Louis de Funès, né Louis Germain David de Funès de Galarza, est un acteur français né le 31 juillet 1914 à Courbevoie et décédé le 27 janvier 1983 à Nantes. Célèbre pour ses rôles dans La Grande Vadrouille, Le Corniaud, Les aventures de Rabbi Jacob, la saga des Gendarmes, celle des Fantômas et pour ses films L'Aile ou la cuisse, La soupe aux Choux ou encore La Folie des Grandeurs, de Funès est l'acteur comique phare des décennies 60 et 70, célèbre pour ses mimiques incomparables et formant avec Bourvil l'un des duos comiques les plus prolifiques du cinéma français.
L'histoire de Louis de Funès commence en Espagne, d'une manière incongrue mais romantique. Son père, Carlos Luis de Funès de Galarza, épris d'amour pour Leonor Soto y Reguera, demande au père de Leonor l'autorisation de l'épouser. Mais face au refus catégorique du père, Carlos décide "d'enlever" Leonor et de venir s'installer en France, en 1904.Ce n'est que dix ans plus tard que Louis de Funès voit le jour, à l'aube de la Première Guerre mondiale. Il est le troisième enfant de la famille. Sa sœur aînée, Maria, est née en 1907 et son frère, Charles, est né en 1908.A l'âge de 5 ans, Louis commence à prendre des leçons de piano avec sa mère, puis a 16 ans, sur les conseils de son grand-frère, il s'inscrit à l'Ecole professionnelle de la fourrure, mais trop indiscipliné, il est rapidement renvoyé de l'école. Ses parents décident donc de l'inscrire à l'Ecole technique de photographie et de cinéma mais il est une nouvelle fois renvoyé, pour incendie volontaire. Commence alors une période de chômage et de petits boulots.
Mariages, morts et naissances
A l'époque, son père, diamantaire, décide de partir au Vénézuela pour faire prospérer ses affaires, mais il ne remettra jamais les pieds en France. Rongé par la tuberculose, il repasse par l'Espagne et y meurt, loin de sa famille, en 1934.En 1936, Louis épouse Germaine-Louise-Elodie Carroyer avec laquelle il a un enfant, Daniel, en 1937. Mais le couple se sépare quelques mois après la naissance de ce fils. Néanmoins le divorce ne sera prononcé qu'en 1942. Il se remarie en 1943 avec Jeanne Augustine Barthélémy de Maupassant, descendante de Guy de Maupassant, avec qui il aura deux fils : Olivier en 1944 et Patrick en 1949. Il est également l'oncle d'Isabelle de Funès.Mais entre temps la Seconde Guerre mondiale a éclaté et Louis est mobilisable. Seulement, la chance va lui sourire. Une confusion de l'administration militaire sur son dossier fait que Louis est réformé. Par contre, son frère Charles n'a pas eu la même chance. Mobilisé en 1939 pour défendre la patrie en danger, il est envoyé sur le front des Ardennes où il est "fauché par une mitrailleuse allemande" dans les premiers jours du conflit.
Une carrière de pianiste
Durant la guerre, grâce à son talent de musicien, il est engagé comme pianiste de bar. Il joue alors dans plusieurs établissements, notamment à Montmartre. Doué d’une très bonne oreille musicale, Louis de Funès reste néanmoins incapable d'écrire ou de lire le solfège. Ayant atteint ses limites, il va rejoindre les cours d’art dramatique de René Simon. Sa carrière cinématographique commence assez mal. Pour ses rôles dans des courts métrages il touche des cachets si maigres qu’il n’a pas d’autre alternative que de retourner jouer du piano.Mais Louis de Funès ne renonce pas, il revient sur les planches et joue dans une pièce intitulée Ah les belles Bacchantes (adaptée plus tard au cinéma) qui se joue à guichet fermé. Il interprète le rôle d’un commissaire de police, du genre mauvais flic, dont on ne se lasse pas de se moquer. Un concentré de blagues et de fourberies hilarantes. Cette pièce va être représentée plus de huit cent fois. A cet instant Louis de Funès est déjà repéré, Marthe Mercadier le réclame pour une reprise de Feydaud. Une porte semble enfin s’ouvrir à lui.
