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Cannes 2014 : Nos critiques des films primés

Cannes 2014 : Nos critiques des films primés

Les prix remis par Jane Campion étaient-ils mérités ? Pour la plupart oui. Même si les conditions de projection de Winter Sleep n'étaient pas franchement idéales, <em>Première</em> a largement apprécié ce long-métrage, qui a <strong>remporté la Palme d'or hier soir</strong> : <em>"C?est un grand et beau film, à tous les points de vue."</em>Cependant, notre coup de coeur allait plutôt à Mommy, de Xavier Dolan, reparti avec le prix du jury : <em>"Un film porté tout du long par la grâce"</em>. Qu'il se retrouve ex-aequo avec Adieu au langage, de Jean-Luc Godard est assez ironique, tant leurs créations sont aux antipodes l'une de l'autre. <em>"Le Godard est film-essai d'1h10 en 3D, agressif et crépusculaire, où il prend congé de tout - du monde, des hommes, du cinéma".</em>Il est vrai que notre palmarès était très différent de celui du jury cannois. Même si on reconnait que les films récompensés sont réussis. Tous sauf deux : Maps to the Stars n'a pas tellement conquis<em> Première</em> (même si Julianne Moore, en roue libre, est excellente) et Le Meraviglie, une<em> "chronique poétique mais monotone"</em>, encore moins : "Jane Campion risque d?être sensible à ce portrait d?une jeune fille renfermée qui fait écho à Sweetie, le film qui l?a fait découvrir. A la différence près que ce focus sur l?adolescence ne possède ni la folie dérangeante de son modèle ni son charme intriguant..."Voir aussi :<strong>Godard et Dolan se partagent un prix à Cannes : hommage ou mépris ?</strong><strong>Le palmarès du festival de Cannes 2014 en vidéos</strong>

Party Girl a reçu la Caméra d'or

<strong>Party Girl, le sublime portrait d'une vieille petite fille</strong>Paris Hilton peut aller raccrocher sa mini, la Party Girl de cette année, celle qui va tout déchirer, c?est Angélique Litzenburger. Elle a 60 ans, une voix de gamine, des cheveux en pagaille, du maquillage pour quatre et elle entend toujours plaire et faire la fête till the end of the night. Depuis quarante ans, elle gagne sa vie en buvant du champagne avec des hommes dans un cabaret à la frontière allemande mais aujourd?hui, les clients ne se bousculent plus au portillon. Michel, son plus fidèle habitué, amoureux depuis belle lurette, lui propose de l?épouser. Et si elle essayait de se ranger ? Et si elle essayait d?être une mère « normale » pour ses quatre grands enfants, voire une grand mère ?Samuel Théis, l?un des trois co-réalisateurs et coscénaristes, raconte ici l?histoire de ce phénomène qu?est sa mère, jouée par « la vraie » Angélique, sans jamais la juger, sans mépris ni condescendance ni fausse tendresse amusée. Elle est généreuse et égoïste, libre et irresponsable, romantique et légère, elle a 60 ans et 15 ans tout à la fois. Il aurait pu en faire un documentaire (d?ailleurs, les enfants sont joués par les vrais enfants et le reste du cast est non professionnel ? tous formidables) mais la puissance de feu romanesque d?Angélique est telle qu?il en a fait une fiction entre comédie romantique pas tout à fait rose et drame social jamais gris : le sublime portrait d?une vieille petite fille qui a décidé de ne pas être raisonnable.Stéphanie LamomeParty Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis, avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis, était présenté en ouverture d'Un certain regard à Cannes et sortira dans les salles le 3 septembre prochain.

