Devery Jacobs critique Killers of the Flower Moon
Backgrid USA/Bestimage/Paramount

La star de la série Reservation Dogs explique sur X pourquoi elle considère ce film comme “douloureux”.

L’actrice Devery Jacobs, un des rôles principaux de la série Reservation Dogs, créée par Taika Waititi et Sterlin Harjo, a développé sur son compte X (anciennement Twitter) son point de vue sur le nouveau film de Scorsese, Killing of the Flower Moon

Etant native, regarder ce film a été un putain d’enfer. Imaginez les pires atrocités commises contre vos ancêtres, puis devoir s’asseoir devant ce film, entièrement alimenté par ça, et dont le seul répit est une scène de 30 minutes d’assassins blancs planifiant les meurtres”, décrit-elle au début de son thread. Malgré la virulence de ce premier post, elle ne cède pas à la critique gratuite et développe son point de vue.

Elle salue notamment la performance de Lily Gladstone et de tous les acteurs natifs-américains présents sur le film : “On doit reconnaître que Lily Gladstone est une légende absolue et qu’elle porte Mollie avec une grande grâce. Tous les incroyables acteurs indigènes ont été le seul facteur louable de ce film. Donnez à Lily son Oscar.” Puis elle reprend son analyse en expliquant que “si on regarde proportionnellement, chaque personnage Osage est douloureusement sous développé, alors que les hommes blancs ont bénéficié de plus de courtoisie et de profondeur”.

Elle soulève donc un point intéressant du débat, qui est celui de la représentation d’une minorité, de son histoire (surtout si celle-ci s’est écrite dans la violence) et de qui la représente. Quelques semaines plus tôt, Lily Gladstone, la star du film, précisait que ça n’était en aucun cas un film de “sauveur blanc”, ni un western et qu’elle exprimait ses réserves quant à la série Yellowstone avec Kevin Costner.

Devery Jacobs repose cette fameuse question de la représentation et de la légitimité : “Maintenant, je peux comprendre que la direction technique de Martin Scorsese est convaincante et que 200 millions de dollars à l’écran ça donne un spectacle. Je comprends que le but de cette violence est d'ajouter une effet de choc qui force les gens à comprendre les véritables horreurs qui sont arrivées à cette communauté, MAIS… [...] Au contraire, je crois qu’en montrant à l’écran davantage de femmes autochtones assassinées, cela normalise la violence commise contre nous et déshumanise davantage notre peuple”, nuance-t-elle. 

L'actrice touche du doigt le nœud du débat : représenter l’horreur vécue par les Osages est une manière de la rendre publique et de rétablir la vérité mais cela continue de véhiculer un portrait des natifs-américains comme victimes et risque de les réduire à cette image. 

Elle résume toute cette dualité dans un autre post de son thread : “Je n’arrive pas à croire que cela soit nécessaire de le dire mais, les individus Indigènes existent au-delà de notre chagrin, de nos traumatismes et des atrocités que nous avons vécues. Notre fierté d’être natifs, nos langues, nos cultures, notre joie et notre amour sont bien plus intéressants et humanisants que de montrer les horreurs que les hommes blancs nous ont infligées.

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