De figurant à second rôle
Dans l'immédiat après guerre il enchaîne les apparitions à l'écran. La Tentation de Barbizon, Le Dernier refuge, Six heures à perdre, Antoine et Antoinette, Le Château de la dernière chance, Croisière pour l'inconnu, Du Guesclin, Je n'aime que toi, autant de films dans lesquels il fait ses armes. En 1949, dans Mission à Tanger, il touche un salaire de 27 000 francs tandis que les autres acteurs débutants ne touchent que 25 000 francs, preuve que sa côte commence à grimper gentiment.Mais Louis doit encore attendre pour décrocher des rôles importants. Dans les années 50, Sacha Guitry lui confie plusieurs petits rôles dans ses films Le Poison, Je l'ai été trois fois, Si Paris nous était conté et La vie d'un honnête homme dans lequel il donne pour la première fois la réplique à Claude Gensac. A l'époque il est également proche de Daniel Gélin, un autre jeune acteur prometteur.Ce n'est qu'en 1956 que Louis de Funès se fait remarquer du grand public pour son rôle de Jambier dans La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara. Il donne alors la réplique aux deux plus grandes star de l'époque : Bourvil et Jean Gabin. Pour la première fois le public peut apercevoir le côté fourbe de son personnage. Lâche et colérique. Mais Louis n'a pas encore toutes les mimiques qui vont plus tard faire son succès.
De Funès, tête d'affiche
En 1957, grâce à sa prestation dans La Traversée de Paris, Maurice Regamey lui offre son premier rôle principal, dans Comme un cheveu sur la soupe. C'est également ce film qui lui offre sa première récompense, le Grand Prix du Rire. Yves Robert aussi lui offre un premier rôle, dans Ni vu... ni connu... Dans ce film, son personnage finit de prendre forme. Yves Robert lui offre également une de ses premières répliques cultes. Toujours accompagné de son chien Fous le camp, la réplique "Viens ici Fous le camp" fera rire la France entière. En 1957 France Dimanche ira jusqu'à titrer "Louis de Funès, l'acteur le plus drôle de France".Mais bizarrement il retombe quelque peu dans l'oubli, retournant à des rôles secondaires. Il retourne également au théâtre où il interprète Oscar aux côtés du jeune Jean-Paul Belmondo et de Pierre Mondy, pièce de Claude Magnier qu'il adaptera au cinéma en 1967.
Le Gendarme, Fantômas et La Grande Vadrouille
Mais en 1963, il fait une rencontre déterminante en la personne de Jean Girault, qui lui offre le premier rôle de son film Pouic-Pouic. Au total Girault lui offrira des rôles dans douze de ses films : les six films de la saga des gendarmes (Le Gendarme de Saint-Tropez, Le Gendarme à New-York, Le Gendarme se marie, Le Gendarme en balade, Le Gendarme et les extra-terrestres et Le Gendarme et les Gendarmettes) mais aussi dans les films Faites sauter la banque, Les Grandes Vacances, Jo, L'Avare et La Soupe aux choux.C'est d'ailleurs Le Gendarme de Saint-Tropez qui va en faire l'acteur comique incontournable de l'époque mais également l'un des acteurs le mieux payé du cinéma français. Il enchaîne avec un autre succès, Fantômas, de André Hunebelle, dans lequel il incarne le commissaire Juve face à Jean Marais et Mylène Demongeot. Le film sera suivi de deux autres volets : Fantômas se déchaîne et Fantômas contre Scotland Yard.En 1965 il retrouve Bourvil pour Le Corniaud de Gérard Oury puis joue l'année suivante dans Le Grand Restaurant. Mais en 1966 Louis de Funès tourne ce qui restera comme son plus gros succès, La Grande Vadrouille, toujours avec Bourvil et sous la houlette de Gérard Oury. Il est alors au sommet de sa carrière, son personnage irascible, autoritaire et hyper actif est lui aussi à son apogée, et il faut bien avouer qu'avec Bourvil dans son rôle de français moyen un peu benêt, ils font la paire. La Grande Vadrouille détiendra d'ailleurs longtemps le record d'entrées en salle avec 17 millions de spectateurs. Il n'est détrôné qu'en 1998 par le film Titanic de James Cameron, mais il faut attendre 2008 pour qu'un film français batte ce record. Ce film c'est Bienvenue chez les Ch'tis.
