Ce qu’il faut voir cette semaine.
L'ÉVÈNEMENT
SOLO : A STAR WARS STORY ★★☆☆☆
De Ron Howard
L'essentiel
Que vaut le nouveau spin-off de Star Wars ? Critique sans spoilers.
"Réalisé par Ron Howard". Ce nom au générique suffira à faire rager ceux qui voulaient que Solo soit shooté par les deux réals hype de 21 Jump Street et La Grande Aventure Lego, Phil Lord et Chris Miller, virés en plein tournage pour avoir oublié qu'ils ne faisaient pas un film à eux, à la déconne, mais qu'ils étaient employés de Lucasfilm pour faire un boulot. Le vétéran Howard, lui, est là pour faire le job. Compagnon de longue date de George Lucas, le réalisateur a donc été chargé de terminer le deuxième film dérivé de Star Wars consacré à la jeunesse de Han Solo.
Sylvestre Picard
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PREMIERE A ADORÉ
LE CIEL ETOILE AU-DESSUS DE MA TETE ★★★★☆
D’Ian Klipper
Dans une société où tout le monde se regarde vivre selon des critères hyper normés, subsistent encore quelques punks, des rebelles, des purs. Bruno est de ceux-là. Quinquagénaire fringant, il passe sa vie chez lui en slip, à se faire du thé et à écrire son nouveau roman. Il y a vingt ans, Bruno a commis Le ciel étoilé au-dessus de ma tête, qui l’a propulsé au sommet de la gloriole littéraire. Mais depuis, rien. Zéro. Délaissé par la win, Bruno gribouille, jette et recommence. Sans thune, seul, refusant tout compromis, il s’acharne. Jusqu’au jour où ses proches, inquiets, déboulent avec une psy chargée d’évaluer s’il faut ou non l’interner. La première fiction d’Ilan Klipper (qui vient du documentaire) est un vrai geste de cinéma. Entier, libre et radical, à l’instar de son héros, le film danse sur une ligne de crête séparant réalité et fantasmagorie. Il fusionne ainsi avec son sujet même : une exploration in vivo de ce qu’est la création, savant mélange entre maîtrise et lâcher-prise. Les affres de l’inspiration s’incarnent dans une mise en scène joyeusement foutraque, directement câblée au cerveau halluciné de Bruno. Magistral dans chaque plan, Laurent Poitrenaux s’impose comme un croisement inédit entre le Hugh Grant de Coup de coup de foudre à Notthing Hill (beauté pâle de grand lecteur, veste en velours, tempérament pépère) et son coloc’ hirsute Rhys Ifans, dont il a la silhouette dégingandée, le flegme grandiloquent et la capacité d’émerveillement belle à pleurer. Rendez-vous aux prochains César.
Anouk Féral
PREMIÈRE A AIMÉ
GUEULE D’ANGE ★★★☆☆
De Vanessa Filho
Vanessa Filho vient de la photographie et du clip. Un péché véniel pour nombre de critiques au festival de Cannes (où il était présenté dans la section Un Certain Regard) qui ont descendu en flammes l’esthétique jugée trop clippesque de sa première réalisation. Un raccourci un brin convenu et simpliste car, à travers ce parti pris d’une atmosphère colorée et clinquante, flirtant volontairement avec le kitsch, Vanessa Filho ne fait que traduire le monde tel que le voit son héroïne.
Thierry Cheze
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LA FETE DES MERES ★★★☆☆
De Marie-Castille Mention-Schaar
Est-on obligé d’aimer son enfant tout de suite? Qu’est-ce que ça fait de voir sa mère vieillir ? A travers les destins croisés de plusieurs mamans d’aujourd’hui, Marie-Castille Mention-Shaar tresse la toile d’une communauté de femmes qui se débattent avec la maternité. Il y a d’abord, le symbole : la femme présidente de la République (Audrey Fleurot). Elle vient d’accoucher et doit apprendre à concilier sa fonction aux contraintes qu’implique un nouveau-né. Il y a la femme sacrifice (Carmen Maura) qui toute sa vie s’est dévouée pour ses enfants et les enfants des autres. La journaliste (Clotilde Courau) les a, au contraire, négligés. Et puis, il y a celle qui ne veut pas d’enfant (la trop rare Olivia Côte), professeur d’histoire de l’art qui nous révèle les origines de la fête des mères. Ces instantanés de vie nous saisissent, nous émeuvent. Nicole Garcia est époustouflante en génitrice distante qui refuse de se faire envahir par un fils possessif (Vincent Dedienne) ; Marie-Christine Barrault est renversante en mère qui perd peu à peu la boule. Marie-Castille Mention-Shaar, réalisatrice qui prend à bras le corps les sujets d’aujourd’hui (le vivre ensemble dans Les héritiers, l’enrôlement des lycéens par les djihadistes dans Le ciel attendra), propose un nouveau film très actuel qui interroge notre rapport à la plus intime part de notre vie. Un rapport fait d’amour et de malentendus, mais dont forcément on ne peut pas se passer. La scène de la maison de retraite est à cet égard absolument bouleversante. On sort du film, les larmes aux yeux, avec l’envie folle de courir embrasser sa mère.
