Eric Tolédano : "Après Intouchables, on était obligés de surprendre avec Samba. Omar le premier."
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<strong>Eric</strong> : Quelques semaines avant la sortie ?du film, le stress a commencé de nous gagner et c?est normal. Il faut assumer la pression, sinon autant changer de métier. Le principal pour nous deux, c?est d?avoir été sincères. On ne s?est pas interdit de retravailler avec Omar tout en nous ouvrant à de nouveaux acteurs, d?aborder un registre romantique dans un contexte social qui nous parlait... ?Les cinq jours qu?on a passés dans l?Est nous ont rassurés : le public comme? les journa
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Eric Tolédano : "Après Intouchables, on était obligés de surprendre avec Samba. Omar le premier."
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<strong>Eric</strong> : Quelques semaines avant la sortie ?du film, le stress a commencé de nous gagner et c?est normal. Il faut assumer la pression, sinon autant changer de métier. Le principal pour nous deux, c?est d?avoir été sincères. On ne s?est pas interdit de retravailler avec Omar tout en nous ouvrant à de nouveaux acteurs, d?aborder un registre romantique dans un contexte social qui nous parlait... ?Les cinq jours qu?on a passés dans l?Est nous ont rassurés : le public comme? les journa

Digérer le succès d'Intouchables

Eric Tolédano : "On a vraiment tous été dépassés par le 'phénomène Intouchables'". À chaque fois qu'on pensait que c'était fini, une nouvelle séquence s'écrivait. À la sortie française a succédé la promotion à l'étranger, puis est venue la période des récompenses... Il y a également eu des rencontres incroyables avec des gens comme Spielberg, qui a vu le film quatre fois.

Olivier Nakache : On lui a répondu qu'on avait regardé E.T. cent fois ! Se retrouver ensuite dans la course aux Golden Globes ou aux Bafta face à de grands films, c'est très gratifiant, même si on a beaucoup entendu : 'And the winner is... Amour !' (Rire.)

Eric& : Cette effervescence a pratiquement duré un an et demi. Quand il s'est agi de rebondir, Nicolas Duval, de Quad, la société qui produit tous nos films, nous a dit qu'on ne pouvait pas décevoir. Nous avons reçu beaucoup de propositions américaines et anglaises que nous leur avons soumises, mais nous savions pertinemment que le projet suivant devait venir de nous. 

Olivier : Quand Working Title t'envoie un script pas trop mal, tu te dis pourquoi pas ? Mais ça ne nous correspondait pas forcément. 

Eric : Les gens ont finalement assez peu d'imagination. Si vous saviez le nombre de scénarios dérivés d'Intouchables qu'on a lus ! On ne voulait surtout pas s'installer dans un quelconque confort.

Omar Sy : L'appréhension avant de tourner la page était légitime après tout ce qu'on' a vécu. Pourtant, quand on s'est retrouvés sur le plateau de Samba, c'était comme au premier jour.

Pourquoi on ne voit pas Omar Sy danser dans Samba

Trouver le bon projet

Omar : La première fois qu'on a évoqué le sujet de Samba (qui n'avait pas encore de titre), c'était avant Intouchables. Il était question d'aborder le thème des sans-papiers, de l'immigration... Ce n'était pas très précis, on tournait autour de ça.

Olivier : On voulait raconter une histoire d'amour dans un contexte social fort. Le roman de Delphine Coulin, Samba pour la France a provoqué un vrai déclic. Il est très documenté. Ancienne bénévole à la Cimade (un comité intermouvements qui vient en aide aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d'asile), elle a compilé tout un tas d'histoires sur Samba, qui est donc le fruit de plusieurs personnes qu'elle a rencontrées.

Eric: Il n'y a pas d'angélisme chez elle, pas de volonté de glorifier les sans-papiers. C'est ce qui nous a plu. En prenant Omar pour jouer le rôle-titre, nous pensions pouvoir amener le sujet vers un peu plus de comédie, même si le résultat est différent d'Intouchables. 

Olivier : On a surtout développé le rôle d'Alice, incarnée par Charlotte Gainsbourg, qui, dans le livre, est une simple narratrice. On l'a rendue active en quelque sorte.

Eric : Ce que raconte ce personnage de quadragénaire en reconstruction après un burn-out, c'est qu'on se guérit en aidant les autres. Elle doit chuter avant de remonter. Ça nous arrangeait d'un point de vue narratif. 

Omar : Avec Éric et Olivier, on aime raconter la France d'aujourd?hui. « Les France », j'ai envie de dire, car je vis dans un pays dans lequel Samba ne vit pas. Alice et lui ne sont pas dans le même monde non plus. Leur rapprochement a quelque chose d'exceptionnel. Intouchables faisait déjà se rencontrer deux France distinctes.

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Choisir un casting premier choix

Omar : Après Intouchables, on savait qu'on allait se retrouver, mais pas à quel moment. 

Eric : Nous étions tous invités à surprendre, Omar le premier. Lui offrir un rôle plus sensible allait dans ce sens-là.

Olivier : On essaie dès le casting de ne pas être trop prévisibles. C'est aussi pour ça qu'on est allés chercher Charlotte qui, a priori, ne correspond pas tout à fait à notre univers.

