Vous vous souvenez des génériques de Sueurs Froides, West Side Story, Autopsie d'un Meurtre ou Casino ? C'était de lui, Saul Bass. Spécialiste des affiches et des génériques de films, le natif de Los Angeles a travaillé avec les plus grands : Otto Preminger, Robert Aldrich, Alfred Hitchcock, Carol Reed, Martin Ritt, Billy Wilder, John Frankenheimer, William Wyler, Stanley Kubrick, Robert Wise, Gene Kelly, James L. Brooks ou encore Martin Scorsese se sont disputés ses services de 1954 au milieu des années 1990. Maintes fois imité depuis, son style minimaliste et graphique reste reconnaissable entre tous. Bass parvenait à saisir la quintessence du long-métrage en quelques motifs souvent simples et géométriques, volontiers en trompe l'oeil.La série "Blow Up" d'Arte lui rend hommage à l'occasion de la reprise en salles par Carlotta depuis le 30 juillet 2014 de La Mort aux Trousses d'Alfred Hitchcock, dont la copie a été restaurée en format 8 k. Né à New York en 1920, Saul Bass ne s'appelle pas réellement Saul Bass. Son nom est lui-même un trompe l'oeil, puisqu'il a été créé de toutes pièces lors de l'arrivée de sa famille à Ellis Island. Fils d'immigrés bessarabiens (Sud-Est de l'Europe), il a vite été repéré par Howard Hughes et Otto Preminger pour ses talents de publiciste. Il conçoit des affiches, fait des génériques, sert de consultant visuel à Kubrick et Frankenheimer. Collectionneur d'art pré-colombien, lecteur de Freud, Marx et Eisenstein, Bass admire des peintres comme Henri Matisse, György Kepes, ou le graphiste Américain Paul Rand. Moderne, proche de l'abstraction, le générique de Sept ans de réflexion de Billy Wilder semble directement s'inspirer d'une toile du peintre allemand Paul Klee, avec des cases colorées renvoyant à l'échiquier étriqué de la société consumériste des années 1950. L'enseignant-chercheur Alexandre Tylski voit carrément dans le générique de L'inconnu de Las Vegas de Lewis Milestone (1960) un style précurseur du design vidéoludique de PacMan. Bref, Saul Bass fait du cadre souvent conformiste du générique le terreau d'expérimentations aussi radicales qu'incessantes. Un véritable laboratoire artistique où l'on trouve non pas des amuses-gueules, mais des repas entiers, des oeuvres à part entière ou s'invitent voyages mentaux, avant-gardes et politique. A ce titre, Bass n'hésitera pas à créditer dans ses génériques Donald Trumbo, un auteur pourtant blacklisté par le maccartysme.La vidéo de Arte permet aussi de rendre hommage à Elaine Bass. L'épouse de Saul fut en effet sa collaboratrice fidèle et indispensable. Le style du duo s'exprimait notamment dans un rapport harmonieux et étroit avec les partitions musicales d'Elmer Bernstein, Duke Ellington, Bernard Herrmann, Maurice Jarre, Leonard Bernstein ou encore Jerry Goldsmith.
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