Toutes les critiques de Gaspard va au mariage

Les critiques de Première

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    Le film commence comme le dernier Klapisch : le fils préféré revient au bercail où il retrouve sa sœur et son frère qui ont géré l’affaire familiale en son absence. Certes, un zoo remplace le domaine viticole, le père n’est pas mort et Gaspard est célibataire mais la photo d’ensemble est à peu près la même. Il s’agit dans les deux cas de faire le deuil de l’enfance et d’entrer de plain-pied dans l’âge adulte. Adieu à la binarité du monde, place à la complexité des rapports humains qu’incarne avec humour et vitalité Laura, jeune femme rencontrée par hasard dans le train à qui Gaspard va proposer de jouer sa copine le temps du mariage de son père. Ce personnage déconcertant (auquel l’étonnante Laetitia Dosch prête sa nature spontanée) sert à Cordier de révélateur de sévères dysfonctionnements familiaux, au premier rang desquels la relation quasiment incestueuse entre Gaspard et sa petite sœur, Coline. Cette dernière, qui se prend pour un ours (!), est caractéristique de l’univers d’Antony Cordier (Douches froidesHappy few), moraliste contrarié qui aime filmer la normalité en train de se lézarder sous les coups de pulsions incontrôlées –ou inattendues. On peut lui reprocher une tendance trop nette à organiser le chaos à travers ses portraits acérés et à chasser in fine toute ambiguïté. Malgré cela (ou en dépit de), Gaspard va au mariage suscite plus de trouble et d’interrogations que de nombreux films d’auteur métaphysiques où le non-dit est érigé de fait en mystère.