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Président du festival de Cannes, Gilles Jacob (à gauche sur la photo) vient de publier un 9ème livre (Les pas perdus, chez Flammarion) où il raconte ses souvenirs de la Croisette, et revient sur ses nombreuses expériences de cinéphile. Au passage, il déclare vouloir rendre son tablier en 2015. Car à 83 ans,  Gilles Jacob, c’est 35 ans du festival de Cannes et une vie dédiée au 7ème art. Né en 1930, le monsieur baigne rapidement dans le cinéma. Il grandit auprès de Truffaut mais aussi Chabrol, ses copains de lycée, devient critique pour l’Express puis finalement se fait nommer délégué général du festival de Cannes par Robert Favre le Bret en 1978. Et il va apporter du changement sur la Croisette. Une volonté de provoquer comme lorsqu’il programme L’Homme de marbre d’Andrzej Wajda, film alors interdit dans son pays. Mais aussi de découvrir de nouveaux cinéastes.C’est notamment pour cela qu’il crée la Caméra d’or, qui récompense les premiers films, et la sélection Un certain regard, sorte d’antichambre et de laboratoire pour la compétition officielle. En 2001, il est élu président du festival de Cannes. Et c’est grâce à ce dernier que Jacob va commencer à se raconter : « Je me souviens d’avoir commencé à écrire sur ma vie au Festival parce que, si je ne le faisais pas, personne ne le ferait. Et que j’avais noté certaines choses sur le vif, pendant qu’elles conservaient leur bouquet. Je m’étais cependant promis de ne les publier qu’après une période de dégrisement, tant les récits personnels profitent eux aussi d’un séjour en fût ».Ce livre d’anecdotes et de ressentis personnels est un véritable précis cannois pour les cinéphiles. Voici quelques extraits.Sur Almodovar : « Je me souviens que Pedro Almodovar m’en a longtemps voulu de n’avoir pas sélectionné à Cannes Femmes au bord de la crise de nerfs. Je ne lui donne pas tort ».Sur Jack Nicholson : « Je me souviens que Jack Nicholson a décliné mon invitation au jury du Festival de Cannes pour rester chez lui regarder les finales de la NBA ».Sur Nicolas Cage : « Je me souviens que, lors d’un dîner à Cannes, Nicolas Cage a sauté sur la table a chanté Love me tender, sous le regard perplexe de la délégation japonaise peu incline à participer à cet étrange karaoké ».Sur la critique : « Je me souviens que la rubrique cinéma de France-Soir était assurée par Robert Chazal. Une véritable institution. La critique, à l’époque, avait une importance déterminante, elle pouvait faire ou défaire la carrière des films, surtout dans les quotidiens à fort tirage. C’est dire si Chazal était sollicité, adulé, choyé. Lui n’était pas dupe. Imaginez un cœur d’or sur des mains d’étrangleur. Jamais il n’aurait tué un film, conscient de l’impact de sa chronique. Entre les lignes et entre confrères, c’était autre chose. Robert n’avait pas la langue dans sa poche et, par ailleurs, une fois par an, il se lâchait. C’était au Festival de Cannes, où certains films, qui ne sortiraient jamais, lui donnaient l’occasion de tirer un peu, histoire de ne pas perdre la main – rhumatismes ou pas ».La 66ème édition du festival de Cannes débutera demain.