Les références de Planète B : Les Fils de l'homme, Le Prisonnier, Far Cry, Black Mirror...
UIP/Ubisoft/Le Pacte/ITV/Netflix

Rencontre avec Aude-Léa Rapin, la réalisatrice d'un film de SF au féminin captivant.

Adèle Exarchopoulos (L'Amour ouf) se réveille dans une prison virtuelle avec ses "complices éco-terroristes". Comment pourront-ils s'échapper ? Aude-Léa Rapin signe un film d'émancipation ambitieux avec Planète B, porté également par Souheila Yacoub (Climax, Dune...). Une oeuvre choc qui dépeint un univers pas très éloigné de notre société actuelle, mais tout de même assez futuriste pour amener les spectateurs à réfléchir au monde moderne sans pour autant leur tendre directement un miroir relatant des faits réels.

Rencontrée au festival de Sarlat le mois dernier, la scénariste et réalisatrice nous a confirmé qu'une bonne partie de Planète B était née des véritables crises rencontrées dans nos sociétés, mais qu'elle tenait à mêler cela à de la SF, un genre dont elle est particulièrement friande depuis son adolescence, qu'elle soit littéraire ou cinématographique. Elle évoque aussi d'autres formes artistiques qui ont pu l'inspirer pour ce film, des jeux vidéo aux expos d'art moderne, et nous détaille sa rencontre "très particulière" avec un lieu d'exception : un hôtel de la côte d'Azur qui deviendra le décor des scènes clés de son film.

Nous partageons ses multiples références ci-dessous, de la moins spoiler à la plus spécifique.


Rabia et Planète B triomphent au festival de Sarlat [palmarès]

Réalisme et identification

Le point de départ de Planète B est né de considérations très réelles, explique d'emblée sa créatrice, avant même d'évoquer ses influences de fiction.

"Utiliser le terrorisme pour éteindre toute contestation politique dans une société, c'est ultra malin politiquement et extrêmement dangereux. Et ça, ça été le point de départ pour moi. Réfléchir à un film qui allait poser cette question, tout en la mélangeant à d'autres, comme le réchauffement climatique, par exemple. Je voulais un monde pas si futuriste, plus proche et plus crédible par rapport à ce qu'on vit aujourd'hui. Toute cette jeunesse qui se mobilise pour son avenir face à l'état du monde, à la pollution.

On a commencé à voir apparaître ce terme d'"éco-terrorisme" être repris dans nos démocraties comme s'il était une évidence absolue. C'est quelque chose que je trouve extrêmement inquiétant. Le glissement de ce que ça suppose de la démocratie, de l'état de droit... Cette pensée se propage. Donc avant de parler des références, je me dois de partir de la réalité. Parce que j'ai d'abord pensé le fond avant la forme. Mais sans la négliger pour autant.

La fonction même de la science fiction, c'est de faire un pas de côté, de nous faire nous déplacer par rapport à une réalité frontale tout à fait contemporaine et pour mieux regarder cette réalité. Sinon, ce n'est pas de la science fiction, c'est du fantastique ou du film d'horreur, le type de genres qui sont plus dans des recherches de sensations. La SF, c'est un parallèle entre ces propositions divertissantes et cette possibilité d'interroger la société ou les enjeux qui sont les nôtres aujourd'hui.

Le dernier point crucial, c'était de raconter tout cela à travers le parcours d'un personnage, en l'occurrence celui de Souheila, ce que ça suppose sur l'exil dans des sociétés qui ne peuvent ou qui ne savent plus comment respecter le droit d'asile. Je pense que je suis un produit de l'évolution de l'époque, et j'ai trouvé ça vraiment génial de pouvoir me lancer dans la science fiction française, qui est un genre pas du tout dans notre ADN ou notre tradition. Je crois qu'on est toute ne génération écrasée par des références américaines, ces films à gros budgets comme on n'en fait jamais ici. Aujourd'hui, on peut quand même monter nos projets avec nos moyens, même si bien sûr on ne jouera pas dans la même cour que Blade Runner ou Matrix... Qui sont forcément des références tant on les a vus et revus en grandissant.

