L'affiche
Dès l'affiche - une Uma Thurman vénéneuse et fatale en mode <em>pulp</em> (petit roman noir bon marché populaire aux Etats-Unis) -, Quentin Tarantino nous faisait fantasmer.L'imposant casting annoncé sur la moitié du visuel achevait d'imposer le film comme LE projet-phare dans lequel tout comédien hollywoodien se devait d'avoir un rôle en cette année 1994.La projection du film à minuit lors du Festival de Cannes devant des spectateurs en délire créera le buzz autour du film qui ne cessera d'augmenter jusqu'à sa sortie en octobre.Le public, bien que prévenu par le succès cannois, allait découvrir ce que peut être une autre expérience de cinéma, un cinéma populaire et moderne, mélangeant les genres et les personnages. Un film qui allait révolutionner tout simplement la façon de raconter des histoires, de faire des films et de les financer.
Vincent Vega et Jules Winnfield
D'abord proposé à Michael Madsen (le Mr. Blonde de Reservoir Dogs) qui préférera aller tourner Wyatt Earp (un choix qu'il regrette encore aujourd'hui), le rôle de Vincent Vega devait ensuite échoir à Daniel Day Lewis, mais Quentin Tarantino finit par imposer John Travolta contre l'avis du producteur Harvey Weinstein.Ce rôle signera le retour au premier plan de la star de La Fièvre du Samedi Soir et donnera un second souffle à sa carrière, en berne au début des années 90.Le rôle de Jules Winnfield a été pour sa part écrit pour Samuel L. Jackson, et le duo de tueurs à gages fonctionne si bien que les deux acteurs ont été respectivement nommés à l'Oscar du meilleur acteur et du meilleur second rôle en 1995.Entre le Big Mac et les massages de pieds de l'un, et l'illumination prématurée de l'autre, les séquences cultes s'enchaînent pour les deux stars tout au long du film.
Ezechiel 25:17
<em>"La marche des vertueux est semée d'obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin surgir l'?uvre du Malin. Béni soit-il l'homme de bonne volonté qui, au nom de la charité, se fait le berger des faibles qu'il guide dans la vallée d'ombre, de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J'abattrai alors le bras d'une terrible colère, d'une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l'éternel quand sur toi s'abattra la vengeance du Tout-Puissant !"</em>
La mystérieuse mallette noire
Si plusieurs personnages se croisent tout au long de Pulp Fiction, toutes les histoires tournent autour d'une mystérieuse mallette noire que nos deux tueurs à gages doivent ramener à leur boss, le redoutable Marsellus Wallace.Une mallette qui fera quelques morts et qui sera le fil rouge de ces trois histoires imbriquées.Mais au fait ? Qu'y a-t-il dans cette mallette noire qui dégage une lueur éclatante et surréaliste ?Le mystère persiste 20 ans après.
Marsellus Wallace et Butch Coolidge
Quentin Tarantino envisageait d'abord Matt Dillon pour jouer le rôle du boxeur rebelle amoureux de sa jolie Française, mais Harvey Weinstein jugea Bruce Willis plus bankable et la star de <em>Die Hard</em> endossa parfaitement le costume de Butch Coolidge, brave type pris dans une histoire de paris truqués au compte de Marsellus Wallace, boss de la pègre campé par l'excellent et imposant Ving Rhames et son pansement culte sur la nuque.<em>- "Le soir du combat, tu sentiras comme une piqûre d'insecte. C'est l'amour-propre qui te turlupinera. L'amour-propre tu l'emmerdes ! L'amour-propre fait mal, il ne sert jamais à rien. Dans la cinquième, tu te couches."</em>
Le match truqué
Malgré les ordres de Marsellus Wallace (Ving Rhames), Butch Coolidge (Bruce Willis) n'en fait qu'à sa tête, et plutôt que de se coucher dans la cinquième reprise comme lui avait recommandé Wallace, il n'a pas trouvé mieux que d'envoyer au tapis son adversaire, qui ne se relèvera d'ailleurs jamais.Marsellus est hors de lui, il a perdu une fortune sur ce pari, et il envoie Vincent Vega (John Travolta) faire sa fête à Butch, ce qui causera plutôt la perte du tueur à gages addict aux chiottes.
