Le succès de Thomas Lilti revient ce soir sur Arte.
En 2014, Thomas Lilti a été acclamé pour Hippocrate, dont le réalisme a été salué par la critique et le public, tout comme ses comédiens, tous justes, Reda Kateb en tête. Le réalisateur a alors poursuivi sur la même voie en tournant Médecin de campagne, avec François Cluzet, et en déclinant Hippocrate en série. Voici notre critique du film original, qui reviendra ce soir sur Arte.
D'Un Prophète à Hippocrate : L'ascension discrète de Reda KatebBenjamin commence son internat de médecine dans le service dirigé par son père, brillant mais peu disponible. Aux illusions du début succèdent les doutes, les fautes et l’impression de ne pas être à sa place.
Oubliez Dr. House : la médecine hospitalière, la vraie, celle de tous les jours, est pratiquée par des gens normaux qui accomplissent des gestes routiniers et qui doivent se coltiner de la paperasse. Pas de superhéros du scalpel donc ni de Sherlock Holmes du diagnostic dans le deuxième film de Thomas Lilti, médecin de formation qui s’est inspiré de ses années d’internat pour livrer l’état des lieux d’un secteur qu’il connaît bien. Et le constat fait un peu froid dans le dos, entre les problèmes de matériel, défectueux ou manquant, le surmenage du personnel soignant, le cloisonnement des services au détriment des patients... Le documentaire se mêle à la fiction comme aux plus belles heures de la série Urgences, avec une caméra sans cesse en mouvement, des acteurs investis, des dialogues précis, des enjeux dramatiques à chaque coin de brancard. Sous le couvert d’un film initiatique et d’émancipation (pas forcément ce qu’il y a de plus réussi), Hippocrate pousse un cri d’alarme à propos de ce pilier de la République qu’est l’accès gratuit aux soins, menacé par le corporatisme mesquin et la méritocratie à la carte. Le personnage le plus intéressant de l’histoire n’est-il pas Abdel (formidable Reda Kateb), ce médecin étranger obligé de repasser par l’internat pour obtenir son équivalence ? D’abord arrogant, mais toujours sincère et droit, produit de la mondialisation, il finit par incarner le futur d’une institution malade obligée d’inciser ses fondamentaux, de s’ouvrir littéralement aux autres pour demeurer opérable. Et opérante.
Thomas Lilti : « Le médecin de campagne est un superhéros ordinaire »
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