Dans les hautes herbes
Arte

Avec cette minisérie rurale, Jérôme Bonnell mélange les genres et décrit la violence sourde qui se cache parfois derrière les rapports amoureux. 

Si vous avez aimé La Maison des bois (1971), Chère Léa (2021) ou Les Yeux clairs (2005), Première vous conseille la nouvelle mini-série de Arte, Les Hautes herbes. Créée par Jérôme Bonnell, et portée par Emmanuelle Devos, Louise Chevillotte et Jonathan Couzinié, elle arrive en ce jeudi 30 décembre sur le site de la chaîne et sera visible jusqu'en février. Voici notre critique.

Voilà vingt ans que Jérôme Bonnell trace sa route dans le cinéma français, loin des récompenses médiatiques, pour filmer avec talent la complexité amoureuse et les déboires sentimentaux (J’attends  quelqu’un, Le Temps de l’aventure). En passant à la minisérie de 3 x 52 minutes, le cinéaste peut déployer une galerie variée de personnages, pousser plus loin l’implication émotionnelle et mélanger les  genres de manière surprenante. Située en Touraine, l’intrigue des Hautes Herbes dresse le portrait de plusieurs habitants : une femme  vivant seule (Emmanuelle Devos) qui entretient des rapports distants avec sa fille, un couple (Louise Chevillotte et Jonathan Couzinié) qui  accueille pour l’été un garçon dont la mère est hospitalisée, une garde champêtre (India Hair) au caractère entreprenant…

La ronde sentimentale va cependant vite tourner au thriller à suspense (comme dans La Dame de trèfle) quand un travailleur saisonnier disparaît mystérieusement. En évoquant aussi la paupérisation des campagnes depuis la crise financière de 2008 et en racontant la fermeture d’une usine locale, la série se pare d’une dimension sociale et réussit à exacerber les tensions et la colère des protagonistes. L’atmosphère de violence et de dissimulation, souvent filmée à hauteur d’enfant, impressionne et fait découvrir sous un angle à la fois solaire et tragique le travail d’un cinéaste qui recrée, grâce à un casting parfait, l’innocence et la cruauté des contes atemporels.

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