France 2 diffuse chaque jour à 14 heures un classique du cinéma français. Voici trois secrets que vous ignoriez sur L’homme de Rio.
Alors que Jean-Paul Belmondo vient de fêter ses 87 printemps, le 9 avril, France 2 nous donne l’occasion de le revoir ou de le découvrir dans L'homme de Rio un de ses rôles les plus emblématiques : Adrien Dufourquet, un jeune appelé, qui se lance à la poursuite des ravisseurs de sa fiancée, la fille d’un archéologue réputé. Le comédien a confié dans son autobiographie, Mille vies valent mieux qu’une (éditions Fayard 2016), quelques anecdotes savoureuses sur le tournage de ce film culte.
Belmondo a failli mourir à Brasilia
Faire ses propres cascades, Belmondo en rêve. « Enfant, j’étais un acrobate patenté qui se pendait à la balustrade du cinquième étage ». Gil Delamare devait initialement réaliser les cascades du film, comme pour Cartouche, tourné deux ans plus tôt sous la houlette du même Philippe de Broca, mais il ne voit pas d’inconvénient à ce que l’acteur, sportif et entraîné, se lance ce défi. De Broca, aussi joyeux et déconneur que Belmondo, est d’accord. Le seul qui voit l’affaire d’un mauvais œil c’est Alexandre Mnouchkine, le producteur. Ce dernier le met à l’essai avec un passage d’une fenêtre à l’autre, sur la cime d’un immeuble. Pari réussi! Belmondo enchaîne avec des voltiges de plus en plus impressionnantes « telle la suspension dans un parachute au-dessus d’une rivière infestée de piranhas mobilisés pour me bouffer les orteils ». Et puis, un jour, un câble se cabre… Il est suspendu très haut, « un vide de quarante étages sous moi ». Pourtant, le câble avait été testé le matin-même avec son poids en sacs de sable. « Je n’ai pas peur, mais j’ai mal, raconte Jean-Paul Belmondo dans son autobiographie, Mille vies valent mieux qu’une. Je n’ai pas le cœur à profiter de la vue incroyable que m’offre l’altitude sur cette ville qui sort de terre, Brasilia. » Il s’en sortira grâce à ses abdos qui lui permettent de se tirer lentement sur le filin avant de rejoindre la corniche. Ouf ! « J’ai passé au Brésil mon baptême du feu en tutoyant le vide. Maintenant, je pourrais tout faire. »
Le frère du Président Kennedy en a fait la pub
L’homme de Rio est un immense succès en France. Philippe de Broca y réinvente les aventures de Tintin avec selon Jean-Paul Belmondo, « une innocence et une allégresse réjouissantes ». Mais sa réputation franchit l’Atlantique grâce à un spectateur particulièrement impressionné : le sénateur Robert Kennedy, frère du Président des Etats-Unis, JFK. Bobby avait décidé d’emmener sa femme et ses enfants, dans un cinéma de Washington, voir That Man from Rio, dont le titre sonnait comme celui d’un western. Dès les premières minutes, la petite famille se rendit compte avec angoisse que le film était en français et qu’il serait compliqué pour les enfants de lire les sous-titres. Mme Kennedy sortit donc de la salle pour demander un remboursement de 14,5$. Le caissier refusa, disant que c’était contre la politique de la maison et qu’ils auraient pu se douter que Jean-Paul Belmondo n’était pas un acteur américain. Madame fit appeler le directeur qui ne se révéla pas plus conciliant que son employé. Mais d’arguties en arguties, et devant le patronyme célèbre de la dame, le directeur céda. Mme Kennedy retourna, fièrote, dans la salle chercher son mari et ses enfants qui protestèrent d’un « non, c’est formidable. On veut rester ! On n’a jamais autant rigolé. » Dépitée, elle partit rendre les 14,5$. Le lendemain l’anecdote faisait le tour des gazettes de Washington et lança un bouche-à-oreille formidable sur le film. Rien qu’à New York, L’homme de Rio totalisa 90000$ de recettes. Ce succès emmena l’équipe aux Oscars où le film fut nommé dans la catégorie du meilleur scénario !
Steven Spielberg l’a vu neuf fois
Steven Spielberg l’a reconnu. Le film de Philippe de Broca l’a énormément influencé au moment de l’écriture des Aventuriers de l’Arche perdue. C’est adolescent qu’il a découvert le film français, mélange d’aventures et de cartoon. Il n’existait rien de tel aux Etats-Unis. C’est le cinéma dont il rêve. Dans L’homme de Rio, la scène où le professeur finit par trouver la statuette suivie de la grotte qui s’effondre fait penser à l’ouverture des Aventuriers de l’arche perdue. Il y a également beaucoup d’emprunts divers comme la boule géante. Vingt ans après la sortie des Aventuriers, en 2001, Steven Spielberg se fend d’une lettre au réalisateur français. « Spielberg, confie Jean-Paul Belmondo, écrira à Broca qu’il l’a regardé neuf fois ». Tout en modestie, Philippe de Broca a répondu au cinéaste américain qu’il devait tout à Hergé !
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