Considéré comme le pionnier du cubisme sans pour autant être un peintre cubiste, Fernand Léger demeure cependant l'un des premiers à avoir exposé au public des tableaux à orientation cubiste, après des premières œuvres d'inspiration impressionniste, inventant un style particulier qui explique sa notoriété.Né à Argentan, en Normandie, le 4 février 1881, le petit Fernand Léger se montre déjà très doué pour le dessin. C’est donc tout naturellement qu’il entame, en 1900, une formation dans un cabinet d'architecture parisien, pour se raviser ensuite et se consacrer à la peinture. Si ses premières œuvres sont marquées par l'Impressionnisme, la rétrospective consacrée à Paul Cézanne en 1907, conjuguée à sa découverte des créations de Picasso et de Braque, le bouleverse au point de le faire changer de cap pour s’orienter vers le cubisme, peu avant 1910.Dès 1908, le peintre prend activement part à la vie artistique parisienne, collabore avec Modigliani, Laurens, et Archipenko, et fréquente Blaise Cendrars, Max Jacob, Guillaume Apollinaire et le peintre Robert Delaunay. L’ampleur de l’influence de Cézanne sur Fernand Léger se fait sentir dans son œuvre Compotier sur la table (1909). Influence qui se poursuit à travers Nus dans la forêt (1910). Mais si ce tableau suggère un cubisme « à la Léger », c’est avec La Couseuse (1909) que le peintre normand signe la première œuvre de sa période cubiste, tout en s’éloignant d’un Cézanne peignant à partir des cylindres et des cônes. Ce qui différencie principalement Léger des autres cubistes montmartrois, c’est qu’il préfère au cubisme intellectuel un cubisme visuel, privilégiant un espace idéal où les objets se distinguent les uns des autres tout en étant en interaction, faisant partie intégrante d’un tout cohérent. D’après Louis Vauxcelles, Léger aurait inventé une nouvelle forme de cubisme : le « tubisme ». Son attrait pour le dynamisme, qui reflète bien selon lui le monde moderne, l’amène en 1911 vers l'atelier de Puteaux qu’il fréquente assidûment, et à la Section d'Or, à laquelle il prend part. Hors des sentiers battus intimistes et traditionnels d’un Braque ou d’un Picasso, Fernand Léger choisit de peindre des sujets contemporains, comme Le Passage à niveau en 1912. Il s’essaie à l'abstraction, peint une série de Contrastes de formes (1913), entamée avec La Femme en bleu (1912), où il revient à la couleur vive. Pour Apollinaire, l’art de Fernand Léger est un cubisme orphique, à la recherche constante « d’un équilibre entre les lignes, les formes et les couleurs ».En effet, influencé par le septième art, Fernand Léger s’attellera à faire des recherches in situ, afin de libérer l’objet de tout support, comme en atteste La Joconde aux clés (1930).Durant les années trente, sa renommée traverse allégrement les frontières de l’Hexagone, et il se rend aux États-Unis en 1939, pour donner des conférences sur L'Action de la couleur dans l'architecture à l'Université de Yale. Il y séjournera suffisamment longtemps pour produire la célèbre série des Quatre Cyclistes (1942-1946).Dans la période de l'après-guerre, Fernand Léger se distingue par un travail sur les bas-reliefs polychromes et sur les vitraux comme à l'Église du Sacré-Cœur d'Audincourt dans le Doubs. Côté peinture, il signe Les Constructeurs, considéré comme l'un de ses chefs-d'œuvre.En fin de vie, ses réalisations dénotent d’une joie de vivre, comme en témoignent La Grande Parade sur fond rouge (1953) et la série des Parties de campagne.Il décède le 17 août 1955 à Gif-sur-Yvette dans l’Essonne, sur une propriété achetée juste avant sa mort. Un musée entièrement dédié à son œuvre sera inauguré en 1960.
