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1 / Jeff Buckley (Penn Badgley) dans Greetings from Tim BuckleyLe film : En 1991, Jeff Buckley n’a pas encore enregistré le mythique album Grace et participe à un concert hommage à son père, Tim Buckley, troubadour folk mort d’une overdose en 75. Biopic « oblique », Greetings from Tim Buckley capte un passage de relais entre deux générations de musiciens, cet instant très précis où Jeff, en faisant la paix avec l’héritage paternel, est parvenu à s’inventer un destin.La performance : Bonne idée d’avoir confié le rôle de Buckley junior à Penn Badgley (Dan dans la série Gossip Girl) : c’est vrai qu’ils se ressemblent… L’acteur est encore un peu juvénile, un peu maladroit – mais c’est sans doute fait exprès. Et il chante bien, le bougre.Probabilité d’une nomination aux Oscars : 11%. L’absence quasi-totale de buzz généré à Toronto par Greetings from Tim Buckley ne lui garantit pas des lendemains qui chantent. Reste un beau film jamais putassier, un cadeau pour les puristes et les fans, qui frappe par la façon très authentique dont il met en scène la musique des Buckley père et fils.2 / Mark O’Brien (John Hawkes) dans The SessionsLe film : Remarqué en début d’année à Sundance, The Sessions est l’histoire (vraie, bien sûr) de Mark O’Brien, poète et journaliste atteint de paralysie respiratoire, confiné dans un « poumon d’acier » et qui décida, à l’âge de 38 ans, de connaître les joies du plaisir charnel grâce à une « sex surrogate ». “The festival hit of the year !” (c’est écrit sur l’affiche).La performance : Le toujours excellent John Hawkes (Winter’s Bone, Martha Marcy May Marlene) a le bon goût de s’interdire le pathos et de prendre tout ça sur un ton léger, presque badin. Mais il se ferait presque voler la vedette par la géniale Helen Hunt, qui se désape face caméra avec un naturel scotchant.Probabilité d’une nomination aux Oscars : 87%. Histoire vraie + handicap + grosse boule dans la gorge à la fin = un boulevard pour The Sessions. Et le fait que les rangs du fan-club de John Hawkes grossissent chaque jour à vue d’œil ne va rien gâcher…3 / Franklin Delano Roosevelt (Bill Murray) dans Hyde Park on HudsonLe film : Un pied dans la love story et l’autre dans la satire politique, Hyde Park on Hudson est un film deux en un. Soit l’histoire des amours secrètes entre le président Franklin Delano Roosevelt et l’une de ses cousines, couplée à la description d’une visite du roi bègue George VI à la maison de campagne de FDR, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Quelque chose comme My Week with Marylin rencontre Le Discours d’un Roi.La performance : Les binocles, les béquilles, une voix qui appartient à l’Histoire… Tout est en place dans la composition de Bill Murray. Mais Bill ne recherche jamais le portrait « définitif » à la Anthony Hopkins. Ce qui l’éclate, c’est surtout de brosser le portrait loufoque d’un président priapique.Probabilité d’une nomination aux Oscars : 73%. Murray le mérite, même si Hyde Park on Hudson risque de pâtir de la concurrence du Lincoln de Spielberg. Et deux présidents nominés, ça fait beaucoup. Un avis sur la question, Bill ? « On m’a posé la question lors de l’avant première du film, sur le tapis rouge : « Alors, Roosevelt ou Lincoln ? » J’ai élaboré pendant 15 minutes sur les mérites comparés des deux présidents…J’ignorais totalement qu’on parlait cinéma ! »Frédéric Foubert