Le Jack Rabbit Slim's
Marsellus Wallace (Ving Rhames), l'employeur de Vincent Vega (John Travolta), demande à ce dernier de "sortir" sa femme, Mia Wallace (Uma Thurman), pour lui faire passer du bon temps.La jeune femme décide d'aller au Jack Rabbit Slim's, un restaurant à la thématique années 50 qui emploie des serveurs sosies de stars de l'époque comme Ed Sullivan, Buddy Holly, James Dean ou encore Marilyn Monroe.Après être allée se repoudrer le nez aux toilettes, Mia dégustera avec délice son milkshake à 5 dollars.<em>- "Ils ont des milkshake à 5 dollars ??</em><em> - Mmh...</em><em> - Une boule de glace dans du lait ?... Ils mettent du bourbon dans le lait ?!"</em>
Le concours de twist
Scène culte par excellence qui permet aux fans du John Travolta de la grande époque d'admirer son déhanché légendaire et aux fans de Uma Thurman d'apprécier sa danse crawlée, la séquence du concours de twist (remporté par nos deux personnages) s'est imposée au fil du temps comme l'une des scènes les plus emblématiques de Pulp Fiction avec évidemment le cultissime <em>You Never Can Tell</em> de Chuck Berry sur lequel vous avez tous singé la chorégraphie de Vincent et Mia lors de vos soirées étudiantes. Si, si.
La piqûre d'adrénaline
Autre scène culte quand on évoque Pulp Fiction, la fameuse piqûre d'adrénaline dans le c?ur de Mia.Après avoir remporté le concours de danse, puis avoir testé l'héroïne de Vincent lorsque ce dernier philosophait aux chiottes quant à la "fiabilité" d'un homme de mains, Mia fait une OD et Vincent se retrouve avec un semi-cadavre sur les bras. Seule solution : emmener Mia chez son dealer Lance (Eric Stoltz, dément) pour l'a ranimée.Un démolissage de baraque et une scène surréaliste de loufoquerie plus tard, Mia reviendra à elle pour un petit secret qui restera bien gardé.<em>- "Excuse-moi, je vais rentrer chez moi faire ma crise cardiaque."</em>
La montre en or
Avant d'avoir les traits de Bruce Willis, Butch Coolidge était un enfant, un enfant qui a perdu son père à la guerre. Un ami de ce dernier, vétéran du Vietnam, lui ramène ce qui reste de son paternel, une montre en or qui allait devenir le bien le plus précieux pour Butch. Et pour cause, comme lui apprend le Capitaine Koons (Christopher Walken) lorsqu'il est enfant :- <em>"</em><em>Coolidge l'avait sur lui le jour où il s'est fait descendre en volant sur Hanoï. Ton père fut capturé et envoyé dans un camp de prisonniers. Si les niaks voyaient sa montre, elle lui serait confisquée. Il le savait, et pour lui il était clair que cette montre te revenait de droit. Et pour rien au monde il ne voulait que les niaks mettent leurs pattes sur ton héritage, le patrimoine de son fils, alors il décida de la cacher. Comme y avait pas d'autre cachette, il se l'est mise dans le cul. Fallait avoir du courage pour le faire, se la mettre dans le cul. Un jour, juste avant que la dysenterie le tue, il me donna la montre. J'ai alors caché ce vieux bout de métal dans mon anus deux années durant et, après sept ans d'absence, je pus retrouver ma famille. Et aujourd'hui, cette montre, je suis venu te la donner.</em><em>"</em>
Fabienne, la jolie Française
Après son match de boxe et avant d'aller rechercher sa montre en or dans son appartement (où l'attend sagement Vincent Vega pour le tuer), Butch Coolidge (Bruce Willis) retourne dans la chambre d'hôtel où se trouve Fabienne (Maria de Medeiros), son adorable petite Française qu'il chérit presque autant que la montre de son père.Un charmant et inattendu moment de tendresse dans un monde de brutes, où l'on se fait l'amour avec la bouche et où l'on s'endort en cuillère.Quentin Tarantino est aussi un romantique.
Marsellus et Butch vs. Zed et La Crampe
Alors qu'il vient de tuer Vincent Vega et de récupérer sa fameuse montre, Butch Coolidge (Bruce Willis) croise par hasard Marsellus Wallace (Ving Rhames) et ils se battent en pleine rue avant de poursuivre leur baston dans le magasin de Maynard. Ce dernier les braque alors et les attache dans la cave glauquissime de sa boutique en attendant son pote Zed (Peter Greene).Avec leur étonnant copain baptisé "La Crampe", Maynard et Zed vont faire passer un dur moment à nos deux anti-héros, et surtout au très viril Marsellus.
