Steven Soderbergh est-il devenu un grand cinéaste à force d’enchaîner les petits films ?

Cas d’école avec le riquiqui Magic Mike : Dernière Danse, qui vient de sortir en DVD.

A part dans les années 90, quand il était l’un des fers de lance de la révolution indé du cinéma US, on n’a peut-être jamais autant aimé Steven Soderbergh que depuis qu’il enchaîne les "petits" films (dans le bon sens du terme : modestes, carrés, efficaces), sortant directement sur Netflix ou HBO Max. Kimi, No Sudden Move, La Grande Traversée…

Hypothèse : c’est l’empilement de toutes ces œuvres mineures qui conférerait sa grandeur à sa filmo. Quoi qu’il en soit, Soderbergh est le seul réalisateur américain d’importance qui a traversé les diverses avaries industrielles des dernières années (streaming, pandémie, superhéros) sans se faire trop de mouron, s’épanouissant sur les plateformes, adaptant son art et sa manière à la nouvelle donne. Il faut dire qu’il avait de l’entraînement, ayant passé sa carrière à brouiller les pistes entre les médiums et les échelles, présentant un téléfilm en compète à Cannes (Ma vie avec Liberace), s’offrant un carton VOD dix ans après sa sortie en salles (Contagion, méga-hit du confinement)…

Magic Mike : Dernière Danse (troisième volet de la trilogie Chippendale, après un épisode 2 qu’il s’était contenté de produire) devait sortir directement sur HBO Max, mais les projos tests ont été si positives qu’il a également été exploité en salles aux États-Unis, abîmant un peu notre théorie sur le Soderbergh devenu téléaste.

En France, ouf !, Dernière Danse n'est disponible qu’en vidéo, mais le film est si "petit" (dans le mauvais sens du terme : raté, sans jus ni ambition) qu’il renvoie à une définition très "monde d’avant" des sorties direct-to-video. Tellement anecdotique que vous auriez été dégoûté de lui consacrer une sortie au cinéma. Salma Hayek en millionnaire désœuvrée qui flashe sur les abdos de Channing Tatum ? En VOD, allez, ça peut passer…