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Frank Underwood est-il pire que l'actuel locataire de la Maison Blanche ?

"Sauver la nation d'un tyran !" Quand Beau Willimon publie ces mots sur Twitter, ce n'est pas pour parler de son personnage déjà culte, Frank Underwood, mais bien de Donald Trump. Fervent opposant au nouveau Président élu le créateur de House of Cards réclame publiquement, depuis des mois, l'éviction du milliardaire - via une "mesure d'Impeachment" par le Congrès des États-Unis. "Pour sauvegarder l'égalité pour tous et les droits inaliénables de la vie, de la liberté et de la poursuite du bonheur contre le sectarisme et la corruption, afin que notre gouvernement continue à tirer son pouvoir du consentement des gouvernés plutôt que de l'autocratie", écrit carrément Beau Willimon, dans une "Déclaration de résistance".

House of Cards : la bande-annonce de la saison 5

On ne sait pas si Donald Trump est fan de House of Cards, comme la plupart des politiques. Mais une chose est sûre : House of Cards n'est pas du tout fan de Trump ! Pourtant, l'élection de cet improbable Président a grandement servi la série Netflix. Elle a, en effet, donné une toute autre ampleur au drama et une résonance inquiétante à son terrible personnage central. Frank Underwood, horrible président de fiction, véritable cauchemar démocratique, est tout à coup devenu un glaçant miroir de notre réalité. Et House of Cards ne s'est pas privé de relayer ce drôle d'écho, brusquement sorti des (vraies) urnes américaines.

"We make the terror", assénait ainsi le compte Twitter de la série, le 20 janvier dernier. En ce jour d'investitude du Président Donald Trump, la série mettait en ligne, fort à propos, le tout premier teaser de sa saison 5 sur Twitter, et posait la première pierre de sa campagne, basée sur un argument de circonstance : Trump et Underwood, même combat ! En d'autres termes, si vous avez peur du nouveau Président, vous verrez, c'est encore pire dans l'Amérique d'House of Cards ! Ou comment utiliser le nouveau Président comme un argument promo massue.

"Parfois, une élection n'est qu'une illusion". Quelques semaines plus tard, à l'occasion du premier Presidents Day de l'ère Trump (le Jour des présidents est une fête nationale en l'honneur des différents présidents des États-Unis) , la série enfonçait le clou de l'analogie avec un teaser montrant Frank Underwood en train de prêter serment après avoir été élu au suffrage universel... avant de jeter un regard glaçant à la caméra et au peuple ! Comme pour souligner qu'un Président désigné par les urnes n'est pas forcément bienveillant. Surtout une bonne occasion de faire frissonner les fans du show, en s'appuyant sur l'inquiétante réalité de la vie politique américaine actuelle.

"Trump a volé toutes nos idées pour la saison 6 !". Robin Wright a renchéri ces derniers jours à Cannes, avec cette déclaration fracassante (citée par Deadline), reprise partout dans le monde. Un bon moyen de faire monter le buzz, juste au moment de la sortie de la saison 5, mise en ligne ce mardi 30 mai sur Netflix.

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"Comment pouvons-nous rivaliser avec Trump ?", s'amuse finalement Kevin Spacey, dans une interview avec le magazine américain TV and Satellite. "Il y a eu beaucoup de commentaires sur le fait que nous ne pourrions pas faire mieux que Trump. Que la série ne peut désormais plus être aussi intéressante et aussi folle que le monde réel. J'ai juste envie de répondre : attendez de voir ! Cette saison 5 est l'une des saisons les plus passionnantes que nous avons réalisées. Je n'ai pas été aussi excité depuis la première saison".

C'est certain, la série Netflix a ostensiblement joué avec les craintes suscitées par l'élection de Donald Trump, pour faire la promo de sa saison 5. Mais cet entrelacement entre réalité et fiction est aussi inscrit dans l'ADN d'House of Cards. Depuis sa création, le drama a indéniablement l'ambition d'être un miroir grossissant des travers de notre monde politique. Alors il a toujours pris un malin plaisir à rebondir sur les scandales et à se moquer des puissants. Comme lorsqu'il a dézingué Manuel Valls, suite à ses utilisations répétées de l'article 49.3. Ou comme lorsqu'il s'est gaussé de l'implication de David Cameron dans l'affaire Panama Papers. Avec Trump, le parallèle est devenu tellement énorme, que le plus étrange, aurait sûrement de ne pas le souligner.