La cinquième série dérivée de la franchise nous offre la meilleure saison de la saga depuis des lustres.
"Dieu vous aime". Mais qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Daryl Dixon n'a visiblement pas pris français en deuxième langue au lycée. Alors il sort son petit dictionnaire de traduction, regarde interloqué l'affiche collé sur un poteau de signalisation "Direction Pau / Lourdes", avant de comprendre à voix haute : "God loves you". Bienvenue en France. Bienvenue dans The Walking Dead au pays des bérets.
La franchise horrifique nous dévoile une variante hexagonale dans laquelle Daryl Dixon, parti à la recherche de Rick et Michonne - comme il l'a promis à Judith dans le dernier épisode de la série originale - échoue finalement sur une plage... à Marseille ! Autant dire que sa mission sauvetage n'a pas été une franche réussite. Le voilà désormais à 6000 km du Commonwealth, en territoire totalement inconnu. Heureusement pour lui, les Français sont bien plus doués que lui en langues étrangères et peuvent le guider à travers nos belles régions. Depuis le Vieux Port jusqu'aux Cévennes en passant par le Pont du Gard, le biker va s'offrir un périple touristique en forme de carte postale sauce Mad Max. Sur son chemin, il va croiser quelques survivants pas très aimables, mais aussi une bande de nonnes qui croient avoir trouvé le nouveau Messie, celui qui saura sauver l'Humanité de la fin des temps. Avec Soeur Isabelle et le petit Jésus Laurent, Daryl va donc se lancer dans une vaste excursion en direction du Havre. Pas pour livrer l'élu à Edouard Philippe, mais parce que c'est le seul port du coin encore actif. Et comme c'est sur la route (ou pas), le touriste américain passera par Paris et le Mont-Saint-Michel !
Cette énième aventure zombifique a au moins le mérite d'essayer autre chose. De changer le cadre. De casser les codes. De faire bouger les règles. Jusqu'à faire évoluer les immuables morts-vivants - les "brûlants" comme on les appelle ici - qui calcinent désormais la peau des vivants au simple touché ! Quittant enfin les sempiternelles routes de Georgie ou de Virginie, la production a surtout pris soin de venir filmer sur place, en décors réels. Et la plus-value saute tout de suite aux yeux. Les premiers pas de Daryl dans une France ravagée, dans des paysages de Provence "post-apo" rarement vus à l'écran, ou dans une somptueuse Abbaye Arlésienne du Xe siècle, apportent un vent de fraîcheur salvateur à une saga qui commençait à sentir la putréfaction à force de tourner en rond. Certes, notre perspective est un peu biaisée. On observe à travers un prisme franco-français, un petit sourire au coin des lèvres, la transposition de l'énorme blockbuster ricain dans notre beau pays. Surtout quand tous les personnages s'appellent Michel, Philippe ou Henri et qu'ils se battent avec des baillonnettes, des mousquets et des pistolets à Silex de l'ère napoléonienne...
The Walking Dead : Daryl Dixon chancelle bien souvent vers le ridicule et a parfois des airs de série B. Mais la production est suffisamment soignée, appliquée, consistante, pour éviter le basculement. Elle parvient à tirer le meilleur parti de son tableau gaulois. Elle assume même de parler Français une bonne partie du temps. Elle a aussi su caster des acteurs locaux qui vont avec ces décors minutieux. Et au milieu, le pragmatique Norman Reedus prouve qu'il était globalement le seul acteur de la franchise originale à avoir vraiment du charisme. Avec son flegme et son air de bad boy bougon au grand coeur, il traverse l'Hexagone avec une force indéniable et cet orgeuil du Yankee qui compte bien (encore) sauver la France ! Franchement fun.
Alors évidemment, ce cinquième spin-off ne renouvelle pas le genre de fond en comble et reste dans les clous de Walking Dead. Il y a encore des hordes de zombies cachées dans des entrepôts qu'il faut empaler dans la tête. Il y a toujours des milices de gros bras patibulaires qui font régner la terreur sur les routes, avant de payer le prix de leur cupidité. Et la narration demeure limitée par un manque d'émotion assez criant. Mais cette fois, on est prêt à y revenir. Peut-être à cause d'un patriotisme mal placé ou peut-être parce qu'on a envie de continuer à voir ce que donnerait la France pendant l'Apocalypse. Qu'importe. Cette nouvelle version des zombies réussit à aiguiser notre appétit. Et cela fait bien longtemps que ce n'était pas arrivé avec Walking Dead. Qu'un sang impur de zombies abreuve nos sillons.
The Walking Dead : Daryl Dixon n'a pas encore de diffuseur en France
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