En plus on peut proposer aux spectateurs de s'identifier à des personnages féminins. Ça, c'est davantage lié à la popularisation des jeux vidéo, je vois bien autour de moi que de plus en plus de jeunes joueurs choisissent d'incarner des personnages féminins, parce qu'elles ont d'autres fonctionnalités par exemple. Je n'ai pas d'exemple de jeu précis en tête à ce propos, mais c'était présent dès le début cette idée de suivre le parcours d'une femme."

Planète B Aude Léa Rapin
Abaca

Les fils de l'homme (Alfonso Curaon, 2006)

"C'est une chose d'adorer la SF, c'en est une autre de pouvoir citer des références exactes pour un film, parce que ça part dans plein de directions différentes. J'en ai une qui était là dès l'écriture, sur cette idée de comment projeter un futur qui se paupérise et non pas un futur où il y a des voitures qui volent dans le ciel comme dans Le Cinquième élément, ou des choses improbables, dont on est à peu près sûrs qu'elles se produiront pas. Cette paupérisation du futur, je la retrouve très fort dans Les Fils de l'homme, qui me semblait être une référence en terme de décor pour tout l'aspect réalité du film. C'est un film super intéressant sur le fond, mais aussi par son ambiance visuelle, parce que ça se passe avec des matériaux simples : des bâches, du feu, de la récup... On a beaucoup travaillé sur tous ces aspects avec l'équipe."

Le Prisonnier

"Sur le récit en lui même, la série The Prisoner a beaucoup joué. Je l'avais vue longtemps avant de commencer à écrire, donc je n'ai pas compris tout de suite à quel point elle m'avait influencée, mais après coup, c'est parfaitement le cas. Cet homme qui se réveille dans ce village magnifique, on ne sait pas trop où en Irlande. Cet endroit est trop beau, sauf qu'il ne peut pas du tout en sortir, C'est vrai que c'est le point de départ de mon histoire. En fait, avant même de concevoir ce film, je voulais écrire l'histoire d'une femme qui se réveille dans cet hôtel et qui ne sait pas pourquoi elle est là, ni comment en sortir. Forcément, là, j'ai trouvé des liens."

Netflix

Black Mirror

"Ce qui est intéressant dans cette anthologie, c'est que le concept de réalité virtuelle peut y être décliné de façon terrible ou très douce. Vous voyez l'épisode San Junipero ? Ceci dit je ne citerais pas vraiment cette série comme référence directe, parce que je pense que ça y est, on est rendus dans l'ère de l'intelligence artificielle et de la virtualité. J'avais choisi l'année 2039 pour bien marquer un écart avec le monde actuel, mais c'est presque trop tard, j'ai l'impression. Ca avance si vite en termes de nouvelles technologies.

Ce qui a fait naître le titre, c'est qu'on a cherché une Planète B partout dans l'univers pendant des décennies. On y a investi des milliards de dollars. Et en réalité, pendant le Covid, c'est là que j'ai réalisé que cette Planète B virtuelle, elle existait déjà, en fait. On était en train de plonger dans des mondes virtuels. On peut penser à des choses du domaine de la fiction, mais aujourd'hui, c'est incroyable le nombre d'heures passées sur nos téléphones. Voir cette addiction qui court chez tout le monde, voir le portable devenir le prolongement de vous-même, ça interroge. Quand vous êtes dans une rame de métro à Paris, la majorité des usagers sont sur leur téléphone. Alors ok, ce ne sont pas encore des casques de réalité virtuelle, mais il y a des lunettes connectées. Tout le monde a un casque sur la tête pour écouter de la musique et un téléphone dans la main, presque plus personne ne lit de livres dans les transports. On se sent vulnérable dès qu'on l'oublie... Ne pas pouvoir contacter ou être contacté, ça nous rend fous.

On voit apparaître cette virtualité dans tous les sens possibles, aussi bien dans le sens positif que négatif. Parce qu'elle nous a permis plein d'avancées. Dans le domaine médical, par exemple. Et je pense que d'une manière générale, c'est plus chouette de vivre comme on vit nous que comme nos arrière grands parents en termes de confort, de communication... Et en même temps, allez dire ça à un Ouïghour qui est fiché du matin jusqu'au soir par l'état chinois grâce à la technologie. Ces questions sont devenues extrêmement délicates. En ce moment, on peut voir à Beyrouth ou à Gaza, des gens qui sont bombardés, et ces bombes sont pilotées par l'intelligence artificielle, comme s'il n'y avait plus d'êtres humains derrière. Quand on transpose la nouvelle technologie aux décisions carcérales, c'est plus difficile de la défendre dans son dark side."

