Des terrains de foot aux projecteurs de cinéma, le parcours sans fautes de la Gennevilloise.
Elle ne quitte jamais son gros bonnet en laine, sa paire de lunettes rondes et un large sourire qui dévore la moitié de son visage. Elle, c’est Melha Bedia, l’actrice et humoriste française à l’affiche de Forte, la dernière comédie signée Katia Lewkowicz présentée hier au festival de l’Alpe d’Huez, et qui sortira le 18 mars au cinéma. Elle y campe le rôle de Nour, une jeune femme bien en chair et fan de foot, qui va tout faire pour tenter de se "féminiser"… quitte à prendre des cours de pole dance.
Née le 22 décembre 1990 à Gennevilliers, la jeune femme est la petite dernière d’une fratrie de onze enfants. Et pas n’importe quelle fratrie, puisque son frère n’est autre que l’acteur et humoriste Ramzy Bedia, du duo comique Eric et Ramzy. Une carrière dans la comédie toute tracée, pourrait-on croire. Et pourtant non, Melha rêvait d’autre chose. Fan de l’OM, elle fait ses premières armes sur le gazon vert fluo d’un terrain de foot. Et - c’est plutôt paradoxal - rejoint les rangs du PSG, alors qu’elle est encore à l’école primaire. "J'ai même été repérée pour partir en centre de formation à Cleveland, mais ma mère n'a pas voulu", déclare-t-elle dans une interview pour la revue sportive L’Équipe. Elle quitte alors les crampons et décide de prendre des cours de théâtre, pour "combattre" sa timidité.
Alpe D’Huez 2020 : la compétition commence "Forte"C’est sur les bancs de la fac que la rappeuse Diam’s l’engage comme styliste sur sa tournée. Fini l’école. La chanteuse se prend d’affection pour Melha Bedia et lui propose de faire les premières parties de ses concerts pour chauffer la salle. "J’ai beaucoup vomi sur cette tournée", ironise-t-elle au micro d’Europe 1, en 2018. La jeune femme a alors un déclic, et sait qu’elle veut faire de la scène. Au grand désespoir de son frère Ramzy, qui l’aurait bien vu rester à l’école, "à HEC", et pense alors que le stand-up est une "lubie" pour sa jeune sœur.
Et pourtant, tout s’enchaîne. D’abord sur les planches, où Melha Bedia commence à se faire un nom avec ses sketchs très second degré, où elle n’hésite pas à blaguer sur ses kilos en trop, affublée d’un sweat-shirt "Balenciagras". Puis, très vite, devant l’objectif d’une caméra. En 2013, elle rejoint le casting de la série télévisée Les Lascars, diffusée sur Canal +. Elle y tient un petit rôle, celui de Nora, dans deux épisodes. Elle tourne ensuite dans le programme court et humoristique Ma pire angoisse, diffusé en 2014. Avec plus de 30 millions de vues sur Youtube, la série fait un carton, et Melha Bedia décroche son premier rôle dans un long-métrage. Une comédie, bien évidemment. A toute épreuve, réalisé par Antoine Blossier (La Traque), raconte l’histoire d’un groupe de lycéens qui décide de voler les sujets du baccalauréat. Elle y partage l’affiche avec Marc Lavoine et le rappeur La Fouine.
Alpe d'Huez 2020 : bande-annonce de Forte avec Melha Bedia et Valérie LemercierEn 2015, elle est au casting d’une autre comédie, Tout schuss, avec José Garcia. Le film, boudé par la critique, passera relativement inaperçu. Mais elle explose dans Pattaya, le carton de Franck Gastambide sorti en février 2016 avec Sabrina Ouazani, Gad Elmaleh et son frère Ramzy Bedia. Elle y interprète le rôle d’une hôtesse de l’air, et acquière une popularité certaine dans le milieu de la comédie française (le genre cinématographique, pas l’institution culturelle, bien entendu). Toujours coiffée de son bonnet et revêtue de ses survêtements de sport, la jeune femme entame, en parallèle de sa carrière d’actrice, un one-woman-show appelé Fat and Furious. Melha Bedia y parle de son poids, ça tombe sous le sens, mais aussi de l’islam, de sa myopie, de DAECH qui "l’enquiquine" ou encore de sa virginité. Les médias ne tardent pas à la surnommer "la nouvelle pépite de la comédie française". Une étiquette finalement plutôt juste, puisqu’elle décroche, en 2019 et pour la première fois, le premier rôle d’une comédie. Dans Forte, elle partage d’ailleurs l’affiche avec une autre vedette du genre : Valérie Lemercier, dans le rôle d’une prof de pole dance loufoque. Et ça, c’est plutôt fort.
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