La Meilleure façon de marcher de Claude Miller
Splendor Films, LCJ Editions et Productions, Filmoblic, Les Films de la Boissière, Contrechamp

Le premier film de Claude Miller est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma », présenté par Dominique Besnehard, sur France 5.

Un film pour une large part autobiographique

La Meilleure façon de marcher met en scène les relations troubles et cruelles entre deux moniteurs de colonie de vacances, au cœur de l’été 1960. Et il marque une date importante dans l’histoire du cinéma français puisqu’il s’agit du tout premier long métrage réalisé par Claude Miller, entré dans le septième art comme assistant de Marcel Carné (Trois chambres à Manhattan), Michel Deville (Martin soldat), Jean- Luc Godard (Week-end) et surtout François Truffaut dont il deviendra aussi le directeur de production.  L’idée naît chez lui en lisant une interview où Ingmar Bergman parle d’humiliation, qui le renvoie à ses propres souvenirs d’adolescent dans une colonie de vacances. Et il développe cette histoire en compagnie de Luc Béraud qui l’accompagnera fidèlement sur Dîtes- lui que je l’aime en 1977, L’Effrontée en 1985, La Petite voleuse en 1989 et L’Accompagnatrice en 1992.

L’un des films préférés de Patrick Dewaere

Patrick Dewaere l’a souvent répété : La Meilleure façon de marcher était son film préféré avec le Série Noire d’Alain Corneau. Pourtant, ce n’était pas à lui mais à Philippe Léotard que Claude Miller pense de prime abord pour incarner Marc, le moniteur grande gueule, sportif et macho de son premier long métrage. Et c’est en partant à la recherche de celui qui allait camper son souffre- douleur, Philippe va changer son fusil d’épaule. La réalisatrice Juliet Berto lui conseille de voir Patrick Bouchitey qui a débuté à l’écran quatre ans plus tôt en 1972 dans Les Caïds de Robert Enrico et qu’elle a adoré au théâtre dans Vol au- dessus d’un nid de coucou. Miller va le rencontrer et Bouchitey qui collectionne les bobines de ses auditions lui projette celles des Caïds où on le voit avec celui qu’il avait battu pour avoir le rôle : Patrick Dewaere ! Et non content d’être choisi, Bouchitey pousse Miller à faire passe son scénario à Dewaere qui accepte d’emblée le rôle de Marc, enthousiaste à l’idée de camper un personnage antipathique. C’est aussi lui qui soufflera à Miller pour un second rôle Michel Blanc (jusque là uniquement aperçu sur grand écran dans Les Filles de Malemort de Daniel Daert et Que le fête commence ! de Bertrand Tavernier) qu’il avait repéré sur scène au cœur de la bande du Splendid.

Un film sauvé par Claude Berri

Une fois le tournage terminé, même si Patrick Dewaere a accepté de tourner gratuitement, Claude Miller n’a plus l’argent nécessaire pour monter son film. Mais le très influent agent (et futur producteur) Jean- Louis Livi qui avait énormément ses trois courts métrages décident de lui donner un coup de main salvateur. Il paye à Miller une salle de montage pour qu’il puisse confectionner une bande- annonce qu’il se charge de montrer à Claude Berri, le patron d’AMLF, le champion français de la distribution à cette époque. Berri adore la bande- annonce… un peu trompeuse car il pense avoir à faire affaire à une comédie. Mais l’essentiel est acquis : il dit banco. Miller peut terminer La Meilleure façon de marcher et l’investissement ne sera pas mauvais : le film réunit près de 450 000 spectateurs et décroche le César de la meilleure photographie grâce à Bruno Nuytten (qui reçoit aussi ce prix pour Barocco d’André Téchiné).


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