Good Time, des frères Safdie (2017)

"C'est quand même délicat en SF de citer des références qui soient européennes ou françaises. En cinéma par exemple, j'en ai peu pour ce film et j'ai un peu honte de ça. Par contre, j'ai des inspirations étranges comme la façon dont a été éclairé Good Times, des frères Safdie. C'est quelque chose qu'on travaillait beaucoup avec ma chef op' (Jeanne Lapoirie, ndlr), en se disant : 'On sculpte le noir avec des couleurs hyper éclatantes.' On voulait des bleus, des rouges, qu'on assume vraiment la couleur, mais que l'univers reste sombre. Le travail qui avait été fait sur la lumière de Good Times était vachement intéressant, on a décortiqué ce qu'avait conçu Sean Price Williams."

Planète B
Carole Bethuel / Le pacte

Les expositions de Do Ho Suh

"J'ai aussi des références artistiques, comme cette artiste japonaise qui fait des structures en tissu avec des transparences. En voyant ses œuvres, ça a fait naître le sas dans lequel mon héroïne doit se déshabiller à chaque fois qu'elle rentre dans la base militaire. On a fabriqué ça avec des rouleaux de bâche, de récup, qu'elles ont installé à la déco de manière à ce qu'on ait cette transparence des corps. On a l'impression d'être dans un aquarium un peu, et ça, c'est de l'art contemporain plus que du cinéma."

Punishment Park de Peter Watkins (1971)

"C'est un film que j'ai toujours trouvé super intéressant sur la réflexion sociétale. Parler d'aujourd'hui par le biais de la prison, en interrogeant la façon dont on incarcère les gens. Ce qu'on propose comme forme de carcéralité, ça en dit beaucoup de la société dans laquelle on vit et ce film est super important pour moi. Il me permet aussi de faire 'un pas de côté', par rapport à la réalité, et ça, ça me semblait crucial sur ce projet en particulier : utiliser le genre pour parler de la capacité de l'humain à faire des choses terrifiantes. Pour moi, c'est le film parfait de la prison tout en étant absolument décalé par rapport à la réalité."

Attention, à partir d'ici, Aude-Léa Rapin évoque plus en détails certaines scènes clés de Planète B. Mieux vaut lire la suite APRES avoir vu le film.

Far Cry 3
Ubisoft

Far Cry et lieu existant

"Cette maison, c'est une anomalie dans le paysage. C'est un endroit où on pourrait se croire au Brésil ou en Italie. Il existait quasiment tel quel, on est intervenu un peu en décor dessus, mais très peu. C'est un endroit que j'ai découvert en 2009 après avoir présenté mon premier long à Cannes (Les Héros ne meurent jamais, avec Adèle Haenel, ndlr). En montant dans un TER qui faisait Cannes-St Raphaël, j'ai vu cet endroit par la fenêtre du train et je me suis arrêtée à la première station que j'ai trouvée. Je suis revenue à pieds et j'étais la seule cliente, c'était très particulier. Tout était dans son jus, ça tombait en ruines. En plus, il y avait des méduses plein la Méditerranée, on ne pouvait pas se baigner. Bref, c'est là qu'est née l'idée : ça ferait quoi se réveiller là et ne pas savoir comment on y est arrivé. C'était vraiment très étrange. On a pu tourner dans ce lieu dont on a compris l'histoire après. On a eu de la chance que les propriétaires se prêtent au jeu parce que c'était compliqué d'arriver en leur disant que leur hôtel allait être utilisé comme décor d'une prison, un lieu de torture. Mentale, certes, mais enfin c'est pas la pub du siècle !

