Première
par Christophe Narbonne
Le nouveau film d’Asghar Farhadi fait le job. Sans plus.
C’est une constante à Cannes : on attend trop des « clients » du Festival. Alors, quand ils se ratent (Loach, Assayas, Penn) ou quand ils se caricaturent (Dolan, NWR), on se sent comme trahis. Ce n’est pas le cas du nouveau Farhadi qui appartient plutôt à la catégorie de ceux qui récitent leur leçon avec application mais sans étincelle (Dardenne, Mendoza). La première séquence est à cet égard édifiante : on y voit un couple quitter précipitamment son immeuble en train de s’écrouler sous l’effet d’on se sait pas trop quoi (séisme ? travaux ?). Partant de là, Farhadi file la métaphore du délitement amoureux qu’un événement dramatique (un viol qui ne dit pas son nom et qu’on ne verra pas) va mettre en lumière. Le choix de faire des deux protagonistes des acteurs en train de jouer Mort d’un commis voyageur -une tragédie de l’échec- achève d’établir les enjeux dramatiques avec un peu trop d’évidence.
Efficace, à défaut de surprenant
Asghari Farhadi n’est cependant pas le premier venu. Le réalisateur d’Une Séparation et du Passé a l’art de créer le chaos dans des espaces fermés et des ambiances feutrées. La montée en puissance du drame est savamment orchestrée et passe par une interprétation intéressante du sentiment de vengeance. Obsédé par l’honneur de sa femme, le héros va ainsi s’approprier le malheur de celle-ci et vouloir, malgré les réticences affichées de la jeune femme, faire payer le coupable. Une fois qu’il arrivera à mettre la main dessus, le mal sera déjà fait : son intransigeance et son égarement auront sans doute eu raison de son couple. C’est assez touchant et en même temps prévisible. L’intrigue manque de ces points de suspension qui faisaient le prix d’Une Séparation, comme en témoigne le dernier plan qui n’atteint pas l’effet de sidération escompté.
Première
par Christophe Narbonne
La première séquence du Client est édifiante : on y voit un couple quitter précipitamment son immeuble en train de s’écrouler sous l’effet d’on se sait pas trop quoi (séisme ? travaux ?). Partant de là, Farhadi file la métaphore du délitement amoureux qu’un événement dramatique (une agression sexuelle qui ne dit pas son nom et qu’on ne verra pas ; comme toujours chez Farhadi, l’intrigue se construit autour d’un climax hors-champ) va mettre en lumière. Le choix de faire des deux protagonistes des acteurs en train de jouer Mort d’un commis voyageur -une tragédie de l’échec- achève d’établir les enjeux dramatiques avec un peu trop d’évidence. Asghari Farhadi n’est cependant pas le premier venu. Le réalisateur d’Une Séparation et du Passé a l’art de créer le chaos dans des espaces fermés et des ambiances feutrées. La montée en puissance du drame est savamment orchestrée et passe par une interprétation intéressante du sentiment de vengeance. Obsédé par l’honneur de sa femme, le héros va ainsi s’approprier le malheur de celle-ci et vouloir, malgré les réticences affichées de la jeune femme, faire payer le coupable. C’est assez touchant et en même temps, une fois n’est pas coutume, un peu prévisible. L’intrigue manque de ces points de suspension qui faisaient le prix d’Une Séparation, comme en témoigne le dernier plan qui n’atteint pas l’effet de sidération escompté. Christophe Narbonne