Eric : Yvan Attal nous a dit : « Vous savez, je suis plus drôle qu'elle. »

Olivier : « Elle va vous plomber le film. » (Rire.) Non, sérieusement, on avait très envie de mélanger du Charlotte avec du Omar. On croyait à leur interaction. Elle a rendu Omar tendre et touchant.

Eric : Précisons quand même que tous les acteurs de Samba sont des premiers choix. 

Olivier: Pour Tahar, on était un peu gênés. 

Eric : Oui, car il n'arrivait qu'à la page 40 de notre scénario.

Olivier : On lui a dit : « Tu peux dire non. » 

Tahar Rahim : Ils m'ont dit qu'ils étaient en train d'écrire un personnage pour moi mais que c'était un second rôle. Je leur ai répondu que je m'en foutais et que si le scénario était bon, je viendrais. J'avais envie de faire une comédie depuis longtemps mais je n'avais rien reçu de convaincant. En plus de la qualité du scénario de Samba, le fait de jouer un faux Brésilien ajoutait une contrainte qui me plaisait. Éric et Olivier me connaissaient, ils savaient que j'étais capable de lâcher les chevaux. Et les cheveux ! (Dans le film, il a une énorme touffe capillaire bouclée.)

Olivier : On voulait un personnage solaire, ce que Tahar est dans la vie.

Tahar : Le talent d'Éric et d'Olivier, c'est de faire exister fortement les seconds rôles. Dans mes scènes avec Omar, nous sommes vraiment sur un pied d'égalité.

Omar : J'étais pour une fois « de l'autre côté » en matière de jeu. Jétais celui qui devait renvoyer la balle. Ça faisait partie du challenge à relever.

Omar Sy : "Samba est le personnage le plus loin de moi que j'ai jamais joué"

Se glisser dans les personnages

Tahar : Pour préparer un homme comme Wilson, je me suis dit que c'était un sans-papiers qui vivait dangereusement tout le temps, qui subissait la vie mais qui avait décidé de voir le soleil quoi qu'il arrive.  Omar : Pour moi, la clé pour entrer dans le personnage, c'était mes épaules. Dans la vie, je suis en règle, je marche la tête haute, la cage thoracique bombée, un peu comme un coq. Quand on est un sans-papiers, on se fait tout petit, on rentre les épaules et on baisse la tête. J'ai beaucoup travaillé là-dessus, et sur le langage.

Eric : On connaissait la capacité d'Omar à parler avec l'accent africain. J'ai pour ma part toujours trouvé qu'il y avait une dimension émouvante quand il le faisait. Si on parvenait à gommer l'aspect sketch et qu'on construisait un vrai personnage, on pourrait raconter beaucoup de choses. On a convaincu Omar de travailler un accent mezzo qui tenait compte de la réalité. 

Olivier : L'air de rien, il a effectivement réussi à « sambaïser » les dialogues.

Eric : Au lieu de dire : « Toi, t'es vraiment spéciale », il sortait : « Toi, t'es quand même un peu spéciale, quand même. » Il avait sa façon de jouer avec les mots naturellement. 

Omar : Une fois que j'ai réussi à choper l'accent, le « lexique » est venu tout seul. 

Olivier : Avec Omar et Tahar, on a procédé de la même façon : ils ont regardé des documentaires pour s'imprégner des accents, puis on a ajusté ça tous ensemble. Quand Tahar nous a fait sa première proposition, c'était presque trop réaliste. On aurait dit un joueur brésilien du PSG ! (Rire.)

Tahar : Ils m'ont demandé de baisser les intentions, de baisser encore... Je leur ai fait confiance. Les accents, c'est particulier. Ça te permet d'entrer dans un personnage, mais pas tout le temps. Quand je tournais Or noir (Jean-Jacques Annaud, 2011), mon premier film en anglais, je n'avais pas encore bien intégré l'accent tonique. Malgré les encouragements de mon coach, j'avais du mal à être naturel, à croire en ce que je disais.

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Flipper avant la sortie

Eric : Quelques semaines avant la sortie du film, le stress a commencé de nous gagner et c'est normal. Il faut assumer la pression, sinon autant changer de métier. Le principal pour nous deux, c'est d'avoir été sincères. On ne s'est pas interdit de retravailler avec Omar tout en nous ouvrant à de nouveaux acteurs, d'aborder un registre romantique dans un contexte social qui nous parlait... Les cinq jours qu'on a passés dans l'Est nous ont rassurés : le public comme les journalistes avaient l'air prêts à accueillir une autre de nos histoires.

Omar : Le cinéma est un divertissement avant tout. Si en sortant du film, les gens ont passé un bon moment et, qu'en plus, ils ont appris deux trois choses, c'est doublement gagné. Je suis fier d'avoir joué Samba parce que c'est important pour moi de mettre un visage sur ces gens qui vivent parmi nous et que, finalement, on ne connaît pas.

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Samba reviendra ce dimanche sur France 2.

Très attendu au tournant après Intouchables, le trio Éric Toledano - Olivier Nakache - Omar Sy revenait en force sur les écrans en 2014 avec Samba, le portrait plus émouvant que drôle d’un sans-papiers à Paris. Les trois larrons, assistés de Tahar Rahim, second rôle de luxe, commentaient alors cette nouvelle aventure dans Première.

Interview Christophe Narbonne avec Frédéric Foubert

Bande-annonce :

 


 

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