Une fois qu'on avait découvert ce décor si particulier, ça m'a immédiatement rappelé Far Cry. Les premières saisons du jeu datent des années 2000, et on y était toujours envoyé dans des endroits incroyables, où on serait allés en vacances normalement, en claquant toutes nos économies. Aller passer deux semaines à Hawaï, par exemple. Sauf qu'au début de chaque mission, on comprenait qu'on était débarqué dans une sorte d'enfer, on était là pour s'entretuer. C'était au coeur du concept de ce jeu de transformer le paradis en enfer, il en faisait sa marque de fabrique.

En arrivant dans ce décor d'hôtel sur la Côte d'Azur, il y avait vraiment cette même ambiance bizarre, notamment par le fait qu'il y avait des drapeaux français partout, là où dans le jeu les drapeaux changeaient en fonction des missions, si on était envoyés en Amérique du Nord ou à Porto Rico. Sous l'hôtel, il y avait cette eau turquoise, la piscine était magnifique, il y avait cet aspect paradisiaque, et en même temps des détails un peu glauques, des choses pas à leur place...

Je cite Far Cry, mais paradoxalement, je voulais absolument sortir de l'esthétique du jeu vidéo, ne pas rentrer dans une caméra subjective de jeu, qui avait déjà été fait, et me paraissait avoir 100 ans. C'était déjà daté comme comme idée. Au contraire, j'aimais ce concept de réalité virtuelle hyper réaliste, qui fait que quand on est enfermé dedans, on ne sait même pas qu'on y est. Tout fait tellement vrai."

The Card Counter de Paul Schrader (2021)

"Le film avec Oscar Isaac, ça aussi, ça montrait bien puissance de la torture, notamment mentale, qui a été 'testée' à Guantanamo. En plus, ça en commun avec Planète B de ne pas parler pas de prisonniers de droit commun. On parle de gens qui sont qualifiés de terroristes et sur lequel s'applique dans un cas la loi martiale, dans l'autre, on les considère comme des éco-terroristes, et on les place dans le même système que s'ils étaient des djihadistes. Effectivement, il y a cette perte de repères. A partir du moment où on a accolé le mot 'terrorisme' à ces éco activistes, on peut leur faire n'importe quoi jusqu'à les rendre dingues, dans le but de les faire parler. Ce qui était exactement l'objectif de Guantanamo, on le voyait bien dans le film de Paul Schrader. La torture est utilisée pour obtenir des informations de ces gens-là et surtout d'obtenir que quand ils sortiront de là, ils seront devenus inoffensifs tellement ils auront été brisé. Mon film parle de ça aussi. De l'être humain brisé."

Le joueur d'échecs, de Stefan Zweig (1943)

"J'avais pas fait le rapprochement, mais il y a un livre qui m'a énormément marquée adolescente : Le joueur d'échecs, de Stefan Zweig. Planète B c'est tout à fait un pur produit par extension. La question de la torture mentale. Le fait d'être torturé la nuit, dans la délation le jour... Tout cela fait qu'il n'y a plus de tranquillité possible. La perte de repères par rapport aux dates, à l'heure qu'il est..."

Adèle Exarchopoulos Planète B
Le Pacte Carole Bethuel

Battle Royale (le type de jeux, plus que les mangas et les films)

"Parmi les jeux vidéo, il y a évidemment les Battle Royale. Dans le film, il y a aussi cette idée que quand ça dégénère, bah comme c'est du jeu vidéo, on peut se permettre toute la violence. On a souvent cru que le jeu vidéo inspirait la vie, que ça pouvait créer des problèmes, comme dans Elephant, qui interroge le comportement de celui qui prend des armes pour tuer dans un jeu, et qui commence à les prendre à l'extérieur. Maintenant, le jeu vidéo est en train inspirer le cinéma et les séries. The Last of Us, c'est un peu le même concept. On est plongés dans ce vaste monde, avec ces gens qui essaient de survivre à une catastrophe mondiale et qui, en fait, finissent par s'entretuer.