Leviathan est un monstre de cinéma d'une ambition colossale

<strong>Leviathan est un monstre de cinéma d'une ambition colossale</strong>Quatrième long métrage d'Andreï Zviaguintsev, <em>Leviathan</em> est la claque formelle du Festival de Cannes 2014.Il aura donc fallu attendre l?avant-dernier jour pour se prendre, enfin, une vraie déflagration cannoise. Leviathan, nouvelle claque formelle du russe Andreï Zviaguintsev est un film monstrueux dans tous les sens du terme. Une ?uvre opaque, hyper ambitieuse et bouleversante, qui semble incarner à tous les plans la définition du film russe. Un film branché sur de l'universel et sur les meilleurs passages de la Bible, qui invente des icones d'images stupéfiantes. Remettons un peu d?ordre : quatrième film de l?abonné cannois Zviaguintsev (après Le Retour, Elena?), <em>Leviathan</em> ressemble à un film noir qui partirait dans tous les sens, emprunterait des fausses pistes pour mieux composer son tissu narratif d?une prétention colossale (le titre fait autant référence à la Bible qu?à Hobbes pour son analyse du corps social).Ce monstre plastique se déploie à partir de quatre pôles. Il y a d?abord Dimitri, mystérieux avocat venu en Sibérie pour aider son vieux pote de l?armée Kolia parti en guerre contre un maire corrompu qui cherche à l?exproprier. Kolia est marié avec Lilya. Quand le maire, archétype du pouvoir corrompu de la russie contemporaine (violence, fric, alcool?) décide de s?occuper des rebelles et qu?un pique-nique tourne mal, la vie de Kolia part en vrille. Le film suit donc le parcours de ces personnages pour composer une parabole biblique et une étude de m?urs. Mais Leviathan est aussi une comédie très dark qui brocarde les quatre piliers de la Russie moderne : le semblant de démocratie, la corruption, la religion et la vodka. L?infusion politique où s?entremêlent un rapport maladif à l?Etat, le pharisianisme orthodoxe et une violence symbolique ancestrale est dénoncée dans une mise en scène d?un tarkovskisme dément (les plans lunaires et cosmogoniques) où il ne faudrait surtout pas voir de la pesanteur, mais une grâce qui gagne progressivement en intensité, en noirceur et en complexité. Comme un monstre de cinéma.Gaël Golhen<em>Leviathan </em>d'Andreï Zviaguintsev, avec Alexei Serebriakov, Elena Lyadova, Vladimir Vdovichenkov sortira le 24 septembre.

Ex-aequo avec Adieu au langage

<strong>L'Adieu au langage plein de mépris de Jean-Luc Godard</strong>Absent de la Croisette, l'ermite suisse mégalomane JLG fait son "adieu au langage" dans un film-essai d'1h10 en 3D, agressif et crépusculaire, où il prend congé de tout - du monde, des hommes, du cinéma. <em>« Godard foreveeer !!! »</em> hurle un fan en surchauffe quand s?ouvre le rideau, déclenchant une salve d?applaudissements qui fait ressembler le Grand Théâtre Lumière à un stade au moment du coup d?envoi. Un peu perdu au milieu de la foule des fidèles, on n?a pas spécialement envie de faire la hola, même si on sait très bien pourquoi on est là : on vient prendre des nouvelles de JLG parce qu?on aimerait savoir pourquoi il est si triste alors qu?il a parfois été si drôle, et que ça permet de remplir les blancs en attendant l?édition augmentée de la super bio signée Antoine De Baecque.<em>« Il est où, l?ogre ? »</em>, demande un monsieur sur un banc au début du film. L?ogre boude en Suisse, on le sait, mais il est aussi dans chaque repli d?Adieu au langage, invitant à en lire tous les dialogues à l?aune de sa propre légende ? <em>« Je cherche la pauvreté dans le langage », « Je déteste les personnages », « Il faut que je tienne jusqu?à la fin »</em> (nous aussi, d?ailleurs). Et alors, comment il va ? Mal. Très mal. Plus misanthrope que jamais, rabâchant des antiennes réac d?un autre siècle (télévision = nazisme, same old story), ouvertement agressif (la 3D qui fait loucher), bilieux (<em>« la pensée retrouve sa place dans le caca »</em>, aphorisme nul ponctué par un prout qui a fait un triomphe), esseulé au point de ne plus se reconnaître que dans son chien Roxy, le seul qu?il sait filmer, comme il sait encore, à l?occasion, faire un joli mash-up de ses films chéris. Les hommes disparaissent du cadre, Roxy part sur les chemins, la pensée ne fait plus sens, Godard nous hait. A la fin, il n?y a plus rien ? juste un peu de mépris.Frédéric FoubertAdieu au langage de Jean-Luc Godard avec Héloïse Godet, Zoé Bruneau et Kamel Abdelli est sorti au cinéma le 21 mai.

