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EXCLU - Fabrice Eboué et Thomas Ngijol : Comment réussir une comédie "populitique" ?

Comment réussir une comédie "populitique" ?

Forts du carton de <em>Case départ</em>, Fabrice Éboué et Thomas Ngijol tentent une nouvelle fois d?associer comédie populaire et satire politique avec Le Crocodile du Botswanga, où un dictateur manipule un espoir du foot pour le recruter dans son équipe locale. Comment ça marche ?Interview de Mathieu Carratier (<strong>@mat_carrat</strong>)Voir aussi :<strong>Bande-annonce du Crocodile du Botswanga</strong>

2. choisir le bon titre

<strong>Fabrice :</strong> Au départ, le titre de travail était <em>Papa Maréchal</em>, une allusion au surnom de Mobutu, mais on a très vite décidé d?en changer car la référence ne marchait pas, notre film étant situé dans un pays imaginaire. De plus, le surnom exact de Mobutu était <em>« Capitaine Maréchal »</em> et le mot renvoie à tout autre chose en France. On a ensuite pensé à <em>Capitaine Bobo</em>, qui faisait un peu trop gaudriole, avant de se fixer sur Le Crocodile du Botswanga, qui résume vraiment bien le film. C?est à la fois le surnom du dictateur interprété par Thomas et le nom de l?équipe de foot qui est au centre de l?histoire.

5. Suivre l’actualité

<strong>Fabrice :</strong> L?intrigue m?est venue en partie après une intervention de Lara Fabian qui faisait suite à la manifestation en faveur du mariage pour tous. Le lendemain, Le Petit Journal montrait des images d?elle quelques mois plus tôt, en trainde chanter pour Kadyrov, le dictateur tchétchène, en échange de beaucoup de pognon. On voitrégulièrement ce genre de choses. Ce qui m?avait aussi mis la puce à l?oreille, c?est quand le régisseur de mes spectacles m?avait dit qu?il avait accepté d?assurer la lumière du show célébrant les trente ans de règne de Kadhafi parce qu?il avait vraiment besoin d?argent. Je me suis alors demandé à partir de quel moment on accepte de passer un accord avec ces gens-là. Où se situent nos limites lorsque de telles sommes sont en jeu ? Je voulais pousser les spectateurs à réfléchir à ça par le biais de la relation entre ce jeune footballeur et le manager que j?incarne et qui, au début de l?histoire, est fidèle aux personnages que j?aime interpréter : c?est un bon connard. (Rire.)

1. Prendre un nouveau départ

<strong>Fabrice Eboué :</strong> Je crois qu?on a été fermes dès le début concernant une éventuelle suite à donner à Case départ. Si on en avait fait une ? qu?on s?amusait à appeler <em>« Case retour »</em> ?, l?objectif aurait été d?envoyer à nouveau les personnages dans le passé, et je pense qu?on avait déjà tout dit la première fois. On ne voyait aucun intérêt à se répéter. Ce procédé du voyage dans le temps a été vu et revu. Si on l?a utilisé, c?était évidemment pour parler du présent.<strong>Thomas Ngijol :</strong> En fait, c?est Spike Lee qui nous a dissuadés de tourner <em>Case départ 2</em>. On a vu à quel point il était chaud sur Django Unchained et on a eu peur qu?il finisse par nous tomber dessus. Après avoir écrit trente pages de scénario, on a dit « stop ». On s?est défilés. (Rire.)

3. Maîtriser le sujet

<strong>Thomas :</strong> Le thème du film est proche de nous car nous sommes tous les deux fils d?immigrés. Nos parents ont grandi dans ces régions et ces sujets ont toujours été présents durant toute notre éducation. Ils étaient au coeur de nombreuses conversations en famille et de voyages que nous avons faits dans notre pays d?origine, le Cameroun.<strong>Fabrice :</strong> Quand tu as un ou deux parents issus de l?immigration, la question de l?identité revient régulièrement. C?est un peu le socle de nos films et d?autres projets à venir de Thomas. On a envie de parler de nos racines et aussi de la France. La Françafrique est forcément un sujet qui nous interpelle.

4. Rester honnête

<strong>Fabrice :</strong> On ne passe pas des heures à chercher un pitch en se disant : « Tiens, ça, ça va être porteur. » On ne triche pas, on part uniquement sur des idées qui nous font marrer. Ça nous permet aussi d?être sûrs qu?on aura quelque chose à défendre lorsqu?il s?agira d?assurer la promo.<strong>ThoMas :</strong> C?est toujours plus agréable d?aller sur un terrain où tu sais que, quelles que soient les questions, il y aura un véritable échange. C?est important d?avoir, je ne dirais pas une cause, mais quelque chose à raconter.<strong>Fabrice :</strong> Ce qui ne nous empêche pas d?être dans la tarte à la crème à certains moments, l?un n?exclut pas l?autre.

Forts du carton de Case départ, Fabrice Éboué et Thomas Ngijol tentent une nouvelle fois d’associer comédie populaire et satire politique avec Le Crocodile du Botswanga, où un dictateur manipule un espoir du foot pour le recruter dans son équipe locale. Comment ça marche ?Interview de Mathieu Carratier (@mat_carrat)Voir aussi :Bande-annonce du Crocodile du Botswanga