Une version de 4 heures qu’on ne verra peut-être jamais.
Le directeur de la photographie Roger Deakins est comme nous : il adore se lamenter sur le fait que la mythique version de 4 heures de L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford reste invisible. Ce sublime western élégiaque d’Andrew Dominik avec Brad Pitt, boudé à sa sortie en 2007 mais jouissant depuis d’un culte tenace, avait en effet été charcuté par son réalisateur à la demande de la Warner. Les fans du film adorent depuis fantasmer sur les différentes versions du film – on parle notamment d’un montage long de 3h15 et d’un autre, donc, d’une durée de 4 heures.
Roger Deakins, le chef op’ du film, vient à nouveau d’évoquer cette version dans son podcast Team Deakins (relayé par ThePlaylist) : "Il y avait une version de quatre heures que j’avais vraiment adorée. J’ai lu quelque part qu’elle avait été montré au festival de Venise mais elle n’existe plus aujourd’hui et c’est regrettable. Le problème du studio était qu’ils pensaient qu’il y aurait plus d’attaques de train, et que Brad Pitt serait un bandit de western plus traditionnel. Mais quand Brad était tué, et que le film se concentrait sur Robert Ford… sur la manière dont celui-ci ne fut pas du tout glorifié comme il l’espérait… Bien sûr, personne ne voulait voir ça."
Les meilleurs westerns du 21ème siècleEt Roger Deakins de lister certains éléments qui ne figurent pas dans la version cinéma de 2h40 : les échecs sentimentaux de Robert Ford, l’enterrement de Jesse James, les visites de sa ferme que son frère Frank James (Sam Shepard) organisait pour les touristes, la tentative d’assassinat de la femme de Jesse (Mary-Louise Parker)… "Nous avons tourné toutes ces scènes, explique Deakins. Je trouvais que ça formait une formidable fresque autour des événements qui arrivent aux personnages qui étaient présentés dans la première partie du film."
A noter qu’Andrew Dominik botte en général en touche quand on lui demande de parler de ces fameuses scènes coupées : "Elles étaient super. Mais elles ne sont plus là", s’était-il contenté de dire lors d’une projection du film au Museum of Moving Image de New York il y a quelques années. Précisant dans la foulée que, même s’il est satisfait du résultat et qu’il comprend l’attitude de la Warner, regarder son film est une souffrance, parce qu’il ne peut pas s’empêcher de penser à toutes les séquences qu’il a dû sacrifier. Alors que la sortie de ce director’s cut fantasmatique semble franchement improbable (ni Dominik ni Deakins n'ont l'air d'y croire), on se réjouit à l’idée de découvrir dans les prochains mois, sur Netflix, le quatrième film d’Andrew Dominik, Blonde, adaptation du livre de Joyce Carol Oates sur Marilyn Monroe, avec Ana de Armas. Et on rêve déjà de connaître la durée du premier montage…
Commentaires