Mommy a reçu le prix du jury

<strong>Xavier Dolan en route pour la Palme avec Mommy</strong><em>Mommy </em>de Xavier Dolan a provoqué chez les observateurs une émotion quasiment comparable au tsunami déclenché par La vie d?Adèle l?an dernier. Pour le même résultat final ? <strong>Dolan is Dolan</strong>Xavier Dolan, 25 ans, pourrait bien mettre tout le monde d?accord au soir d?un Festival de Cannes 2014 marqué, à quelques exceptions près (Bonello, Miller), par un certain conformisme. Le Rimbaud du cinéma, le Québécois fiévreux signe en effet avec <em>Mommy</em>, portrait d?une famille monoparentale dysfonctionnelle, un film porté tout du long par la grâce. La géniale Anne Dorval, égérie de Dolan, y interprète Diane, quinquagénaire un brin vulgaire qui élève seule son fils (Antoine-Olivier Pilon, une révélation), un ado atteint de TDAH -Trouble Déficit de l?Attention Hyperactivité. Aidée par une voisine mal dans sa peau (Suzanne Clément, autre fidèle), elle va tout tenter pour ne pas renvoyer Steve dans une unité médicale spécialisée.<strong>Humour vache et drame majuscule</strong>Le premier film de Dolan, J?ai tué ma mère, racontait le désamour d?un fils pour sa génitrice ?déjà interprétée par Anne Dorval. Cinq ans plus tard, <em>Mommy </em>dit à peu près l?inverse, à une nuance près : Diane aime Steve plus que tout, mais pas au prix de sa santé mentale à elle, de sa vie sentimentale et sociale qui la fuit. Surtout, elle est incapable d?assurer la sécurité de son rejeton incontrôlable, dont les accès de violence et de désespoir peuvent à tout moment se retourner contre lui. Dolan filme ce combat perdu d?avance avec l?énergie du désespoir. Les scènes d?empoigne et de réconciliation se succèdent, voire se chevauchent ; l?humour vache et le drame majuscule cohabitent dans le même plan. <em>Mommy</em> ne ressemble à rien d?autre qu?à un film de Dolan, hyperbolique, vivant et singulier. Grâce à une mise en scène immersive qui colle au plus près des personnages, le prodige québécois fait de nous les témoins groggy d?un cauchemar familial up and down, rythmé par des tubes kitsch et des idées formelles proprement stupéfiantes. La critique est KO. Ma mère, ce héros.Christophe Narbonne<em>Mommy </em>de Xavier Dolan avec Anne Dorval, Suzanne Clément et Antoine-Olivier Pilon n'a pas encore de date de sortie.

Timothy Spall a reçu le prix d'interprétation masculine pour Mr. Turner

<strong> Mr. Turner : un hommage incandescent au "peintre de la lumière"</strong>Le réalisateur de Secrets et mensonges filme les dernières années du grand précurseur de l'impressionnisme.Qualifié de romantique, puis de pré-impressionniste, Joseph Mallord William Turner a laissé à la postérité une ?uvre admirable d?où émergent ses paysages et ses marines définis par des ambiances à la limite du fantastique. Le « peintre de la lumière » n?était cependant pas aussi exalté que ses tableaux pourraient le laisser supposer. C?est même tout l?inverse si l?on en croit Mike Leigh, qui le présente, de prime bord, comme un être taciturne et atrabilaire, voire détestable ? il n?a même pas assisté à l?enterrement d?une de ses deux filles. Timothy Spall accentue cette caricature en la jouant ronchon pendant tout le film, ses principales interventions se résumant à un grognement d?animal.Mr. Turner n?est de facto pas un biopic aimable. Il n?est surtout pas conformiste : Leigh est suffisamment subtil pour ne pas faire du personnage un cliché ambulant de peintre excentrique et manipulateur. Le renfermement, presque psychotique, de Turner dissimule ainsi une pudeur de petit garçon qu?on constate à la mort de son père adoré, son confident et premier collaborateur, ou lorsqu?il rejoint sa vieille maîtresse au bord de la mer. Son cynisme de cour (il a une image d?Académicien à entretenir) est contrebalancée par son altruisme discret envers ses collègues. Comme un tableau est le fruit d?une succession de couches, il faut gratter derrière le grumeleux Mr. Turner pour en apprécier les nuances et l?humanisme contrarié. Magnifié par la photo incandescente de Dick Pope, c?est un hommage à la condition d?artiste, par essence solitaire et sans compromis. La lumière est à ce prix.Christophe NarbonneMr. Turner de Mike Leigh, avec Timothy Spall, Paul Jesson, Dorothy Atkinson n'a pas encore de date de sortie française.

