Officier et Gentleman
Paramount Pictures

Les amours entre Richard Gere et Debra Winger sont au programme ce soir de Place au cinéma sur France 5, présenté par Dominique Besnehard. Retour sur l’histoire chaotique du troisième plus gros succès américain de 1982 derrière E.T. et Tootsie.

Un projet longtemps enterré

Un fils de sous- officier de marine alcoolique et coureur de prostituées qui sort de sa condition sociale et rencontre l’amour en devenant officier d’aviation… Officier et gentleman a tout du film "reaganien" qui glorifie l’armée américaine – en plein durcissement du climat de guerre froide avec le meilleur ennemi soviétique - et plus largement la capacité des enfants de l’Oncle Sam à se métamorphoser comme personne dans un pays où tout est possible. Sauf que ce film date plutôt de l’ère Nixon. C’est en effet huit ans avant sa sortie, en 1974, que Douglas Day Stewart (Le lagon bleu) en a écrit le scénario. Huit ans sans qu’aucun studio ne se l’arrache jusqu’à ce que Don Simpson, le futur producteur de Top gun, qui travaillait alors pour responsable de production pour la Paramount réussisse à persuader son patron Michael Eisner de le développer. Un vrai parcours du combattant avec un budget réduit à 6 millions d’euros qui s’explique à la fois par la volonté du studio de se prémunir contre un bide annoncé et le refus de la Navy d’apporter la moindre aide à ce projet. Mauvais pronostic : ce film dépassera allègrement les 100 millions de dollars de recettes et se classera troisième au box- office américain 82 derrière E.T. et Tootsie.

Un casting agité

Zack Mayo, le rôle central d’Officier et gentleman, n’a pas vraiment excité le gotha hollywoodien. John Travolta, Jeff Bridges ou Kurt Russell figurent parmi ceux qui déclinèrent la proposition avant que Richard Gere ne s’en empare, dans la foulée d’American gigolo. Et pour jouer sa partenaire, la liste des personnalités ayant été approchées ou auditionnées est encore plus grande, de Kim Basinger à Sigourney Weaver en passant par Anjelica Huston, Jennifer Jason Leigh, Rebecca de Morney, Meg Ryan et Geena Davis. C’est finalement Debra Winger, révélée deux ans plus tôt par Urban cowboy face à John Travolta, qui est choisie pour l’interpréter au grand dam de Simpson, dont son biographe Charles Fleming a révélé qu’il lui avait dit en face et en mots choisis que ce personnage méritait une actrice plus « baisable » qu’elle. Hollywood, terre de poètes…

Un tournage sous tension

Sur le plateau, l’ambiance n’était pas vraiment au beau fixe entre Richard Gere et Debra Winger qui, publiquement, ne nia pas ses tensions et qualifia son partenaire de véritable « mur de brique ». Au fil des jours, le comédien enrageait en effet de voir Debra Winger lui « voler » nombre de scènes par son charisme. Mais il fit son mea culpa 30 ans plus tard au festival de Rome quand cette dernière est arrivée sur scène pour lui remettre un prix pour l’ensemble de sa carrière en reconnaissant qu’elle était mille fois plus à l’aise devant la caméra qu’il ne l’était alors.

Un Oscar historique

Pour camper le Sergent Emil Foley, l’instructeur brusque de Mayo au sein de l’armée, les producteurs ont penché pour Louis Gossett Jr. après avoir un temps envisagé Jack Nicholson. Bonne pioche. Avec ce personnage qui va le révéler aux yeux du grand public, il va aussi rentrer dans l’histoire en devenant le premier Afro- Américain à décrocher l’Oscar du second rôle 83 face notamment à James Mason pour Le verdict. Une consécration pour celui qui avait été coaché ici par un certain R. Lee Ermey, ancien Marine qui passera à la postérité quatre ans plus tard en devenant le cassant sergent Hartman du Full Metal Jacket de Kubrick.

Une chanson miraculée

L’autre Oscar reçu en 83 par Officier et gentleman fut celui de la meilleure chanson grâce à Up where we belong écrite par Will Jennings (auteur notamment du Tears in Heaven d’Eric Clapton) et interprétée en duo par Joe Cocker et Jennifer Warnes (qu’on retrouvera dans un autre duo culte, (I’ve had) the time of my life, au cœur de la B.O. de Dirty Dancing) qui sera un carton dans le monde entier. Et ce alors que Don Simpson avait d’abord exigé qu’on la coupe, certain que cette chanson très faible à ses yeux ne ferait jamais un tube…

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