Pierre Brasseur

Pierre Brasseur est le descendant d'une longue lignée de comédiens que l'on retrouve déjà sous la Monarchie de Juillet. Il naît le 22 décembre 1905 à Paris. C'est après avoir vu Maurice Chevalier au Théâtre des Bouffes Parisiens qu'il décide de devenir comédien. Il tente d'entrer au Conservatoire mais échoue. Pierre Brasseur prend alors des cours de théâtre avec Harry Baur et Fernand Ledoux au Conservatoire Maubel. Il fait la connaissance de Jean Cocteau dont il restera très proche par la suite et de la génération des surréalistes. Il comptera en effet parmi ses amis Pablo Picasso, Louis Aragon, Paul Eluard et Max Jacob. Il arrive sur les planches en 1924 au Théâtre de l'Oeuvre, chez Lugné-Poë. Il choisit le nom de sa mère, Germaine Brasseur comme nom de scène. La même année, il apparaît sur grand écran dans La Fille de l'Eau de Jean Renoir. Il est tout d'abord cantonné à des rôles de soupirants pendant de longues années. Il tourne une quarantaine de films, plus ou moins médiocres comme Papa sans le savoir d'Yves Mirande en 1932, Le Sexe Faible de Robert Siodmak en 1933, La Garnison Amoureuse de Max Vaucorbeil en 1934, Prête-moi ta Femme de Maurice Cammage en 1937, Claudine à l'Ecole de Serge de Poligny en 1938... En 1935, il rencontre Jacques Prévert. Ce dernier va lui permettre de dévoiler une autre facette de sa personnalité. Les deux hommes tournent ensemble plus d'une dizaine de films dont Un Oiseau Rare de Richard Pottier cette année-là. Le grand public le découvre en 1938 dans Quai des Brumes de Marcel Carné, dont le scénario revient à Jacques Prévert. Pour son premier grand succès, il se retrouve aux côtés de Jean Gabin. La même année, on le retrouve dans le sympathique Le Schpountz de Marcel Pagnol. Un autre des grands rôles de sa carrière lui est proposé à nouveau par Marcel Carné en 1945, avec toujours la collaboration de Jacques Prévert, dans Les Enfants du Paradis. A l'occasion du centenaire du cinéma, cette œuvre a été élue meilleur film de tous les temps par les critiques français. Elle est désormais devenue mythique non seulement par sa qualité mais également par sa distribution : Jean-Louis Barrault, Marcel Herrand, Arletty... Pierre Brasseur y incarne Frédéric Lemaître, un riche comte, vil et mesquin. Ce rôle vient confirmer son talent et renforcer sa notoriété. La carrière d'acteur de Pierre Brasseur ne s'arrête pas là. Il joue encore pendant presque trente ans. Parmi les films à retenir, on notera Le Pays sans Etoiles de Georges Lacombe en 1945, Les Portes de la Nuit de Marcel Carné en 1946, Les Amants de Vérone d'André Cayatte en 1949, Porte des Lilas de René Clair en 1957... En plus d'être une figure très présente sur le grand écran, Pierre Brasseur travaille également pour le théâtre. Il remporte un véritable succès en jouant dans Le Sexe Faible d'Edouard Bourdet, Les Mains Sales et Le Diable et le Bon Dieu de Jean-Paul Sartre, Tchao de Marc-Gilbert Sauvajon ou Dom Juan aux Enfers de George Bernard Shaw. Il écrit également plusieurs pièces dont L'Ancre Noire en 1927, Sainte Cécile en 1944 et Un Ange passe en 1943. Avec l'âge, les rôles qu'interprète Pierre Brasseur vont évoluer. Il rentre en effet plus souvent dans la peau de personnages inquiétants, doués d'une certaine cruauté. Les exemples les plus représentatifs sont Barbe-Bleue de Christian Jaque en 1951, Les Yeux sans Visage de Georges Franju en 1960 et Goto, l'Ile d'Amour de Walerian Borowczyk en 1969. En 1964, Pierre Brasseur tourne avec son fils, Claude, dans Lucky Jo de Michel Deville. Après avoir tourné dans plus de quatre vingt films et avoir eu la chance de vivre de l'intérieur le mythique Les Enfants du Paradis, Pierre Brasseur meurt en 1972, en Italie, à l'âge de 67 ans. Il décède juste avant la fin du tournage de son dernier long métrage : La Plus Belle Histoire de ma Vie d'Ettore Scola.