Sophie Benamon
MANIFESTO ★★★☆☆
De Julian Rosefeldt
A l’origine, Manifesto est une installation cinématographique de l’artiste Julian Rosefeldt. On y voit Cate Blanchett interprétant 13 personnages, allant du punk au sans-abri, en passant par une scientifique, une présentatrice télé ou une veuve. Chacun d’entre eux récite, à sa façon, des manifestes connus, politiques, artistiques ou autres, dans des segments d’une durée fixe de 10min et 30 secondes. Ainsi retrouve-t-on ceux de Tristan Tzara, Karl Marx, Lars Von Trier, Jim Jarmusch, Paul Eluard ou Guy Debord, par fragments, pour évoquer, en tout, 12 grands courants de pensée ou artistique allant du situationisme au Pop Art, en passant par le surréalisme ou le dadaïsme. Projetée pour la première fois à l’Australian Center for the Moving Image à Melbourne en 2015, puis à Berlin et à New York, l’oeuvre qui tenait plus de l’art contemporain que du septième (art) a finalement eu droit à sa version salle, réarrangée en 90 minutes. Si, de prime abord, le parti-pris semble pompeux et peu adapté à la salle, la présence de Cate Blanchett valide ce passage par la case cinéma. On retrouve son charisme, sa voix grave et le physique caméléon, dont elle avait déjà usé dans I’m not there en incarnant Bob Dylan. Mais c’est surtout le fond, cette capacité à amener ces manifestes connus sur des terrains très triviaux (un enterrement, un journal de 20h…) qui leur permettent de résonner sous un jour nouveau, dépourvus des aprioris que l’on pourrait avoir sur eux. Les mots sonnent, et on les écoute comme si on les entendait pour la première fois.
Perrine Quennesson
MUTAFUKAZ ★★★☆☆
De Guillaume Renard et Shojiro Nishimi
Dans une ville tentaculaire et imaginaire de Californie, un mutant livreur de pizza est traqué par des Hommes en noir ultraviolents. La plongée dans l'univers visuel de ce film d'animation adapté d'une BD et produite par les français d'Ankama (Dofus) est un plaisir certain : animé à l'ancienne par une bande d'animateurs et de designers japonais au CV glorieux, cette relecture d'Akira en version trash est un très chouette bonbon visuel. Le décor de Dark Meat City, délire cyberpunk parfum West Coast, est une vraie création, sale et vivante, digne héritière du Néo-Tokyo d'Otomo. Un énorme plaisir décoratif qui compense les dialogues platement explicatifs et gras, et le traitement terriblement expéditif des personnages féminins -enfin, du seul personnage féminin réduit à un McGuffin hypersexualisé.
Sylvestre Picard
PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ
LE CERVEAU DES ENFANTS ★★☆☆☆
De Stéphanie Brillant
Des neuroscientifiques et des psys expliquent comment les émotions liées à l’enfance façonnent l’identité des futurs adultes que nous sommes... Une approche intéressante (mais galvaudée maintenant) que la cinéaste traite de façon un peu trop sérieuse et universitaire. Et pourquoi n’avoir choisi que des intervenants américains dont la conception des choses repose sur des valeurs assez conservatrices ?
Christophe Narbonne
QUIET PEOPLE – UN JOUR A ZAGREB ★★☆☆☆
De Ognjen Svilicic
Tabassé par un étudiant de son lycée, le jeune Tomitza décède à la suite de ses blessures. Long à démarrer, le film de Ognjen Svilicic qui s’inspire de faits réels, met en scène Ivo et Maya, les parents du défunt abandonnés par les institutions alors qu’ils tentent d’honorer la mémoire de leur fils. Malgré cette intrigue forte et une interprétation bouleversante, Quiet People - Un jour à Zagreb tombe un peu à plat : des dialogues plus inspirés et plus « d’action » n’auraient pas nui. La fin du film, palpitante, en apporte la preuve.
Alexandre Bernard
PREMIERE N’A PAS AIMÉ
BIENVENUE EN SICILE ★☆☆☆☆
De Pif
Pif, aka Pierfrancesco Diliberto, est une personnalité inconnue de ce côté-ci des Alpes que ce film ne devrait pas contribuer à populariser. Auteur, réalisateur et acteur de cette farce poussive, il incarne un soldat américain d’origine italienne qui s’engage dans l’armée en 1943 pour rencontrer le père sicilien de celle qu’il convoite. Sous couvert de dénoncer le pacte passé par l’armée US avec la Mafia pour faciliter le débarquement en Méditerranée, Pif s’attache surtout à caricaturer ses compatriotes avec un humour régressif assez pitoyable. Bienvenue chez les beaufs.
Christophe Narbonne
Et aussi
Frontières d’Apolline Traoré
Hubert Reeves, la Terre vue du coeur de Iolande Cadrin Rossignol
Reprises
Une certaine rencontre de Robert Mulligan
Le Voyeur de Michael Powell
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