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Arte rediffusera ce soir ce thriller très inspiré par Alfred Hitchcock.

Actualité du 19 août 2012 : A l'occasion de la réédition en DVD/Blu-Ray d'Obsession de Brian De Palma, retour sur un film injustement méconnu.
Pas assez cul, pas assez rock, trop calqué sur la partition de Sueurs froidesObsession a longtemps été considéré comme un De Palma négligeable, coincé dans sa filmographie entre Phantom of the Paradise et Carrie, bien plus emblématiques. Aujourd’hui, alors que les trois quarts de l’oeuvre du cinéaste ont pris un coup de vieux sidérant à force d’être pompés de toutes parts (MTV, le cinéma hong-kongais, les révolutions visuelles des 90’s), Obsession, lui, tient toujours la route, à quelques travellings circulaires près. C’est la revanche du vilain petit canard, l’effusion de beauté que personne n’avait su déceler à l’époque, une toile de maître qui prenait la poussière dans un grenier depuis trente-cinq ans. En fait, cet oubli tient surtout à une histoire de contexte. En 1976, Brian De Palma a 35 ans. Comme tout bon cinéphile, il aime Alfred Hitchcock, les plans-séquences et les jeunes actrices agréables à regarder. Se retrouvant dans l’oeil du cyclone après le choc provoqué par la sortie de Phantom of the Paradise, il laisse libre cours à son obsession hitchcockienne et tourne une variation sur le même thème que Sueurs froides, avec la sublime Geneviève Bujold en lieu et place de Kim Novak.

Les films de Brian de Palma classés du pire au meilleur

Obsession fatale ?
Contextualisons encore : en 1976, Sueurs froides n’est pas un classique, encore moins le chef-d’oeuvre officiel de Hitch, mais bien un semi-flop pas spécialement coté à l’argus cinéphile, un objet morbide complètement déconsidéré. Évidemment, voir un jeune cinéaste dans le vent s’attaquer à ce genre de projet n’excite guère. On ne prête donc aucune attention à Obsession et pendant des décennies, personne ne s’en inspire ni ne le cite. « Il faut protéger la beauté », lâche un Cliff Robertson lucide dans une scène clé du film de De Palma. Et c’est précisément ce qui s’est passé ici. Le dédain qu’il a suscité depuis sa sortie en salles a préservé Obsession du poids des ans. Histoire d’amour intemporelle, thriller à twist hors des modes, il mérite, comme Sueurs froides au milieu des 80’s, d’être redécouvert à tout prix au lieu de dormir encore des années dans l’oubli.
François Grelet

Obsession sera suivi d'un documentaire sur le réalisateur à ne pas manquer :

Le documentaire de Noah Baumbach sur De Palma est incontournable