Foxcatcher a reçu le prix de la mise en scène

<strong>Foxcatcher dialogue avec Saint Laurent</strong>Comme Bertrand Bonello, Bennett Miller transcende le biopic illustratif pour livrer un film sépulcral fascinant. Chaque année, à Cannes, on s?amuse à trouver des correspondances entre les films, à cerner des thématiques, à dégager des tendances, bref à donner du sens à une sélection qui, parfois, n?en a pas. Risquons-nous néanmoins, à mi-Festival, à établir un jeu de miroirs entre les deux films les plus envoûtants de cette première semaine : Foxcatcher et Saint Laurent. Dans les deux cas, le héros est un créateur omniscient, persuadé de son génie, secret, drogué, sujet aux sautes d?humeur, jaloux de son pouvoir, doublé d?un petit enfant paumé dont le besoin d?amour est proportionnel à son égoïsme et à sa mégalomanie. Bennett Miller et Bertrand Bonello les enveloppent par leur mise en scène sensitive et atmosphérique d?une aura de mystère et de morbidité qui participe de la fascination qu?ils exercent sur le spectateur.<strong>Pas de deux funèbre</strong>La grosse différence réside dans la nature du héros : géniale, s?agissant de Saint Laurent ; médiocre, concernant John E. du Pont. Incarné jusqu?au malaise par Steve Carrell, méconnaissable derrière son nez d?aigle et ses dents jaunis, cet extravagant milliardaire se piqua dans les années 80 de coacher deux frères champions de lutte pour assouvir ses rêves de grandeur en vue des Jeux Olympiques de Séoul. À cet effet, il mit sur pied une structure unique en son genre où il s?improvisa entraîneur en chef, mentor et père de substitution pour certains de ses poulains, dont Mark Schultz (Channing Tatum, ténébreux), Champion Olympique en 1984 comme son frère aîné Dave (Mark Ruffalo, solaire). Souffrant d?un manque de reconnaissance et de blessures d?enfance jamais refermées, Schultz junior noua avec Dupont une relation filiale toxique dont Miller se garde d?expliciter les tenants et les aboutissants.<em> Foxcatcher</em> et<em> Saint Laurent</em> se retrouvent dans cette volonté de dédramatisation permanente, dans cette mise à nu des personnages passant moins par les dialogues que par les corps-à-corps aussi rugueux que sensuels et les silences évocateurs. Films à clés, drames métaphysiques, biopics éthérés, comme vidés de leur dimension iconique pour mieux toucher à l?essence des êtres, <em>Foxcatcher </em>et <em>Saint Laurent </em>entament à distance une danse macabre que les jurés cannois seraient bien inspirés d?applaudir.Christophe Narbonne<em>Foxcatcher</em> de Bennett Miller avec Steve Carell, Channing Tatum et Mark Ruffalo n'a pas encore de date de sortie.

Winter Sleep a reçu la Palme d'or

<strong>Sommeil d'hiver : le film le plus ambitieux de la compétition</strong>Evidemment, avec son titre risqué (Sommeil d?hiver) et sa durée hors norme (3H16), le dernier film de Nuri Bilge Ceylan ne risque pas de faire de l?ombre aux blockbusters qui sortiront en même temps au mois d?août. A Cannes, l?organisation n?a rien fait pour encourager la vaillance des chroniqueurs. Sur place, dans les espaces pourtant réservés, les portiers avaient reçu des consignes confuses et contradictoires dont ils n?avaient retenu qu?une chose: pas d?entrée pour les badges presse. Si bien que la formation rapide d?un important bouchon de journalistes énervés a fini par décider une responsable à aller consulter sa hiérarchie avant de diriger la presse sur les bords extérieurs de la mezzanine, c?est-à-dire aux plus mauvaises places. Une fois de plus, merci.Le film alors? Il y a beaucoup de dialogues et relativement peu d?action dans <em>Sommeil d?hiver</em>, mais l?essentiel est dans le non-dit. Pourtant, c?est l?un des films les plus ambitieux de la compétition, et il pourrait remporter un Grand Prix ou un Prix de la mise en scène. L?histoire tourne autour d?Aydin, propriétaire d?un hôtel bien situé dans une région touristique reculée, mais fournie en formations rocheuses bizarres comme il y en a en Cappadoce. Acteur à la retraite et propriétaire terrien, c?est un érudit qui écrit des livres et des articles, tout en entretenant sa soeur, récemment divorcée, et sa très belle femme qui s?ennuie ferme et essaie de s?occuper maladroitement en donnant la charité.Comme le médecin d?Il était une fois en Anatolie, notre acteur-hôtelier est un homme qui ne comprend pas le monde autour de lui, et à qui il faut expliquer les choses de différentes façons. C?est pourquoi les mots et le langage sont importants chez Ceylan, même s?ils représentent une forme de communication imparfaite et le plus souvent inadéquate.La durée du film se justifie pour décrire le tissu complexe de relations qui s?établissent autour d?Aydin, provoquant les tensions et les conflits. A un moment, il est tenté de fuir, un peu comme on imagine qu?il l?a fait jusqu?à présent en esquivant la réalité. Elle finit par se révéler à lui, et à nous en même temps, libérant un flot d?émotions puissantes. C?est un grand et beau film, à tous les points de vue.Gérard Delorme<em>Sommeil d'hiver</em> sortira en France le 13 août.

