Carton d'audience hier soir pour Arte grâce à cette oeuvre de Nicolas Winding Refn également portée par Carey Mulligan.
''I'm giving you a nightcall to tell you how I feel..." Hier soir, Arte rediffusait Drive, de Nicolas Winding Refn, suivi d'un documentaire sur sa star Ryan Gosling. D'ailleurs, s'il était déjà acteur depuis son enfance, c'est véritablement cette histoire de cascadeur le jour et chauffeur pour malfrats la nuit qui l'a propulsé au coeur de la A-list des comédiens hollywoodiens, en 2011. Le carton plein de cette rediffusion, vue par 1,8 million de curieux, confirme la popularité folle de Gosling : il s'agit du deuxième meilleur score de la chaîne cette année, quelques semaines après le record de La Mariée était en noir, de François Truffaut. Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule : Drive est toujours visible en replay, et ce jusqu'au 29 novembre, sur Arte.tv.
Drive est à (re)voir ici Et le documentaire Ryan Gosling, tout simplement, est là
Voici notre critique : Nicolas Winding Refn a souvent signé des films trop beaux pour être vrais, un peu à la manière d'un adolescent cinéphile qui récite ses réalisateurs fétiches (Martin Scorsese pour la trilogie Pusher, David Lynch pour Inside Job, Kenneth Anger pour Bronson, Andrei Tarkovski pour Le Guerrier silencieux), avec le réalisme en horreur et un penchant prononcé pour la glaciation des cadres. Chez lui, film de Vikings rime avec élégie métaphysique et film de baston avec trip ésotérique. Un simple caprice virtuose de plus, et Winding Refn finissait dans la catégorie des faiseurs surdoués. Miracle : Drive, hâtivement présenté comme un pastiche des thrillers 80’s de William Friedkin et de Michael Mann, propulse enfin son auteur vers la stratosphère des grands. Comme Walter Hill dans Driver (1978), le cinéaste danois isole les figures stylistiques du western à l’intérieur d’un cadre urbain en faisant de son héros un cow-boy mélancolique et laconique, totalement melvillien. Qu’il saisisse un demi-sourire sur le visage de l’acteur ou le filme simplement de dos, au ralenti, et c’est un cataclysme. Gosling, magnétique, ravive le souvenir d’anciennes icônes (de Robert De Niro dans Taxi Driver à James Dean dans La Fureur de vivre en passant par Kurt Russell chez John Carpenter) et incarne comme personne le samouraï stoïque qui succombe au regard transi d’une femme en détresse (Carey Mulligan).
Ce regard-là, c’est aussi celui de Winding Refn, qui filme l’ange Gosling, à la fois exterminateur et protecteur, dans le même état de cristallisation amoureuse que son héroïne. Grâce à cette osmose, Drive, polar ultra burné, carbure au féminin. Au fond, le vernis sanguinolent de la série B n’est qu’un cache-sexe qui dissimule la romance entre deux amants maudits dans le tumulte d’un Los Angeles à la fois interlope et cotonneux, à la recherche d’un éden à des années-lumière de ce monde. La beauté de Drive réside finalement dans cette fusion rose bonbon et noir désir, dans ce mélange de délicatesse et d’ultraviolence qui pourrait célébrer les noces entre Sofia Coppola et Quentin Tarantino.
Un amour des extrêmes qui atteint son paroxysme dans une inoubliable séquence d'ascenseur où un baiser sublime le dispute à un défonçage de tronche façon Gaspar Noé. Glamour à mort.
Drive ou les secrets du cadrage chez Nicolas Winding RefnBande-annonce de Drive :
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