A propos de ça, il y a un livre que je peux citer qui m'a extrêmement marquée, c'est Malevil de Robert Merle (1972) qui dit exactement ça. Ca se passe dans le Périgord après une catastrophe nucléaire. Il y a cinq ou six survivants dans la crypte d'un château, en train de prendre une cuite. Et ils perdent connaissance parce qu'il fait trop chaud soudainement. C'est très bizarre ce qui leur arrive. Quand ils se réveillent, le monde autour d'eux a entièrement brûlé. Sauf qu'il s'avère qu'ils ne sont pas les seuls survivants. Il y a une poignée d'autres gens qui survivent un peu dans les ruines du monde et tous ces gens-là ne vont pas réussir à s'entendre. Au lieu de survivre ensemble, ils vont commencer à s'entretuer. C'est un livre que j'ai eu longtemps envie d'adapter. Mais il a déjà été fait il y a un demi-siècle avec Jacques Villeret (en 1981, avec aussi Michel Serrault, Jacques Dutronc et Jean-Louis Trintignant). Il montre bien à quel point c'est hyper dur dans l'adversité et dans la torture de faire cause commune. La torture, c'est terriblement efficace. Il y a des études qui montrent que très peu de gens sont capables de résister à cela."

Jeunesse russe et génération déchue

"Les tatouages de Gudane (le personnage de Jonathan Couzinié, déjà dans son premier film) ne sont pas liés au hasard. Le mot en cyrillique, Бладс/Blads, c'est l'équivalent de 'fuck' en russe. Je me suis imaginée un pur produit né dans les années de la guerre en Ukraine. Un Russe, d'une famille dissidente, qui se retrouve à vivre en Europe et qui n'a jamais pu réintégrer la Russie. Avec ses tatouages, il s'adresse à sa langue maternelle, à sa colère de l'état du monde dans lequel il vit. Ca avait du sens, de parler de ces jeunes, qui se disent : 'On sera toujours russe, donc du mauvais côté de l'histoire et en même temps on a subi, on est des immigrés, on est des gens qui ne vivons plus chez nous à cause d'un pouvoir politique horrible. On est une jeunesse désabusée, volée, qui doit faire semblant de pas être russe au quotidien.'

Le 13, ça vient aussi d'une identification à cette jeunesse un peu Lil peep, ce chanteur, qui est mort d'une overdose à seulement 21 ans et qui était très tatoué. Ce genre de chiffre correspond au nombre d'amis morts, ce n'est plus forcément le signe des cartels ou des gangs, mais ça illustre des drames vécus très jeunes, comme s'il inscrivait sur sa peau : 'Je suis à peine majeur, je viens d'un milieu prolétaire et je suis déjà très marqué par la vie.' Je trouvais que ça disait d'emblée quelque chose de ce personnage."

En bonus : la musique de Bertrand Bonello

"D'habitude, il est compositeur sur ses propres films, et j'ai eu très vite envie de lui proposer d'imaginer les thèmes du mien. Et là j'ai découvert que c'est quelque chose qui lui est très peu demandé. C'était génial cette collaboration, parce qu'il est réalisateur et qu'il comprend les enjeux de comment amener la musique intelligemment, sans que ce soit la dernière roue du carrosse. On travaille souvent la musique à la toute fin du film, donc il peut y avoir ce ressenti, mais là ce n'était pas du tout le cas, on a vraiment bossé ensemble, et elle accompagne parfaitement l'ambiance de mon film."

Pourquoi Grenoble ?

"On m'a beaucoup demandé pourquoi j'avais choisi cette ville pour représenter l'un des épicentres de la contestation, si ça découlait d'une décision politique, mais c'est beaucoup plus terre à terre que ça, en fait. J'aurais aimé couper en deux mon tournage : faire la partie estivale dans la maison du sud, puis une pause de trois mois, attendre l'hiver pour faire la partie dans le monde réel, histoire qu'il y ait vraiment un décalage de décor entre les deux. Mais c'était impossible, on avait deux mois de tournage en tout. En gros, un mois pour l'univers virtuel et un mois pour le monde réel. J'avais la chance d'avoir trouvé ce décor unique sur la Côte d'Azur et donc il fallait que je cherche, dans cette même période de mars avril, quel était l'endroit de France le plus hivernal, le plus éloigné de l'ambiance de cet hôtel. J'ai alors cherché une ville en montagne et Grenoble s'est imposée parce qu'on a pas d'autres en France qui soient une aussi grosse agglomération, avec les montagnes autour, qui évoque aussi fortement la pollution. Il y a une pierre très noire, c'est dans une cuvette... C'était un choix esthétique et d'organisation de tournage, plus qu'un choix politique."

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