Le Meraviglie a reçu le Grand Prix

<strong>Les Merveilles ne remplit pas vraiment les promesses de son titre</strong>Alice Rohrwacher propose une chronique poétique mais monotone dans la campagne italienne.Dans une ferme isolée de l?Ombrie, un apiculteur vit en autarcie avec sa femme et ses quatre filles dans l?hostilité du monde civilisé. Le tournage d?une émission télé et l?irruption d?un jeune délinquant vont bouleverser Gelsomina, l?aînée de la fratrie...Jane Campion risque d?être sensible à ce portrait d?une jeune fille renfermée qui fait écho à Sweetie, le film qui l?a fait découvrir. A la différence près que ce focus sur l?adolescence ne possède ni la folie dérangeante de son modèle ni son charme intriguant. Alice Rorhwacher hésite entre la chronique terrienne, le drame familial, le procès de la télé-réalité sans véritablement trouver le ton juste. D?une langueur monotone, Les merveilles, traversé de quelques jolies saillies poétiques et servi par des interprètes plutôt justes, ne remplit que partiellement les promesses de son titre.Christophe Narbonne<em>Les Merveilles</em> d'Alice Rohrwacher était présenté en compétition à Cannes. Il n'a pas encore de date de sortie.

Julianne Moore a reçu le prix d'interprétation féminine pour Maps to the Stars

<strong>Maps to the Stars : Cronenberg n'a toujours pas retrouvé son mojo</strong>Après l?escroquerie absolue Cosmopolis, Cronenberg revient avec une autre adaptation littéraire qui peut donner l?illusion d?un peu plus de substance puisqu?elle annonce une satire fielleuse d?Hollywood, comme une version contemporaine de <em>Day of the locust</em>.C?est probablement ce qu?avait en tête l?auteur du roman, avec cette histoire de famille pourrie, révélatrice de la dégénérescence du système : le père (John Cusack) a fait fortune comme guérisseur de stars, la mère (Olivia Williams) gère la carrière d?acteur du jeune fils déjà toxico (amusant Evan Bird), tandis que la fille aînée suicidaire (Mia Wasikovska) réapparaît pour faire sortir tous les cadavres puants du proverbial placard. Parallèlement, une actrice has been jouée en roue libre par Julianne Moore apporte une surcharge d?hystérie.En vieil universitaire qu?il est, Cronenberg a amplifié les parallèles avec les références mythologiques (ici les Atrides), et placé autant d?effets de signature que possible (meurtre de chien, sodomie avec Julianne?) pour donner l?impression qu?il est toujours en contrôle. Hélas, depuis Existenz, qui marque le début de son déclin, il a perdu le mojo qui faisait de lui un petit maître réellement singulier et inventif.Aujourd?hui, il n?est plus inspiré que par la vénération irréversible que lui vouent les doctrinaires qui le considèrent comme infaillible depuis qu?ils l?ont officiellement qualifié d?auteur. Gérard DelormeMaps to the Stars de David Cronenberg avec Julianne Moore, Mia Wasikowska, John Cusak, Robert Pattinson est sorti dans les salles le 21 mai.

Les prix remis par Jane Campion étaient-ils mérités ? Pour la plupart oui. Même si les conditions de projection de Winter Sleep n'étaient pas franchement idéales, Première a largement apprécié ce long-métrage, qui a remporté la Palme d'or hier soir : "C’est un grand et beau film, à tous les points de vue."Cependant, notre coup de coeur allait plutôt à Mommy, de Xavier Dolan, reparti avec le prix du jury : "Un film porté tout du long par la grâce". Qu'il se retrouve ex-aequo avec Adieu au langage, de Jean-Luc Godard est assez ironique, tant leurs créations sont aux antipodes l'une de l'autre. "Le Godard est film-essai d'1h10 en 3D, agressif et crépusculaire, où il prend congé de tout - du monde, des hommes, du cinéma".Il est vrai que notre palmarès était très différent de celui du jury cannois. Même si on reconnait que les films récompensés sont réussis. Tous sauf deux : Maps to the Stars n'a pas tellement conquis Première (même si Julianne Moore, en roue libre, est excellente) et Le Meraviglie, une "chronique poétique mais monotone", encore moins : "Jane Campion risque d’être sensible à ce portrait d’une jeune fille renfermée qui fait écho à Sweetie, le film qui l’a fait découvrir. A la différence près que ce focus sur l’adolescence ne possède ni la folie dérangeante de son modèle ni son charme intriguant..."Voir aussi :Godard et Dolan se partagent un prix à Cannes : hommage ou mépris ?Le palmarès du festival de Cannes 2014 en vidéos