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Couronné par quatre Oscars, Le Discours d’un roi, diffusé ce soir, vendredi 17 février 2012 à 20h55 sur Canal +, a été le film événement de l’année dernière. Son scénariste, septuagénaire, songeait à cette histoire depuis son enfance.

Couronné par quatre Oscars, Le Discours d’un roi, diffusé ce soir, vendredi 17 février 2012 à 20h55 sur Canal +, a été le film événement de l’année dernière. Son scénariste, septuagénaire, songeait à cette histoire depuis son enfance. George VI, le père de la reine Elisabeth II, était bègue et le micro son ennemi. Malheureusement pour lui, dans les années 30, c’est par la radio que le roi s’adresse à ses sujets et doit leur annoncer, en 1939, l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne. Le Discours d’un roi revisite la grande histoire par la petite, le combat et la victoire de George VI contre son trouble du langage. L’émotion est au rendez-vous, l’humour aussi. Quatre Oscars (Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario et Meilleur acteur pour Colin Firth) ont couronné ce petit bijou cinématographique en 2011.Sans le scénariste David Seidler, 74 ans, nous n’aurions pas eu vent de ce récit. Juif anglais ayant débarqué aux Etats-Unis avec sa famille aux premiers jours du conflit contre le Reich hitlérien, Seidler porte ce scénario depuis l’enfance, lorsqu’il écoutait à la radio les discours du roi. "Enfant, je bégayais, George VI était pour moi un héros, l’exemple à suivre, explique Seidler. Je me suis toujours dit que j’écrirais un film sur lui, sur le fait qu’en surmontant son handicap, il a donné à tous les Anglais le courage de traverser la Seconde Guerre mondiale." Peu de choses ont été écrites sur le sujet car la famille royale ne souhaitait pas que l’on évoque le "bègue royal". Il y a plus de trente ans, Seidler entame des recherches et découvre que le roi doit son salut à un Australien du nom de Lionel Logue. Après avoir été chercheur d’or, créé des clubs d’éloquence et aidé des soldats de la Première Guerre mondiale devenus aphasiques, Logue, qui s’est découvert une vocation d’orthophoniste, va aider George VI, alias "Bertie", à corriger son élocution.En 1981, Seidler a retrouvé un des fils de Logue. Celui-ci a accepté de lui confier les carnets de son père relatant ses séances d’orthophonie avec Sa Majesté, à une condition : ne pas les utiliser sans avoir l’aval de la reine mère. "Je lui ai écrit, précise Seidler. Elle m’a répondu que ces “ événements ” étaient toujours douloureux et m’a demandé d’attendre sa propre mort avant de consulter les écrits… J’ai attendu vingt-cinq ans (Elisabeth est décédée en 2002)!"  Seidler se lance dans l’écriture du scénario. Le réalisateur Tom Hooper tombe sous le charme du script, Colin Firth et Geoffrey Rush acceptent d’interpréter les rôles principaux. Et, surprise, six semaines avant le début du tournage, le petit-fils du thérapeute apparaît… avec les fameux carnets. Le document est précis, teinté d’humour, chaleureux. Seidler et Hooper y puisent une foule de détails dont la scène finale du film. Lors du discours qui annonce l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne, le roi, face au micro, ne bégaie plus, mais bute toutefois sur deux ou trois syllabes. Quand Logue le lui fait remarquer, George VI esquisse un sourire et ajoute : "Il fallait bien qu’ils sachent que c’est moi."Uriell Ceillier pour Télé 7 Jours.