Première
par Bernard Achour
Quasiment circonscrit au grand Otar Iosseliani, le cinéma géorgien fait aujourd’hui entendre une nouvelle voix, qui plus est féminine, avec laquelle il faudra désormais compter. Il y a en effet quelque chose de l’ordre de la révélation dans les débuts de la jeune Rusudan Chkonia, aux manettes de ce faux feel-good movie, satire d’un pays dont le régime fait peser sur son peuple d’insoutenables contraintes idéologiques. Caméra souvent à l’épaule, la réalisatrice emballe son intrigue avec un sens aigu de l’ellipse, jongle en virtuose avec les ruptures de ton (humour, suspense, terreur froide, compassion), et transforme ce qui aurait pu être un très consensuel Full Monty de l’Est en un brûlot aussi tranquillement incendiaire que formidablement accrocheur. Jusqu’à une dernière ligne droite dont la tension laisse bouche bée, prélude à une estocade aux allures de bras d’honneur cathartique.