Un polar "mindfuck" qui se joue grossièrement du spectateur, tout en le scotchant à son écran.
Si Mon amie Adèle était sorti en Direct-to-DVD il y a 10 ans, on l'aurait aisément qualifié de nanar, en prenant bien soin de l'oublier sur le coin d'une étagère poussiéreuse. Mais au temps du streaming, cette adaptation du roman de Sarah Pinborough se décline en une mini-série Netflix habilement produite. Un thriller qui colle aux basques et dont on peine à se défaire. Tant et si bien que Behind Her Eyes (de son titre original) s'est fait une place de choix dans le Top 3 des sorties Netflix, depuis sa sortie il y a deux semaines.
L'histoire commence comme un ménage à trois classique. Louise, divorcée, mère célibataire qui a globalement renoncé à toute vie amoureuse, sort un soir et tombe par hasard sur le beau David, qui vient d'emménager dans le quartier. Ils échangent un baiser, mais le lendemain, Louise se rend compte qu'il est son nouveau patron. Le nouveau psy du cabinet pour lequel elle travaille. Et par-dessus le marché, David est marié. Sa femme Adèle, semble en proie à quelques troubles psychologiques et leur union ne tient visiblement qu'à un fil. Mais Adèle va à son tour tomber sur Louise, et les deux femmes vont petit à petit se rapprocher, jusqu'à devenir très amies...
Scénariste de Hannibal et showrunner de The Punisher, Steve Lightfoot signe un thriller psychologique assez perturbant, mais à l'énergie folle communicative. Un soap qui vire au polar façon Liaison Fatale avant de tirer de manière étonnante vers le paranormal. Mais chut ! Surtout, il ne faut pas en dire plus. Car Mon amie Adèle aime les secrets. Elle cultive la science du twist comme un art à part entière et se délecte au fil de ses 6 épisodes à emmener le spectateur sur de fausses pistes, pour mieux le surprendre.
La méthode est parfois un peu grossière, Mais il faut avouer qu'on se laisse facilement prendre au jeu. Parce qu'on sait que la mini-série est limitée, courte (environ 5 heures en tout et pour tout). On sait qu'elle ne cherchera pas à nous mener par le bout du nez indéfiniment, alors on suit volontiers Mon amie Adèle au bout de son labyrinthe. Un dénouement final efficace, mais qui va diviser. Car la série se travestit brutalement, change de genre sans prévenir et s'arrange des règles du jeu de manière quasi absurde. Aussi surprenant que frustrant puisque Mon amie Adèle sacrifie au passage les sulfureuses relations humaines qu'elle s'était efforcée de peindre dans les premiers épisodes.
Mais au moins, le choix est assumé. Et rien qu'avec le regard follement perturbant de Eve Hewson, la fille de Bono (oui le chanteur de U2), Mon amie Adèle ne vous laissera pas de marbre.
Commentaires