Guy Alex Lutz
Apollo Films

Un faux documentaire hilarant sur une vieille gloire de la variété française se transforme en mélo filial bouleversant. Inouï.

On peut être sûrs que les anglophones rangeront Guy dans la catégorie "mockumentary", ce terme qui désigne tout faux documentaire. Littéralement : un documentaire qui se moque. A première vue, c'est complètement le programme de Guy. Un docu bidon où Alex Lutz, maquillé comme Benjamin Button, incarne une ancienne gloire de la chanson française des années 60-70 suivi par un jeune documentariste qui est son fils caché... Une sorte de Podium caméra à l'épaule ? Pas du tout, en fait. Avec un sujet pareil, Guy aurait pu n’être qu’une comédie pouêt-pouêt avec son titre en lettres jaunes sur fond bleu, un duo vieil acteur/jeune comique prometteur et des blagues gentiment scato. Mais non. Lutz ne sacrifie rien à la facilité. Le film adopte le point de vue (littéral puisqu'on voit à travers sa caméra) de Gauthier, un jeune cinéaste parti filmer un chanteur de variétés nommé Guy Jamet, dont sa mère était dingue et qui est donc, peut-être, son père caché.

Star 70

Dès l'ouverture (la rencontre face caméra de Guy et Gauthier), on est frappé de voir à quel point Lutz incarne avec une aisance stupéfiante -malgré, ou à cause de son maquillage extraordinaire- son personnage, sorte de mélange de Jacques Dutronc et Philippe Labro : la moindre réplique de Guy, dragueur clopeur autoritaire et désabusé de 70 piges, laisse transpirer tout un monde de regrets, de fatigue, de stardom usée jusqu'à la corde. Ne vous en faites pas, on rit dans Guy. On rigole souvent et énormément grâce à des vannes bien senties sur l'inoxydable monde culturel français (où l'on fait sa promo chez Europe 1 et Michel Drucker), mais à l'arrivée la promesse du mélo est parfaitement tenue, et l'émotion nous cueille à des moments incroyables (on retient son souffle pendant une reprise de Je reviendrai à Montréal de Robert Charlebois en live, qui l'eût cru). Pas un mockumentary, ça non. C'est du rire sans moquerie, du mélo sans la guimauve, de la parodie sans la beauferie. Et ce sont des chansons qui sont prêtes à rester à jamais dans la tête. En parvenant comme par miracle à cocher le maximum de cases, Guy est bien mieux qu'un tube de l'été. C'est un best of.

Sylvestre Picard

Bande-annonce de Guy, qui sortira le 29 août au cinéma :