De Funès devient Rabbi Jacob
Louis de Funès continue ensuite d'enchaîner les films en tant que tête d'affiche (Le Petit Baigneur, Le Tatoué, Hibernatus, L'homme Orchestre, Sur un arbre perché). D'ailleurs, la plupart du temps, les films sont construits autour de son personnage. Les spectateurs ne vont plus voir tel ou tel film, ils vont voir Louis de Funès.En 1971, Gérard Oury veut une nouvelle fois réunir Bourvil et de Funès pour La Folie des Grandeurs, mais la mort de Bourvil enterre le projet jusqu'à ce que Simone Signoret suggère Yves Montand pour le remplacer. En 1973, Oury lui offre le rôle de Victor Pivert dans Les Aventures de Rabbi Jacob. Il interprète alors un industriel quelque peu antisémite, du moins plein de préjugés sur les juifs, qui se retrouve malgré lui dans une fête juive. "Mais vous êtes juif Salomon ?", adressé à son chauffeur interprété par Henri Guybet, restera comme une des répliques les plus cultes du cinéma français.Il refait ensuite de nouveau un passage par le théâtre et ne revient au cinéma qu'en 1976, pour L'Aile ou la cuisse de Claude Zidi, qu'il retrouve deux ans plus tard pour La Zizanie. En 1980, il adapte avec Jean Girault L'Avare de Molière pour le cinéma puis retrouve Girault pour La Soupe aux choux et Le gendarme et les gendarmettes, qui sera son dernier film.
Disparition et hommage
Car Louis de Funès commence à avoir une santé qui décline. En 1975 déjà il est victime d'un infarctus. C'est d'ailleurs l'époque où de Funès ralentit le rythme des tournages. Mais le 27 juillet 1983, un nouvel infarctus lui est fatal. Il est enterré le 29 juillet 1983 au cimetière du Cellier, en Loire-Atlantique, là où il possédait un château hérité par sa femme en 1967.En 1983, le film Papy fait de la résistance dans lequel il devait interpréter Papy, lui est dédié. C'est Michel Galabru, son comparse des Gendarmes qui le remplace au pied levé.Mais qu'on se le dise, si les films de Louis de Funès sont aujourd'hui devenus cultes, ils étaient la plupart du temps descendus par la critique lors de leurs sorties en salles. Trop popu, trop énergique, trop de mimiques, Louis de Funès n'a pas eu de son vivant la reconnaissance de la presse, ni les honneurs de sa profession. Pour 140 films, il n'a reçu que très peu de récompenses, tout juste un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 1980.
Louis devient une idole sur le tard
C'est après coup, grâce aux rediffusions télévisées de ses films, qu'il a su s'imposer auprès de la jeune génération, jeune génération qui lui voue un culte qu'il n'a malheureusement pas connu de son vivant. Si ses contemporains l'appréciaient comme acteur, nombreux de ceux qui le vénèrent sont nés après sa mort. Mais c'est aussi cela qui en font un phénomène. Pas un français n'a pas vu au moins un film de de Funès, petits et grands, et ce 30 ans après sa mort. Mais de Funès était aussi réputé pour avoir un caractère difficile, lors des tournages, mais également dans la vie. Perfectionniste à outrance, il ne tolérait ni l'erreur ni l'approximation. Ceci explique la minutie avec laquelle ce passionné de jardinage entretenait son jardin. Voilà une chose qui aurait fait plaisir à Voltaire, dont il a mis certains textes en musique. Car ce qui est moins connu, c'est qu'il a également sorti de nombreux albums durant sa carrière.