Mercredi, la caution “blockbuster” du Festival de Cannes avait été rempli par Russell Crowe et ses flèches. Vendredi, le quota “glamour-qui-pense” était attribuée à la suite de Wall Street, Money never sleep. Du bling-bling, une explication de la crise financière et une charge contre les dealer de “subprime”, on en attendait beaucoup d’Oliver Stone. Trop.Flashback. En 1987, le réalisateur de Tueurs Nés épingle le système des marchés avec la chute d’un “big shot” du Nasdaq, Gordon Gekko (Michael Douglas). Bretelles sur les épaules et cigare au bec, ce Tantale du billet vert tombait pour un délit d’initié avant de devenir le Tony Montana de toute une génération d’étudiant Banque/Finance. Charge de jeunesse contre le système de son père courtier et fascination pour la maille que lui-même commençait à toucher, Oliver donne naissance au mythe de Wall Street.Avec la crise des “subprimes”, la remise à flot des banques par le gouvernement américain et le scandale Goldman Sachs, l’occasion était tentante et pertinente d’orchestrer le “comeback” de son anti-héros, sorti de prison, en bas de l’échelle, avec une fille qui ne veut plus le voir. Dans le trou, le Gégé. Et comme on ressort un costume qui en jettait à l’époque, Stone promet de ressortir la Rolex et la fascination du flouze via Jacob Moore (Shia LaBeouf), le gendre empêtré dans les produits financiers toxiques. Mais, non. Rien de tout ça. Et pour une seule et bonne raison : le cash est aux abonnés absents.”Olivier Pierre” troque la flambe contre les pantoufles, la cupidité contre le chevaleresque et le western bancaire contre le mélo familial. Alors que l’analyse du capitalisme était le coeur du sujet, il se voit repoussé sur les bords, en quelques phrases et prises de position prémâchés : les banquiers bossent pour leurs propres intérêts, tout n’est qu’affaire de morale personnelle ou d’évènement “systémique” et rien ne vaut la famille. Rien sur la nature amoral du système financier. Zéro sur la corruption des systèmes de régulation. Nada sur l’infiltration des gouvernements par les organismes de finance. Et on ne vous parle pas des petites gens poussé à vivre à crédit, ils se résument à deux scènes avec Susan Sarandon.En fait, du haut des 64 ans d’Oliver Stone, les krachs boursiers résultent d’une évidence de vieux sages : les bulles spéculatives gonflent, explosent et les gens s’en remettent. Comme on se remet des cinéastes qui abusent des effets lourdauds et de références accablantes à leur succès d’antan.
- Cinéma
- News Cinéma
- Etat critique : Wall Street 2, Show me the money
Etat critique : Wall Street 2, Show me the money
Commentaires