Le cinéaste se confiait sur ses projets dans une master class inédite de 1986.
En quarante ans de carrière, Sergio Leone n’a réalisé que onze films. Parmi ceux-là, quatre sont des coréalisations, dont trois où il n’est même pas crédité (Les Derniers Jours de Pompéi en 1959, Mon nom est personne en 1973 et Un génie, deux associés, une cloche en 1975). Ce qui porte à seulement sept le nombre de films qu’il réalisé en son seul nom, ce qui est relativement peu. Le maître du western italien avait pourtant d’autres projets qui n’ont malheureusement pas abouti. Il en parle dans une master class restée jusqu’alors inédite qu’il a donnée à la Cinémathèque en 1986.
Sergio Leone se confie dans une master class inédite de 1986Leone voulait adapter Voyage au bout de la nuit
Sergio Leone, grand fan de Louis-Ferdinand Céline, voulait adapter Voyage au bout de la nuit. Il n’a pourtant jamais mené le projet à terme. À cause d’autorisations manquantes de la part des héritiers de Céline ? Absolument pas. La veuve de l’écrivain aurait même dit que Leone était le seul à pouvoir adapter l’œuvre de son mari au cinéma ! Pourquoi le projet n’a-t-il donc pas abouti ?
Sergio Leone explique sa réticence à adapter le Voyage, malgré son admiration pour l’œuvre : "J’aimais tellement ce livre et cet auteur que je n’osais pas y toucher". Adapter le Voyage au bout de la nuit aurait obligé Leone à apporter des modifications au texte de Céline, ce à quoi il se refusait catégoriquement. "Je me suis demandé si j’avais le droit de le faire, et la réponse était non", justifie le réalisateur, qui explique qu’"il faut faire des films à partir de mauvais livres, et jamais à partir de chefs d’œuvre".
Sergio Leone n'était pas toujours tendre avec Ennio MorriconeLeone devait tourner un film sur le siège de Leningrad avec Robert De Niro
Au moment de la master class, en 1986, Sergio Leone travaillait sur un projet qu’il avait en tête depuis plus de dix ans : un film sur le siège de Leningrad, durant la Seconde Guerre mondiale, inspiré du livre de Harrison E. Salisbury, The 900 Days: The Siege Of Leningrad. Un des spectateurs présents à la conférence lui demande si Robert De Niro fait partie du casting. Ce à quoi le réalisateur lui répond qu’"il est prévu pour plusieurs rôles". Vous avez dit "plusieurs" ? Le mystère reste entier, le film n’ayant jamais été tourné.
Sergio Leone décrivait le film comme une histoire d’amour entre un caméraman américain et une femme russe pendant le siège de Leningrad. Il avait quelque chose de très précis en tête. On sait même à quoi devait ressembler le long plan-séquence d'ouverture. Cette scène, qui commençait par un gros plan sur les mains du compositeur russe Chostakovitch, en train d’écrire la 7ème symphonie dédiée à Leningrad, devait balader la caméra montée sur hélicoptère dans la ville assiégée.
Sergio Leone décède en 1989, peu de temps avant de signer le contrat marquant le début officiel du projet. Il voulait que Jean-Jacques Annaud prenne les rênes du film si jamais sa santé ne lui permettait pas de le terminer. Le scénario étant loin d’être complet, le réalisateur français n’a pas pu mener à bien le projet, préférant réaliser un film sur la bataille de Stalingrad, sorti en 2000.
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