Ce qu’il faut voir cette semaine.
L’ÉVENEMENT
BLADE RUNNER 2049 ★★★★☆
De Denis Villeneuve
L’essentiel
Denis Villeneuve signe à la fois un film-hommage et une nouvelle fable futuriste envoûtante.
Les robots ont-ils une âme ? De 2001, l’Odyssée de l’espace à A.I., en passant par les séries Real humans et Westworld, la question n’a cessé de tarauder les auteurs qui en ont tiré des précipités de mélancolie pure, des réflexions métaphysiques renversantes, le tout englobé dans des univers futuristes cohérents, plastiquement spectaculaires. En l’espèce, le Blade Runner de Ridley Scott fait figure de parangon ultime du genre
Christophe Narbonne
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PREMIÈRE A AIMÉ
CAPITAINE SUPERSLIP ★★★★☆
De David Soren
Véritable institution chez les mômes américains avec 50 millions d'exemplaires vendus aux États-Unis, les livres Le Capitaine Slip (Captain Underpants en VO) de David Pilkey, n'ont jamais vraiment pris de l'autre côté de l'Atlantique. Jusqu'ici. DreamWorks Animation se lance dans l'adaptation de ces best-sellers avec David Soren (Turbo, en 2013) à la barre. L'histoire de deux jeunes élèves de CM1 très farceurs, George Glousse et Harold Golade, qui inventent et dessinent un personnage loufoque de comic book : une sorte de Superman obèse et quadra, simplement affublé d'un slip et d'une cape.
François Léger
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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ
HAPPY END ★★★☆☆
De Michael Haneke
Parce que sa mère est hospitalisée après avoir avalé des calmants, une gamine de treize ans débarque chez sa tata cintrée (dans tous les sens du terme). Là, un vieux patriarche croulant flirte avec l’idée de suicide pendant que sa fille essaie de tenir la barre d’une famille très bourgeoise. Oui : Happy End ressemble à un concentré de la filmo tordue d’Haneke.
Gaël Golhen
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TÉHÉRAN TABOU ★★★☆☆
D’Ali Soozandeh
Tout commence par une fellation ratée : une femme monte dans un taxi avec son fils handicapé qu’elle colle à l’arrière. Elle commence à s’activer, mais le chauffeur, trop vieux et concentré sur la route, n’aura finalement jamais le droit à sa passe… Rien de neuf sous le soleil. Sauf qu’on est ici dans un film iranien. Pourtant la vraie surprise n’est pas la crudité de certaines séquences, mais la forme du projet. Ali Soozandeh utilise la rotoscopie et son rendu cotonneux pour décrire la réalité schizophrène de son pays. Son récit suit trois personnages : une maman qui se prostitue, un musicien qui après une rencontre d’un soir va devoir réparer son erreur et une jeune femme mélancolique qui multiplie les avortements. Trois destins qui racontent les contradictions d’une société stratifiée où le sexe, la drogue et la corruption sont planqués sous le voile de la morale et de la religion. Les Ayatollahs dodus changent de concubines tous les jours, les hommes mettent en cage leurs femmes avant d’aller dans les boites de strip et la drogue s’échange dans la rue, sur le capot des voitures. Le réel. Dur comme le bitume. Sale comme les ruelles des quartiers pauvres de Téhéran. En cherchant la vérité de son pays à travers l'animation, le genre le plus artificiel qui soit, Soozandeh semble affirmer que seul le dessin peut rendre le sentiment de tristesse, de désolation et de sidération que provoque un pays qui marche sur la tête. Le résultat est moins théorique et moins spectaculaire que le cinéma d’Ari Folman ou de Satoshi Kon, mais on retrouve cette manière de tremper son regard social dans un univers bariolé, irréel, où les personnages crèvent de solitude et de frustration.
Gaël Golhen
CONFIDENT ROYAL ★★★☆☆
De Stephen Frears
L'amitié de la reine Victoria, au crépuscule de sa vie, et d'un de ses sujets, Abdul, indien musulman. Forcément, c'est problématique et ça bouscule les conventions de ses courtisans. Gentiment divertissant dans le style BBC en costumes, Confident Royal n'arrive pas vraiment à élever ce sujet au-delà de l'anecdote : on va le voir pour Judi Dench, évidemment géniale, et la maestria folle avec laquelle elle incarne Victoria -pour la deuxième fois depuis La Dame de Windsor. Confident Royal décolle un peu lorsqu'il s'envisage comme une radiographie crue et un brin cruelle du corps vieillissant de Victoria, et donc de la fin d'un règne. C'est en tous cas ce qui semble le plus amuser Stephen Frears.
Sylvestre Picard
DANS LA FORET ENCHANTEE DE OUKYBOUKY ★★★☆☆
De Rasmus A. Sivertsen
Adaptation, par l’équipe de La Grande Course au fromage, d’une des histoires les plus populaires de Norvège, Dans la forêt enchantée de Oukybouky est une ode à l’entraide, à la solidarité et au régime végétarien – une bande de gentils animaux (souris, oiseaux, lapins…) tente d’y apprendre à un vilain renard d’arrêter de manger de la viande pour mieux découvrir les bienfaits des céréales. L’ambiance est très sympa dans ce conte qui s’adresse aux tout petits (4 ans et plus), même si, malgré la qualité de l’animation en stop-motion, on peut regretter que les nombreuses chansons qui émaillent le film n’apportent pas plus de fun ou de poésie.
Frédéric Foubert
PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ
LE SENS DE LA FÊTE ★★☆☆☆
D’Éric Toledano et Olivier Nakache
On sait l’importance des titres des films du duo Toledano Nakache. Celui-là est l’un des meilleurs. « Le sens de la fête ». Un titre qui claque comme une invitation à la teuf, mais qui amène immédiatement une question philosophique : quelle est la finalité de cette fête (en l’occurrence un mariage) ? On danse, on chante, mais pourquoi ? Communier ou fuir ? Se rassembler ou se perdre dans des nuits interchangeables ? Bon, c’est un peu vague, alors on peut reformuler le problème : et si donner un sens à la fête, consistait d’abord à lui donner une direction claire ?
Gaël Golhen
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FANTASMES ET FANTÔMES ★★☆☆☆
De Noël Herpe
Fantasmes et Fantômes est un film expérimental composé de trois pièces courtes : un comédien raconte ses exploits au théâtre dans les années 1900 ; deux femmes sont terrifiées à l’idée d’être seules avec un enfant dans une maison isolée à la campagne ; deux journalistes entrent dans une clinique psychiatrique pour interroger son directeur. Son réalisateur, Noël Herpe, un amoureux des mots et de littérature, domine chacune des trois intrigues, à travers son jeu, parfois sérieux, parfois décalé, dans le but de montrer les joies et la folie du théâtre. Le dispositif cinématographique utilise l’image de différentes manières dans chaque épisode, passant de la carte postale à des plans serrés, qui enferment les personnages dans le cadre, jusqu’à l’évasion dans le dernier acte. À travers une vraie création technique, qui joue sur l’espace de la scène, Noël Herpe tente de développer un regard nouveau sur la théâtralité. Néanmoins, cette ambiguïté entre cinéma et théâtre, parfois maladroite, peut être incomprise et provoquer un décalage avec le spectateur.
Maxime Kasparian
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