Gaumont

"J’aime les bonnes répliques de films."

Pour patienter jusqu'à la sortie d'Alerte rouge en Afrique Noire, à l'été 2021, Première s'était replongé dans les répliques des deux premiers opus d'OSS 117, écrites par Jean-François Halin. Nous les repartageons aujourd'hui, à l'occasion de la rediffusion de ces deux comédies sur W9. Attention, elles seront proposées dans le désordre : d'abord Rio ne répond plus, sortie en 2009 au cinéma, puis Le Caire nid d'espion, qui date de 2006.

Quelque chose cloche dans OSS 117 3 [critique]

Retour sur les répliques cultes des deux premières comédies qui suivent l’espion Hubert Bonisseur de la Bath, ce "héros" misogyne, chauvin et paternaliste qui dit tout ce qui lui passe par la tête, quitte à se tourner en ridicule. Si une bonne partie des blagues sont visuelles (chapeau au réalisateur Michel Hazanavicius, d’ailleurs, qui parodie James Bond et les classiques d’Alfred Hitchcock avec brio), les dialogues sont eux aussi croustillants.


 

Hubert aime faire des trucs
"J’aime me beurrer la biscotte." "J’aime me battre." "J’aime quand on m’enduit d’huile." "J’aime le bruit blanc de l’eau…" Comme un enfant, le héros d’OSS commente en direct ce qu’il fait et l’effet de répétition est absolument savoureux.
Ses réflexions envers son meilleur pote lors des flashbacks font également très enfantines, et c'est en partie ça qui le rend attachant malgré tous ses défauts :  "23 à 0 ! C'est la piquette, Jack. Tu sais pas jouer, Jack ! T'es mauvais."

Jean Dujardin : "Le personnage d’OSS est fait pour être décliné"

Hubert aime les femmes
A sa façon ! L’espion multiplie les gaffes auprès de ses conseurs avec un naturel qui laisse pantois. Et qui donne surtout lieu à des dialogues inoubliables. Exemple au cours de cette scène partagée avec Bérénice Bejo :
"- Je n'ai jamais pu refuser quoi que ce soit à une brune aux yeux marron.
- Et si j'étais blonde aux yeux bleu ?
- Cela ne changerait rien vous êtes mon type de femme, Larmina.
- Et si j'étais naine et myope ?
- Et bien, je ne vous laisserai pas conduire. Ça n'a pas de sens."

Ou encore cet échange avec la princesse Al Tarouk, jouée par Aure Atika :
"- Avant de partir sale espion, fais-moi l'amour !
- Non. Je ne crois pas, non.
- Pourquoi ?
- Pas envie..."

L'humour d'OSS 117 est étonnement moderne [critique]

Hubert aime son métier
Il n’y a qu’à le voir violenter l’agent incapable de répondre au message secret : "Comment est votre blanquette ?" ou "charger/décharger" son arme, ce qui a pour résultat d'exciter la princesse. L’espion prend son métier au sérieux. Tellement au sérieux, que ça en devient drôle, car il est en décalage total avec ses interlocuteurs.

Hubert aime son pays
"C'est notre Raïs à nous : c'est M. René Coty. Un grand homme. Il marquera l'Histoire. Il aime les Cochinchinois, les Malgaches, les Marocains, les Sénégalais… c'est donc ton ami. Ce sera ton porte-bonheur." Cliché ambulant et exagéré du Français des années 1950, Hubert parle de sa nation comme personne. Autre séquence très "made in France" :

 


 

Ce sont d’ailleurs ses habitudes de Français, qu’il ne remet jamais en question au cours de ses missions, qui font qu’il a autant de mal à s’intégrer à l’étranger. Au Caire, notamment, il "fait taire le Muezzin", car il a eu le malheur d’appeler à la prière de bon matin, ce qui donne lieu à un malentendu hilarant avec sa partenaire.
"- J'ai été réveillé par un homme qui hurlait à la mort du haut de cette tour ! J'ai dû le faire taire.
- Quoi ?! Vous avez fait taire le Muezzin !
- Ah ! C'était donc ça tout ce tintouin."

Hubert aime les clichés
"- L'idée est que nous travaillons ensemble d'égal à égal. (Dolorès Koulechov jouée par Louise Monot)

- On en reparlera quand il faudra porter quelque chose de lourd."

Ou : "Tu n'es pas seulement un lâche mais aussi un traître comme ta petite taille le laissait deviner !"

Tout au long des deux films, Hubert multiplie les clichés sur les femmes, la politique, la religion… Sans penser que ses propos pourraient blesser ses interlocuteurs, il vanne à tout va. En 2016, avant qu’OSS 117 3 ne soit officiellement lancé, Jean Dujardin s’était d’ailleurs inquiété que ce type d’humour ne soit "plus propice à l’époque que l’on traverse". Le scénariste Jean-François Halin avait alors défendu ses répliques avec intelligence : ''Je crois que les deux premiers OSS 117 contenaient en eux l'antidote aux propos tenus par le héros : par le biais des personnages féminins et grâce à la réalisation de Michel Hazanavicius avec les réactions, les temps de gêne, les silences.'' 

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Mais Hubert n’aime pas les nazis
Parmi les nombreux a priori d’Hubert, il y a ses théories sur les nazis, qui offrent aux films plusieurs passages cultes :
"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."

Puis : "Vous avez bien une amicale des anciens nazis ? Un club ? Une association, peut-être ?"

Et bien sûr l’indignation de son ennemi le colonel Gerhard Moeller (Richard Sammel) :
"C'est marrant, c'est toujours les nazis qui ont le mauvais rôle. Nous sommes en 1955, Herr Bramard, on peut avoir une deuxième chance ? Merci."

Hubert aime l'histoire et la politique
Hubert aime ça comme il aime les femmes : en n’y comprenant rien. Il n’y a qu’à le voir se remémorer les alliances durant la Seconde Guerre Mondiale : 
"- Attendez, c'est lesquels les Chinois qui étaient alliés aux nazis ?
- Les Japonais ?
- Les Japonais, c'est ça. Au temps pour moi. J'avais un embryon de piste, mais non. Si nous avons affaire à des Chinois de Chine, ça ne marche plus. "

Ou vexer son interlocuteur égyptien en lui donnant son point de vue sur l’évolution du pays. "Développement, modernité… si y avait pas les Occidentaux ! On est en 1955, les gars, faut se réveiller. Il s’agirait de grandir." 

 


 

Ou enfin de faire de drôles de reproches à la princesse :
"- Vous êtes bien grossière pour une femme dont le tonton est pharaon.
- Mon oncle, est roi ! Les pharaons régnaient il y a 4000 ans.
- ... Je le sais, ça, hein."

Hubert aime chanter
On termine en musique avec la scène culte où Dujardin interprète "Bambino" en arabe : 

 


 

Le mot de la fin ? "Partons d’ici, la musique est assourdissante !"

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