Les Marches du pouvoir est le quatrième film de Clooney réalisateur. Un film engagé mais cool, à l’image du beau George.  Portrait d’un jeune directeur de campagne idéaliste (Ryan Gosling) dans les coulisses d’une primaire démocrate menant aux présidentielles US, Les Marches du pouvoir est un film politique comme on n’en fait plus. Au programme : corruption, trahisons, trafics d’influence, et un beau paquet de linge sale. Mais c'est surtout la confirmation qu'au sein de l’industrie hollywoodienne, George Clooney reste un vrai mystère. Un très bon acteur, un producteur inspiré et, plus que jamais, un réalisateur de premier plan. Tout ça sans écorner son aisance de superstar. On rappellera juste que, il y a quelques lustres, Hollywood avait mis un contrat sur la tête de Welles pour moins que ça. Cette actualité méritait bien la couverture du numéro d'octobre du magazine Première (en kiosque mercredi) ainsi qu’une interview exclusive où il revient d'abord sur la genèse des Marches du pouvoir et sur son financement compliqué. "J’ai tourné (mon) film en huit semaines pour 12 millions de dollars, ce qui représente une misère comparé aux standards en vigueur à Hollywood”. Avec Brad Pitt, Clooney représente l'acmé de la superstar hollywoodienne, mais son statut au sein de l'industrie est finalement plus compliqué qu'il n'y parait; et si on doit faire une comparaison, on remontera aux seventies. Clooney revient sur son panthéon personnel, ses films de chevet ainsi que ses modèles de cinéma. A l’origine, il y a les grands films politiques des 70's : “J’ai toujours adoré Votez McKay, de Michael Ritchie, avec Robert Redford, que je connais par cœur. Il m’a certainement influencé, au même titre que Les Hommes du président (d’Alan J. Pakula) ou Network (de Sidney Lumet)”. Plus que cool, ces films dégagent en fait une éthique que revendique le Clooney cinéaste :  "la volonté de ne pas donner aux spectateurs toutes les réponses aux questions qu’ils pourraient soulever. Ils les invitent à participer, à réfléchir par eux-mêmes, ce qui était pour moi l’une des forces du cinéma des années 70”. Dans ce registre, Clooney cite également son partenaire Steven Soderbergh, les frères Coen ou Alexander Payne. Ils  “ont en commun de définir un point de vue pour chacun de leurs films et de s’y tenir jusqu’au bout”. Mais la question que tout le monde se pose, c’est : qu’est-ce qui fait courir Clooney ? Et quid de son statut de superstar à Hollywood ? Clooney n’est dupe de rien : “Ma philosophie est la suivante : tant qu’ils me laisseront faire les films dont j’ai envie, je continuerai. Quand ça s’arrêtera, j’irai ailleurs. J’ai la chance que ce ne soit pas encore le cas et je ressens le besoin, la responsabilité de mettre ce pouvoir au service de films qui n’existeraient probablement pas si mon nom n’y était pas associé. Hollywood n’arrêtera jamais de produire des blockbusters en 3D, et ils n’ont pas besoin de moi pour ça. En revanche, dès que vous voulez faire Les Marches du pouvoir, c’est une autre histoire...”. Alors qu’on pensait que tout lui était acquis, Clooney est loin d'être inoxydable. Et l’acteur de revenir, amer, sur l’un de ses rares échecs critiques et publics, Jeux de dupes : “On s’est fait massacrer à la sortie de Jeux de dupes, que beaucoup de gens n’ont pas aimé, mais je reste vraiment fier du résultat et de cette volonté qu’on a eue de tourner une screwball comedy alors que c’est un genre extrêmement périlleux. Tout n’est pas réussi dans le film, j’en suis conscient, mais si j’avais tourné Les Marches du pouvoir juste après Good Night, and Good Luck, je serais soudain devenu le mec qui ne fait que des films politiques. Et ce n’est pas moi”.  Si vous commenciez à désespérer du cinéma hollywoodien, la star complexe et lucide que l'on découvre dans cette interview offre pourtant une bonne raison d'y croire encore... Votez Clooney ?Bande-annonce des Marches du Pouvoir, en salle le 26 octobre :