Le massacre de Marsellus
Alors que Butch (Bruce Willis) réussit à fausser compagnie aux deux pervers qui les séquestrent, il revient sur ses pas pour venir en aide à Marsellus Wallace (Ving Rhames) en train de se faire violer dans l'arrière-boutique.Il s'empare alors qu'une tronçonneuse, la repose, et jette finalement son dévolu sur un sabre japonais qui annoncera quelques années plus tard la vengeance d'une certaine Beatrix Kiddo (<em>Kill Bill</em>).Butch fait le ménage, sauve les fesses de Marsellus (enfin ce qu'il en reste), et par la même sa vie, Marsellus lâchant un cultissime : <em>"Maintenant quoi ? Je m'en vais te le dire, moi, quoi ! J'appelle deux experts complètement défoncés au crack qui vont travailler nos deux copains avec une paire de pinces, un chalumeau et un fer à souder. Est-ce que tu m'as entendu ESPÈCE DE PORC ? Je suis très loin d'en avoir fini avec toi, je vais te la jouer à la flamme bien moyenâgeuse."</em>
L'échappée belle
Après avoir tué un homme sur le ring, avoir tué Vincent Vega en récupérant sa montre, et en avoir tué d'autres à coups de sabre en sauvant Marsellus Wallace (soldant la dette qu'il avait envers lui), Butch Coolidge (Bruce Willis) est libre de retrouver sa belle petite Française Fabienne (Maria de Medeiros) et de s'en aller vers le soleil couchant tel un Django Unchained.<em>- "Elle est à qui cette motocyclette ?"</em><em>- C'est pas une motocyclette c'est un chopper mon bébé.</em><em>- Il est à qui ce chopper ?</em><em>- A Zed.</em><em>- C'est qui Zed ?</em><em>- Oh, un pauvre type, maintenant il est en enfer."</em>
La voiture baignée de sang
Alors qu'ils doivent ramener la mystérieuse mallette noire à Marsellus Wallace, Vincent Vega (John Travolta) et Jules Winnfield (Samuel L. Jackson) roulent avec Marvin, leur indic' installé sur la banquette arrière.Par "accident", Vincent appuie malencontreusement sur la gâchette de son flingue et fait exploser la tête de Marvin, recouvrant l?habitacle de la voiture de bouts d'os et de cervelle et maculant le tout de sang.<em>- "Putain le con, j'ai buté Marvin !"</em><em>- Mais pourquoi t'as fait ça, putain ??</em><em>- Mais je sais pas moi, c'est un accident, t'as dû rouler sur une bosse !"</em>
Jimmie Dimmick
Tel Alfred Hitchcock en son temps, Quentin Tarantino, acteur de formation, aime à s'octroyer quelques rôles dans ses films comme Mr. Brown dans Reservoir Dogs, Warren dans Boulevard de la Mort, ou Bob Bag Head dans Django Unchained.Cette fois, il campe Jimmie Dimmick, une connaissance de Jules dont la maison va servir de planque le temps que Winston Wolf (Harvey Keitel) "règle les problèmes" avant que Bonnie, la femme de Jimmie, ne rentre de sa garde d'infirmière et ne découvre un cadavre dans son salon.Après avoir maquillé la voiture et enfilé des fringues de Jimmie, Vincent Vega et Jules Winnfield arborent d'étonnants looks.- <em>"Parfait. Personnellement, je trouve ça bien. Tous les deux, vous avez l'air... de quoi ils ont l'air, Jimmie ?</em><em>- Heu... Cons. Ils ont l'air de deux pauvres cons tous les deux."</em>
Le dialogue au niveau d'art
<em> - "J'ai horreur du cochon. Ça craint, c'est tout.</em><em>- Pourquoi ?</em><em> - Parce que c'est dégueulasse un porc. Je mange pas ce genre d'animal.</em><em> - Mais le bacon c'est délicieux. Un bon jambon c'est délicieux.</em><em> - Ouais. Les rats ont peut-être le goût de crème caramel mais comme j'ai pas l'intention d'en manger, je pourrais jamais le savoir. Et puis les cochons, ils se roulent sans arrêt dans leur merde, et même qu'ils la bouffent. C'est dégueulasse, faut être con pour manger ses excréments.</em><em> - Et ben, et les chiens ? Les chiens, ils les mangent eux.</em><em> - Je mange pas de chien non plus.</em><em> - Tu penses que le chien est un animal aussi sale que le porc ?</em><em> - Je dirais pas que c'est un animal aussi sale que le porc mais il n'empêche qu'il est dégueulasse. Seulement, le chien a de la personnalité. Et la personnalité, ça change tout.</em><em> - Si je comprends bien, dans ta logique, un porc qui aurait de la personnalité ne serait plus aussi dégueulasse qu'avant. C'est ça le truc ?</em><em> - Ouais, mais pour ça il faudrait qu'il ait un charme fou ton porc. Il faudrait qu'il possède dix fois plus de charme que le cochon de Walt Disney."</em>
