Tim Burton sur les IA qui imitent son style : "C'est comme si on me volait mon âme"
Abaca/Buzzfeed @Lauren Garafano avec Midjourney

Tout en faisant le point sur l'avancée de Beetlejuice 2, le réalisateur avoue sa crainte face au développement des intelligences artificielles.

Au cours d'une interview dans The Independent, organisée pour parler Beetlejuice 2, qu'il a en grande partie filmé cette année, le créateur d'Edward aux mains d'argent est interrogé à propos d'une série de photos partagée en juillet par Buzzfeed dont le principe est le suivant : et si les films d'animation de Disney étaient réalisés par Tim Burton ? Le problème, c'est que comme pour la version vidéo de Star Wars par Wes Anderson, ces visuels ont été conçus à 100% par une intelligence artificielle.

A partir de sa base de données, très fournie en images du véritable travail de Burton, Midjourney a sur créer des personnages et décors des classiques animés de Disney, à la manière de Tim Burton. "Ils ont utilisé une IA pour créer ma version de personnages Disney !, s'exclame-t-il. Je ne peux pas vous décrire ce que je ressens face à cela. Disons que ça m'a rappelé quand d'autres cultures nous ont dit : 'Ne me prenez pas en photo, sinon vous volerez mon âme.'"

Prenant pour exemple une création d'Elsa, de La Reine des Neiges, recréée toute pâle, avec de grands yeux, évidemment, vêtue d'une robe noire et traversant une sombre forêt, il reconnaît que ce qui participe à l'effrayer dans ces nouvelles technologies, c'est à quel point "certaines créations rendent vraiment bien." "Mais ce que ça fait, c'est que ça aspire quelque chose de vous au passage, ajoute-t-il. Ca vous enlève un peu de votre âme ou de votre esprit ; c'est très déroutant. C'est surtout dérangeant quand ça vous touche personnellement, c'est comme si un robot volait votre humanité, votre âme."

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L'utilisation des intelligences artificielles fait actuellement débat à Hollywood. Pas seulement en ce qui concerne l'utilisation d'images fabriquées "à la manière de...", mais aussi dans d'autres domaines : les patrons de studios peuvent demander à un logiciel d'écrire un scénario à partir d'un roman libre de droit, par exemple. Ce qui retire potentiellement du travail à un véritable scénariste, qui ne sera embauché qu'après coup, pour réécrire certains passages du script à partir de ce qui aura été rendu par l'IA.

Un autre exemple a récemment fait scandale : une figurante de l'une des séries phares de Disney+, WandaVision, a révélé que son corps entier avait été scanné sur le tournage, en costume, afin de pouvoir l'intégrer dans des projets futurs de Marvel. Sans qu'elle n'ait été payée pour cela. Cela signifie qu'en lui donnant un faible cachet d'une journée de figuration, le studio pourrait ensuite réutiliser son image à l'infini pour ses films et séries du MCU. A long terme, après avoir scanné des milliers d'acteurs en costume, la firme se passera-t-elle complètement de figurants pour ce genre de production ?

La question des IA est au cœur des revendications des grévistes. S'ils manifestent pour obtenir globalement des salaires plus justes, la peur d'être remplacés par des robots sur plusieurs tâches clés de la fabrication d'un film ou d'une série fait aussi partie des préoccupations. Ils demandent aux gros studios de cinéma et de streaming d'encadrer ce genre de pratiques, et de les limiter.

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