Il occupe une place à part dans le cinéma grec, celle du poète qui filme comme on respire. Il est le cinéaste libre, totalement indifferent aux contraintes financières ou à la qualité technique (il tourne avec des budgets dérisoires), le visionnaire du réel , le plasticien magique à l'état brut. Après différents métiers, il etudie le cinéma puis travaille comme assistant (Takis Kanellopoulos, Michael Cacoyannis, Elia Kazan, Ado Kyrou) tout en faisant l'acteur. Il co-réalise avec Costas Sfikas le documentaire Mâtines à l'île de Thera (Theraïcos Orthros,cm 1967). Il quitte ensuite la Grèce des colonels pour l'Italie où il milite dans les groupuscules extra-parlementaires. Il survit en jouant dans des films de F. Rosi, des frères Taviani, de F.Fellini, de M.Monicelli. En 1973, il tourne Studenti (cm) clandestinement en Grèce, puis c'est Addio Anatolia (cm, 1976), objet insolite sur les immigrés, tout comme Coatti (1977) qui articule le documentaire, le projet politique et des espaces de rêves. Charlotte Van Gelder se joint à lui, elle sera sa co-scénariste et sa compagne jusqu'au bout. Après un dernier film en Italie, le surprenant Exopragmatico (cm, 1980), il regagne la Grèce où il réalise 4 films remarquables (Balamos, 1982, Karkalou,1984, Danilo Trelès, 1986 et Un Héron pour l'Allemagne/ Enas erodios yia tin Germania,1987) et deux documentaires (pour la tv) plutôt déroutants (Nicos Kavvadias, CM 1982, Place Hippodamias, CM, 1983). Souvent qualifié de « sorcier de la tribu », il reste un auteur météorique qui, tout en explorant, à sa façon, les mondes parallèles de la pensée et du rêve, investit une curiosité inépuisable à mêler l'artisanal au trivial, le non-sens à l'incongru, le réel au surréel.
Nom de naissance | TORNES |
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