Avec Une visite inopportune, le metteur en scène célèbre le théâtre de Copi. Dans cet ultime adieu, le dramaturge argentin montre un comédien préparant son entrée dans « le mausolée du théâtre », fêtant l’anniversaire de son sida dans sa chambre d’hôpital, transformée en salon de réception.Propos recueillis par M.-Céline NivièreCette « tragédie rieuse » sur la mort et la maladie est écrite sur un ton extrêmement drôle.Cette pièce possède une mécanique de boulevard, comme chez Feydeau. C’est récurrent dans le théâtre de Copi, qui possède une rythmique et surtout un sens de la rupture insensé, emprunté aux codes du genre. C’est du boulevard ciselé qu’il donnait à monter à Jorge Lavelli ! De son vivant, il était difficile de mettre une étiquette à Copi car il était associé à Lavelli, comme Koltès l’était à Chéreau. C’est une grande écriture qui pose un regard sur le monde. C’est un rire très sérieux.Un ultime pied nez à la maladie, à la mort…Copi, ce n’est jamais triste, c’est tragique, « fou », ironique. Ce ne sont que des couleurs violentes. Il ne va pas dans les pastels. Il n’est pas dans la condamnation. Ce qui reste énorme, encore aujourd’hui, c’est que le héros soit homosexuel et atteint du sida. Il ose dire, à demi-mot, que c’est une maladie de l’amour et non de la perversion. La petite mort rejoint la grande. Ça, c’est vraiment moderne. Ce n’est pas un documentaire, car il tord la réalité.Ecrite en 1987, le temps a fait son œuvre sur cette pièce contemporaine…La condensation du temps sur la mort rend visionnaire. A l’époque, on ne pouvait soigner personne, on n’avait pas les médicaments. Encore aujourd’hui le sida demeure un sujet tabou. La capote n’est plus à la mode. Ce n’est pas une pièce militante, mais un devoir de mémoire. Quand je mets en scène, je vois mes fantômes, ceux qui sont partis. Ils sont là, avec nous.Ce sont les années Palace… Une époque toute en couleurs…Je m’en suis inspiré pour l’esthétisme, qui est dans ces couleurs vives. Je pense à Nina Hagen, Klaus Nomi, Freddie Mercury. Copi rend noble la mouvance « folle » à travers les personnages de Cyrille et d’Hubert. Il cite clairement les Tuileries, le Bœuf sur le Toit. C’est la première fois qu'on parle des homosexuels qui, avec l’arrivée du sida, en prennent plein la gueule.Michel Fau, Marianne James, Sissi Duparc, Eric Guého, quelle distribution !Il était impossible de choisir les comédiens sans penser à Copi. Ses personnages sont des caricatures, comme dans ses dessins. J’ai pris des acteurs hauts en couleur certes, mais qui vont dans la sincérité. J’ai réuni une petite famille. Il ne faut pas oublier Louis Arène et Lionel Lingelser, deux superbes acteurs sortis du Jeune Théâtre National.Michel Fau, en « Sarah Bernhardt de l’assistance publique », on se régale d’avance.Michel est un clown tragique. Quelque part, il y a une dimension sobre dans le personnage de Cyrille. Et comme Michel est lui-même très baroque, on n'a pas besoin d’aller chercher l’extravagance. Il porte le désespoir avec panache… Cyrille a besoin d’Hubert, Eric Guého, car il est son premier spectateur. C’est aussi une grande pièce sur l’amitié. Il n’y a pas de dimension sexuelle entre eux. Hubert, c’est aussi celui qui met en scène cette Sarah Bernhardt, cette diva.Et la diva, c’est Marianne James…L’idée vient d’Eric. Je savais qu’elle ne voulait plus jouer de rôle de diva. Elle a dit oui tout de suite. Nous avons utilisé les codes en filiation avec L’ultima récital. Ulrika, avait un côté autoritaire, Regina Morti est plus douce, c’est la mamma italienne. On pense à Montserrat Caballe et à son duo avec Freddie Mercury. Avec Marianne et Sissi Duparc, j’ai deux femmes felliniennes et Michel Fau pris au milieu. Sissi a un jeu décalé, un sens du tragique. Elle n’a pas peur de la démesure.Comment dirige-t-on des personnalités si fortes ?Je dois guider les montures, car ce sont des chevaux de course qui peuvent s’emballer d’autant plus que leurs personnages tombent dans l’hystérie. Mon gros travail est de maintenir l’équilibre. C’est pour cela que la pièce est courte. Ils sont si fous qu’ils sortent du cadre. Ce sont des personnages, très forts, à hurler de rire… Une Visite Inopportune au Théâtre de l'Athénée>> Réservez vos places pour le spectacle !
- Cinéma
- News Cinéma
- INTERVIEW - Philippe Calvario met en scène Copi avec Marianne James et Michel Fau !
INTERVIEW - Philippe Calvario met en scène Copi avec Marianne James et Michel Fau !
Commentaires