L'illumination prématurée
Après avoir déclamé par c?ur l'Ezechiel 25:17 puis avoir été l'objet d'un miracle (échappant à des balles tirées à bout portant), Jules Winnfield (Samuel L. Jackson) est touché par la grâce et confiera à Ringo (Tim Roth) dont le braquage s'est retourné contre lui : <em>"</em><em>Ça fait des années que je répète ça. L'enfoiré qui l'entend, il meurt aussitôt. J'avais jamais cherché à comprendre, je trouvais seulement que ça en jetait de dire ça avant de flinguer un mec. Et puis ce matin, j'ai vu quelque chose qui m'a fait réfléchir. D'un seul coup, je me dis,</em> <em>ça pourrait bien vouloir dire que tu es l'?uvre du malin, et que l'homme vertueux c'est moi, et que mon joli 9 mm ce serait mon protecteur, mon berger dans la vallée de l'angoisse et des larmes. Ou encore mieux, c'est moi le berger et toi l'homme vertueux, et c'est le monde qui est l'?uvre de Lucifer. Qu'est-ce que tu dis de ça ? Mais rien de tout ça n'est juste. Ce qui est vrai, c'est que tu es le faible et que je suis la tyrannie des méchants. Et moi j'essaie, Ringo, au prix d'un effort harassant, de protéger les faibles.</em><em>"</em>
Pumpkin et Honey Bunny
Tim Roth (qui campait Mr. Orange dans Reservoir Dogs et qui incarne ici Ringo alias "Pumpkin") et Amanda Plummer (qui joue Yolanda alias "Honey Bunny") ont été choisis par Tarantino car les deux comédiens étaient amis dans la vie et que le réalisateur trouvait que leur duo était complémentaire.Leur complicité fait effectivement mouche dès la scène d'ouverture du film où les deux losers projettent de braquer le <em>diner</em> dans lequel ils prennent leur petit-déjeuner, sans savoir que deux des clients sont des tueurs à gages. Ce qu'ils découvriront lors de l'épilogue du film, 2h30 plus tard.
Épilogue
Après 2h30 de bonheur absolu, de scènes cultes et de dialogues inoubliables. 2h30 passées avec Vincent, Jules, Mia, Marsellus, Butch, Fabienne, Ringo, Yolanda, Lance, Winston, Jimmie et les autres, Tarantino ne pouvait pas nous abandonner sur une touche trop <em>dark</em>.Le personnage de Vincent Vega (qui meurt dans les toilettes de la main de Butch au milieu du film) revient donc à la fin pour un épilogue avec Jules dans le <em>diner</em> du début.La boucle est bouclée.Le film peut devenir culte.Bon anniversaire.
Le plus bel âge
Alors que Les 8 Salopards débarquera dès mercredi sur nos écrans, TMC diffuse ce soir l'une des oeuvres les plus cultes des années 90.
Depuis 20 ans (le film a célébré cet anniversaire il y a un peu plus d'un an), tout a été dit et écrit sur Pulp Fiction, bombe de cinéma, culte instantané dont le succès de film indé a initié une petite révolution de l'industrie aux Etats-Unis.
Deuxième film de Quentin Tarantino, cinéphile de génie qui avait déjà scotché la Croisette en 1992 avec Reservoir Dogs, Pulp Fiction allait faire de son jeune réalisateur rebelle une superstar en revenant deux ans après remettre le boxon à Cannes avec toute sa clique - de John Travolta à Uma Thurman en passant par Bruce Willis et Samuel L. Jackson - pour cet ovni narratif, cet orgasme cinématographique plein d'humour et de violence.
Si Clint Eastwood, président de l'édition cannoise cette année-là, remettait une Palme d'Or osée au film de Tarantino, c'est lors de sa sortie - le 14 octobre 1994 aux USA et le 26 octobre en France - que le film s'est imposé pour devenir instantanément culte.
A l'occasion de sa diffusion ce soir à 23h10 sur TMC, et alors que Les 8 Salopards s'apprête à débarquer sur nos écrans, retour sur la bombe de QT en 20 images cultes.
La bande-annonce de Pulp Fiction :
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