Jeff Goldblum
20th Century Fox

Nous avions rencontré l'immense acteur pour la sortie d'Independence Day Resurgence.

On ne voit que lui dans Independence Day Resurgence, monument à sa coolitude ironique. Le film de Roland Emmerich parachève surtout vingt années de quête existentielle qui lui ont permis de trouver son meilleur rôle : lui-même.
A l'occasion de la première diffusion en clair de cette suite, dimanche soir sur TF1, nous republions notre rencontre avec l'unique Jeff Goldblum.

 

Notre critique d'Independence Day Resurgence

Il n’y a pas beaucoup d’acteurs avec un capital sympathie aussi fort que le vôtre, Bill Murray est le seul nom que j’ai en tête. Le genre de type qu’on pourrait regarder dans n’importe quoi. Est-ce que vous avez façonné cette coolitude ?
Pas intentionnellement, non. C’est arrivé comme ça, en travaillant sur ma présence… Mais merci pour la comparaison avec Bill Murray. J’ai eu un bon professeur de comédie qui me recommandait de n’imiter personne, de trouver ma voix, ce qui me rendait unique. C’est ça le secret : dans ce métier, il faut se démerder pour être unique. Mais d’autres choses m’ont aidé, comme la musique. Je joue toutes les semaines ici, à Los Angeles. La scène est l’endroit parfait pour se tester et se débarrasser de ce qu’on n’aime pas chez soi. Je crois que j’ai su développer mes qualités, plus que travailler un personnage. 

Depuis quelques années vous tournez moins, vous semblez choisir vos rôles avec plus d’attention.
Parce j’ai le luxe de pouvoir choisir. Ce qui n’est pas rien, j’en suis pleinement conscient. Ce sont mes goûts qui ont dicté ma trajectoire. J’ai fait ce qui me plaisait sur le moment, et puis c’est tout. Pas question de perdre du temps avec des choses qui m’emmerdent, le succès commercial par exemple.

Alors qu’est-ce qui vous a fait accepter Independence Day : Resurgence ?
À part l’argent vous voulez dire ? Non je rigole, je rigole ! Au cours des vingt dernières années, le premier film est devenu culte. En parallèle, je suivais le travail de Roland Emmerich, que je trouvais fascinant. C’est un type formidable et j’ai beaucoup appris de lui sur le premier Independence Day, donc ça m’a forcément donné envie de revenir. Surtout qu’il s’est encore entouré d’un casting formidable. Ah, Charlotte Gainsbourg… Dans Melancholia, Nymphomaniac et Antichrist, elle était incroyable. Je divague mais vous noterez que je l’aime beaucoup hein ? Elle est délicieuse.

Pas de problème, le message est passé !
Bref, Roland et le scénariste Dean Devlin étaient toujours aussi passionnés par cet univers, ils ont travaillé très dur pour écrire un bon script. Et j’aime mon personnage, un scientifique qui a aidé à sauver le monde dans le premier et est devenu le directeur de l’Earth Space Defense, chargée de protéger l’humanité d’une nouvelle attaque. Le rôle a vraiment évolué et gagné en profondeur.

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Vous avez joué dans Objectif Terrienne, L’Invasion des profanateurs, Independence Day et sa suite… Vous avez un problème avec les aliens ?
Je n’en sais rien, je crois que c’est juste une coïncidence ! Je me retrouve dans des films qui m’attirent, qui sont marrants à tourner. Ceci dit je m’intéresse de plus en plus à la science, à l’espace… Pour certains rôles j’ai fait des recherches approfondies. Mon père était docteur, je dois tenir ça de lui. J’admire beaucoup les gens de science, ils me fascinent.

Vous avez fait un sacré chemin depuis votre premier rôle dans Un Justicier dans la ville.
Ouais, 1973 !

Vous jetez parfois un coup d’oeil dans le rétro ?
Tout à fait. J’apprends des tas de choses en regardant mes performances, même longtemps après. Je vais vérifier les prises sur les tournages aussi. Je ne vois pas mes films en DVD par la suite mais je jette un oeil quand ils passent à la télévision. Parfois je suis très critique et j’ai envie de me planquer de honte et parfois, même si je n’étais pas ravi de ma scène sur le moment, je comprends enfin ce que je le réalisateur voulait. Je ne prends rien pour acquis, c’est toujours une aventure. Quand j’étais gamin et que je voulais devenir acteur, je sentais que c’était la voie à suivre, my way. Tant que je suivais ma passion, je savais que ça irait. Et c’est toujours comme ça que je procède aujourd’hui, il n’y a pas d’autre façon de faire pour survivre dans ce métier. Il faut rester passionné, et vivre dans l’instant.

Vous avez participé à plusieurs séries mais vous n’avez jamais eu votre propre show. La télévision est un univers qui vous intéresse ?
Il y a une écriture folle en ce moment à la télévision américaine. Breaking Bad, Better Call Saul… Incroyable. Je pense que je pourrais me laisser tenter si on m’offre quelque chose de croustillant.

Au final, on se souviendra surtout de vous pour La Mouche, Jurassic Park et Independence Day. Ça vous convient ?
Ça me va très bien, je n’ai absolument pas à rougir de ces films. C’est de ça dont les gens se souviennent, ce dont ils viennent me parler dans la rue. Cronenberg, Spielberg, Emmerich. Trois façons totalement différentes de faire du cinéma mais un talent commun. J’ai quand même eu pas mal de bol quand j’y pense…

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