Toutes les critiques de Dunia

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    Avec son sujet grave (l'excision) et son contexte particulier, on s'attend à une chronique sociale édifiante. Pas ici, où l'excision est d'abord métaphorique (...) Son film remet en cause la répression du plaisir et l' enfermement de la féminité dans les sociétés arabes, tout en ouvrant les yeux sur la richesse d'une culture trop facilement réduite à ses expressions intégristes.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Partant d'une histoire d'amour haute en couleur qui plonge dans une culture égyptienne tourbillonnante, Dunia de Jocelyn Saab s'accommode avec intelligence des contraintes de la censure pour offrir au spectateur un voyage dynamique et sensuel.
    - Lire l'entretien avec Jocelyn Saab à propos de Dunia.Comment une femme enfermée dans les traditions arabes peut-elle étudier et comprendre le sentiment amoureux ou encore utiliser et ressentir un corps, qu'elle dit ne "jamais avoir vu" et dont elle est privée de sa partie la plus intime ? Partant de cette interrogation, Jocelyn Saab construit un récit habile qui essaye de se présenter comme une simple histoire d'amour aux tons flamboyants dominés par la couleur rouge. Cet esthétisme, un peu kitsch mais parfaitement assumé, permet de placer son récit du côté de la légèreté tout en lui impulsant un vrai dynamisme. Ainsi, Dunia, attirée par le fascinant Dr Beshir (incarné par Mohamed Mounir, dit "la voix de l'Egypte"), un homme de lettres séduisant mais beaucoup plus âgé, accepte-t-elle de se marier avec un jeune homme qu'elle connaît peu mais qui, pense-t-elle, lui offrira une certaine liberté. Caché derrière cette apparente simplicité, le film se drape des apparats du premier degré mais aussi d'une touche de réalisme urbain qui n'oublie pas de mettre en valeur la jolie lumière du Caire. A cet égard, les plans tournés en extérieur (en particulier les scènes d'ouverture et du mariage sur le pont) et pris sur le vif ont le mérite de la fraîcheur et nous placent en observateurs privilégiés de l'activité fourmillante de la ville.Une culture riche qui devient instrument de libération
    Mais, si tous ces ingrédients tendent vers la légèreté, ils n'en cachent pas moins un sous-texte beaucoup plus subtil. La force du film est de ne jamais s'opposer frontalement à la tradition. Pas de discours théorique, forcément choquant pour cette partie du monde, ni de pathos exacerbé ou larmoyant à l'adresse d'un Occident vite condescendant sur certains sujets. Au contraire, Jocelyn Saab s'appuie sur les forces et charmes de la culture égyptienne : la poésie soufie, la littérature, la musique et surtout la danse. Elle fait preuve d'une réelle sensibilité pour capter la beauté qui en émane, notamment grâce aux plans-séquences très réussis qui soulignent l'éveil des sens de l'héroïne via les différentes formes artistiques qu'elle découvre. Tout en suggérant les conséquences de certaines pratiques traditionnelles, elle parvient à magnifier la richesse d'une culture qui ne se trouve donc pas réduite à quelques clichés (excision, condition des femmes), aussi réels et terrifiants soient-ils d'un point de vue occidental.Plongée dans cette culture égyptienne tourbillonnante, Dunia s'enivre en découvrant des sensations qu'elle ne pouvait imaginer. Et, par ces sensations apprivoisées, réussit l'éducation de ses sens atrophiés dès le plus jeune âge. C'est donc un vrai spectacle "sensuel" auquel nous sommes conviés, où la démonstration est légère et aérienne comme un cours de danse, subtile comme un poème finement ciselé, agréable comme une chanson d'amour. Dans cette capacité à faire passer du "fond" en s'appuyant sur la forme, Dunia est une réussite qui mérite une attention toute particulière.Contourner la censure...
    Et si l'information selon laquelle 97 % des femmes égyptiennes sont victimes d'excision a du être retirée dans ce pays du générique final, le film, malin, trouve néanmoins un avantage à ne pas heurter une censure omniprésente là-bas. Ces multiples interdits l'obligent à une plus grande finesse et à quelques ellipses qui contribuent à lui donner une certaine grâce. Cette histoire d'amour simple, mais dense, qui intègre des éléments bien réels, tels que l'interdiction des Mille et une Nuits pour... pornographie (!?), devient alors une caresse d'apparence inoffensive dont la force subversive s'inscrit durablement dans les esprits.Dunia
    Un film de Jocelyn Saab
    Avec : Hanan Turk, Mohamed Mounir, Mohamed Mounir
    Egypte, 2005 - 110 mn
    Sortie en salles (France) : 6 septembre 2006
    Sur Flu :
    - Lire l'entretien avec Jocelyn Saab à propos de Dunia.
    - La bande annonce de Dunia dans Ecrans, le blog cinéma
    - L'annonce de Dunia dans Ecrans, le blog cinéma
    - Voir les fils sorties de la semaine, sorties salles, bande annonce sur Ecrans, le blog cinémaSur le web :
    - le site officiel du film