraît étouffer les personnages au lieu des les sublimer et limiter les acteurs au lieu de les libérer. Le film devient alors une succession d'exercices de style maîtrisés, mais parasitant l'émotion ou le rire qui devrait en découler.
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Très proche par l’esprit du cinéma de Jeunet façon Amélie Poulain, ce premier essai live souffre également d’une direction d’acteurs hasardeuse. Si les vieux routiers s’en sortent plutôt bien, on est parfois irrité par l’aspect grimaçant de certains acteurs, visiblement en roue libre.
Il faut donc attendre la dernière demi-heure pour que le film dévoile enfin sa véritable nature et devienne une belle histoire d’amour. Portée par un souffle romanesque qui emporte tout sur son passage, cette dernière partie plus posée et poétique impose enfin un ton romantique du plus bel effet. On regrette d’autant plus que les auteurs n’aient pas eu davantage confiance en la puissance évocatrice de leur histoire principale, au point de multiplier les digressions inutiles alourdissant plus que de raison un film qui n’en demandait pas tant. Patchwork qui sacrifie parfois au kitsch, Poulet aux prunes aurait gagné à être plus cohérent, mais s’avère un spectacle agréable tout à fait recommandable. -
Poulet Aux Prunes est agréablement cuisiné : sur le ton de la fable romantique et humaniste, il dégage un doux fumet de nostalgie et nous promène dans un Téhéran de carte postale. (…) Dommage que le scénario à tiroirs finisse par diluer l'émotion.
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On reconnaît les ingrédients de la vie, le burlesque et le tragique, la beauté et la contrainte, mais la vie elle-même a du mal à se faire sentir. On croirait lire la recette de Poulet aux prunes sans pouvoir savourer le plat.
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Loin de l'équilibre de l'ouvrage, entre malice et recueillement, le film se noie dans son propre luxe de décors et sa surabondance d'effets explicites.
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Chaque idée graphique fait posture et annule la précédente. Tout sonne terriblement faux, des costumes d'époque aux volutes de fumées, dans ce film étouffé par son artificialité revendiquée. Non qu'il faille condamner ce geste esthétique en soi : il a généré de nombreux chef d'œuvres mélodramatiques, chez Douglas Sirk notamment. Joann Sfar lui-même, pourtant lui aussi venu de la BD, avait réussi avec Gainsbourg à faire de son patchwork visuel un portrait consistant de l'insaisissable Homme à la Tête de Chou.
Mais Satrapi, en filmant ses personnages-figurines comme des hommages au cinéma ou des motifs visuels, perd ce qui faisait la force et la singularité de son dessin épuré dans Persepolis. Contrairement à son héros Nasser, la réalisatrice échoue à capter le souffle de la vie. Même son humour, si ravageur dans ses romans graphiques, semble ici mis sous cloche. Dommage.
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Prisonnier de son esthétique de papier glacé, le film - succession de vignettes orientalistes ultraléchées - asphyxie ses acteurs, épinglés comme des papillons dans un monde vieillot surdessiné et sous cloche, anticinématographique au possible.